lundi 2 mars 2020 - par maQiavel

Erdogan menace : « Bientôt, des millions de migrants afflueront vers l’Europe »

Le Président turc a déclaré que l'Europe « prendra sa part du fardeau » en évoquant les frontières de son pays avec l'Europe que la Turquie a ouvertes dans la nuit du 27 au 28 février, après la mort de 33 soldats turcs en Syrie rapporte le journal Hürriyet

Voici un résumé des événements qui conduiront peut-être à une nouvelle crise des réfugiés :

Cela fait des mois que les forces loyales au gouvernement syrien, appuyées par l’aviation russe, ont intensifié leur offensive sur Idlib. La Turquie qui dispose de 12 postes d’observation dans la province d’Idlib, était, semble-t-il, prête à accepter la reprise d’une partie de la province d’Idlib par les forces loyalistes mais ne peut pas accepter que la totalité de la province tombe entre les mains de Damas, non seulement parce qu’il perdrait une carte importante dans sa politique syrienne, mais aussi parce que la population déplacée n’a d’autre choix que de se diriger vers la frontière turque, alors que la Turquie accueille déjà sur son sol 3,5 millions de réfugiés syriens qu’elle cherche à relocaliser en Syrie. Le président turc a évoqué le 3 février le chiffre d’un million de déplacés se dirigeant vers la frontière turque pour échapper à l’offensive. Ankara a donc accusé Moscou de ne pas respecter les accords conclus entre les deux pays pour éviter une escalade. De son coté, Moscou a reproché à Ankara de ne pas avoir respecté ses engagements, notamment de ne paz avoir dissocié les terroristes de l'opposition armée, prête à dialoguer avec le gouvernement dans le cadre d’un processus politique. De fait, ce sont les djihadistes de Hayat Tahrir Al-Cham ((anciennement connu sous le nom de Front al-Nosra, branche syrienne d’Al-Qaïda) qui dominent plus de la moitié de la province d’Idlib et des secteurs attenants dans celles d’Alep, de Hama et de Lattaquié.

L’avancée des troupes syriennes paralyse Ankara dans la mesure où plusieurs de ses postes militaires se retrouvent encerclés. Prétextant vouloir se porter au secours de ses forces assiégées, l’armée turque a dépêché sur place des renforts en hommes et en matériel. Dès le 30 janvier, des unités turques blindées y ont été déployées. La présence militaire turque a été rapidement multipliée par dix en quelques semaines. Ankara a donné au gouvernement de Bachar el-Assad jusqu’à la fin du mois de février pour faire reculer ses troupes aux lignes définies lors des accords de Sotchi. « La bataille pour la libération des provinces d’Alep et d’Idlib se poursuit, indépendamment des discours criards vides qui viennent du nord », a lancé le président Assad, en guise de réponse à l’ultimatum de la Turquie voisine.

De nombreux combats ont eu lieu, les troupes turques et les rebelles pro-turcs ont perdu près d’une centaine d’unités de véhicules blindés, écrasés par l’aviation militaire russe et syrienne. Des combattants du groupe Hayat Tahrir al-Cham ont lancé le 27 février une attaque contre les positions des forces gouvernementales syriennes. Ces dernières ont riposté, tuant 33 soldats turcs ( les frappes ont d’abord été attribuées à la Russie avant d’être imputées à Damas). Après un revers aussi sévère, le président turc Recep Tayyip Erdogan se retrouve dos au mur et se tourne vers ses alliés occidentaux, entre menaces et appels à l’aide.

Les appels à l’aide : Ankara avait qualifié les faits d’« attaque » contre l’Otan, sollicitant des consultations au niveau des ambassadeurs des pays membres de l’Alliance. Ankara a appelé la communauté internationale à mettre en place une zone d’exclusion aérienne dans la région d’Idlib. Le président Erdogan a également demandé aux Etats-Unis de déployer des missiles Patriot à la frontière avec la Syrie.

Les menaces : la Turquie a actionné son ultime moyen de pression sur les Européens : déclencher un afflux massif de réfugiés syriens vers l’Europe. Ces menaces proférées dès jeudi soir, à la suite d’un conseil de sécurité extraordinaire présidé par M. Erdogan, ont été réitérées vendredi. Dans le même temps, les médias turcs, largement contrôlés par le pouvoir, diffusaient des images non vérifiées montrant des groupes de Syriens, des Irakiens et des Pakistanais avançant en courant vers ce qui était présenté comme la frontière grecque. « Nous ne retiendrons plus ceux qui veulent se rendre en Europe », a déclaré vendredi matin un officiel turc cité par l’Agence France-presse sous couvert d’anonymat. La police, les gardes-côtes et les gardes-frontières auraient reçu l’ordre de ne pas empêcher les réfugiés d’atteindre l’Europe par voie terrestre ou maritime. Ouvrir les portes de l’Europe aux migrants est une menace récurrente d’Ankara, qui touche un point sensible. L’Europe vit dans la crainte d’une nouvelle crise migratoire, après celle de 2015 qui avait vu un million de Syriens affluer sur le continent. Samedi soir, l'ONU avait chiffré à au moins 13.000 le nombre de migrants massés le long de la frontière entre la Grèce et la Turquie. L'Union européenne a exprimé samedi sa "préoccupation", se disant prête à fournir une aide supplémentaire à la Grèce et à la Bulgarie, frontalières de la Turquie, qui se sont barricadées. La Turquie attend des propositions concrètes de la part de la France et de l’Europe pour résoudre la question des réfugiés syriens, a indiqué le président Erdogan.

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Après le décès de ses 33 soldats, la Turquie a annoncé le début de frappes aériennes et terrestres contre les troupes syriennes. L’armée turque affirme que les attaques menées depuis en représailles prenaient le nom de « l’opération Bouclier de printemps » et avaient pour but de « mettre fin aux massacres du régime et empêcher une vague migratoire ». Ce dimanche 1er mars, deux avions Soukhoi Su-24 syriens ont été abattus par un F16 de l’armée turque dans les zones tenues par Damas.

Résultat de recherche d'images pour "F 16 Sukhoi 24"

Le chef du Centre russe pour la réconciliation des parties en conflit en Syrie a ensuite fait savoir que la sécurité des avions turcs ne peut pas être garantie par les forces armées russes dans le ciel au-dessus de la zone d’Idlib. En outre, six drones appartenant à l’armée turque ont été abattus par les systèmes de défense aérienne syrienne selon le ministère syrien de la Défense.

De son côté, le département d’État américain a déclaré son soutien à la Turquie. Un groupe aéronaval de la Marine américaine, dirigé par le porte-avions USS Dwight D. Eisenhower (CVN-69), est entré le 29 février en mer Méditerranée par le détroit de Gibraltar, indique le site Web Marine Traffic, lequel permet de suivre en direct le trafic maritime à travers le monde. La Marine américaine indique sur son site que le groupe mène une opération pour assurer la sécurité maritime dans les eaux internationales. Un sénateur russe, Alexeï Pouchkov, a commenté cette démarche des États-Unis sur son compte Twitter et selon lui, le porte-avions américain qui navigue en direction de la Syrie est un signe de « soutien à la Turquie ». Il a par ailleurs rappelé que l’ancien ambassadeur des États-Unis à Moscou, Jon Huntsman, avait qualifié ce porte-avions de « cent mille tonnes de diplomatie ».

Résultat de recherche d'images pour "USS Dwight D. Eisenhower"

 

Sur fond d’aggravation de la situation à Idlib en Syrie, deux frégates russes Amiral Makarov et Amiral Grigorovitch dotées d’armes de précision – des systèmes de missiles Kalibr-NK – se sont rendus en Méditerranée par les détroits turcs du Bosphore et des Dardanelles. Les deux frégates effectuent une traversée planifiée de Sébastopol vers la haute mer où elles intègreront le groupe permanent de la Marine en Méditerranée", a précisé le porte-parole, Alexeï Roulev. Il n'a pas précisé dans quelle zone les frégates se rendent mais les navires effectuant cette route soutiennent en général l'effort de guerre russe en Syrie. Selon l’ancien commandant de la Flotte russe de la Baltique Vladimir Valouïev, l’arrivée des frégates russes a pour mission d’assurer l’équilibre des forces. Il estime par ailleurs que les frégates peuvent utiliser leurs missiles pour protéger les positions russes en Syrie.

 

Sources : 

-RT

-France 24 

-Le Monde

-Sputnik 



213 réactions


    • yoananda2 9 mars 2020 16:33

      @Gollum
      je suis en train de regarder d’autres vidéo du "docteur angélique", et bien c’est simple, on retombe sur la baratinologie habituelle des JIC (judéo-islamo-chrétiens) puisque toute leur foi est basée sur ces textes bancals.
      Tu te doutes qu’en tant que yogi et un peu taoiste, donc, sur un chemin de développement "psychique"/spirituel, je ne peux me contenter de ce genre de métaphysique qui s’apparente plus à "croire au père noël" qu’à autre chose.


    • yoananda2 9 mars 2020 17:40

      @Gollum
      notes que tu as la même chose avec l’islam et la théorie de Shahrour qui vise à couper le Coran en 2, d’une part la partie "métaphysique" absolue, et d’autre part la partie "historique" contextualisable (et hop la charia à la poubelle parce qu’elle pose problème de toute manière).
      En gros, ils font pareil, repli sur un près-carré réduit sous le coup de boutoir de la science (l’islamologie en l’occurrence, cf la vidéo que j’ai postée à ce sujet récemment qui résume les travaux).
      Puisque la "tradition musulmane" ne tient pas la route, alors, plutôt que de tout jeter, on dit "ha oui merci, donc en fait, le Coran parle du monde divin et du monde humain", un peu comme font les cathos avec leur 5 piliers dogmatiques.
      Même tentative (ridicule dans le fond mais comprehensible) pour sauver les meubles : Shahrour 1400 ans après la révélation est le gus qui parvient enfin à comprendre le Coran correctement (c’est ballot pour tous ceux qui ont précédé), mieux que les contemporains du prophète et ses descendants directs, grâce à une lecture "scientifique" ! lol

      La baratinologie n’a pas de limite.

      Les "non-mystiques" en sont réduits à batailler avec des livres obscurs qui ne contiennent aucun enseignement pratique pour se faire une idée de "l’autre monde" au lieu d’apprendre à ouvrir les yeux.
      Ce sont des aveugles qui veulent apprendre le braille à des voyants.
      Pareil pour les chrétiens.


    • Gollum Gollum 9 mars 2020 17:49

      @yoananda2

      Oui pour l’islam c’est pareil, tentatives de se raccrocher aux branches...

      Ce sont des aveugles qui veulent apprendre le braille à des voyants.

      Excellent, c’est tout à fait ça. Avec souvent un petit côté supérieur car ils ont trouvé la voie.. la vérité ultime..

      Ils n’ont rien trouvé du tout en fait m’enfin bon..

      Pour le gars de la vidéo je le connaissais déjà, l’illustrissime Jean Robin l’avait égratigné ici même, le traitant même d’efféminé (sympa le mec..) en toute charité chrétienne et calviniste cela va de soi.. smiley


    • Laconicus Laconicus 10 mars 2020 10:12

      @guepe

      Que seraient des envahisseurs ? 


    • maQiavel maQiavel 10 mars 2020 17:56

      @guepe

      « Les migrants ne sont pas des envahisseurs ».

      ------> Et là, on peut te sortir le dictionnaire pour te mettre en tort. Ça me rappelle l’année passée, lorsque des GJ ont saccagé le Fouquet’s et que des journalistes étaient vent debout contre cette « violence ». Un ancien intervenant au pseudonyme de Belenos avait fait un post que j’avais trouvé très intelligent vis-à-vis de l’utilisation du mot violence  : « nous ne devons pas appeler du même nom ou ranger dans la même catégorie la "destruction" d’un bien matériel et la "violence" touchant à l’intégrité corporelle, en particulier quand la conséquence est irrémédiable (handicap, cicatrice et bien sur décès). Tout ça est mélangé pour former un bouillie que nous servent constamment les médias. Refusons cette confusion. Dans le contexte actuel, appelons "destruction" ce qui concerne les objets (même si on veut condamner cela) ; et "violence" seulement ce qui touche physiquement les personnes en blessant leur corps  ». 

      Il avait même qualifié cette utilisation du mot violence d’ « erreur sémantique importante ». J’étais d’accord avec lui mais je lui avais aussi fait remarquer que détruire un objet répond aussi à la définition de la violence tel qu’elle est décrite dans le dictionnaire et que donc on pourrait lui en sortir un pour lui répondre qu’il avait factuellement tort. Et il m’a répondu que dans le contexte du traitement de l’information de ces événements, il fallait refuser de faire cette confusion qu’il est allé jusqu’à qualifier d’odieuse. Et j’étais encore d’accord avec ça, les définitions du dictionnaire sont importantes mais elles ne suffisent pas, il faut savoir remettre les mots dans leur contexte.

      Cette logique, je l’applique aussi ici : nous ne devons pas appeler du même nom ou ranger dans la même catégorie une armée d’invasion qui tente de conquérir un pays et des civils qui demandent à être accueilli dans des pays étrangers ( même si on veut condamner ça), particulièrement dans le contexte d’une propagande qui mélange bien les deux pour former une bouillie que nous servent constamment ceux qui se prétendent identitaires, cette confusion est odieuse.

      Tiens, je me demande bien ce qu’il devient le Belenos. smiley


    • Laconicus Laconicus 10 mars 2020 18:09

      @guepe
      "j ai déjà dit que j’étais contre l’accueil des migrants"

      Faites-vous une distinction sémantique entre les "migrants" et les "réfugiés" comme l’UNHCR ?
      https://www.unhcr.org/fr/news/stories/2016/7/55e45d87c/point-vue-hcr-refugie-migrant-mot-juste.html

      (Je ne vous demande pas si cette distinction est facile à effectuer sur le terrain, ceci étant une autre question.)


    • Laconicus Laconicus 10 mars 2020 20:25

      Il y a deux éléments de réflexion qui sont mal posés et qui viennent semer la confusion dans cette discussion :

       1) Le racisme => Le choix d’accueillir ou non des "migrants" a très peu de rapport avec le racisme, quel que soit d’ailleurs le sens que l’on donne exactement à ce terme. Des réactions racistes peuvent se manifester de manière collatérale mais ce n’est pas le problème initial. Mettre l’accent sur un racisme anti-migrants n’est pas plus pertinent ici que ne le serait, par exemple, le fait de traiter le problème du coronavirus COVID-19 sous l’angle d’un racisme anti-chinois (prouver qu’il y existe bien un racisme chinois en France ne guérira aucun malade). Dans les deux cas, un psychologisme malvenu ne ferait que nous éloigner d’une approche réaliste et pragmatique du problème.

       2) La politesse et l’empathie => Il vaut mieux toujours se comporter de manière aimable et bien entendu jamais de manière inhumaine avec qui que ce soit, mais là encore ce n’est pas le sujet. Le problème initial n’est pas le manque d’éducation ou d’humanité des Grecs et on n’arrivera à rien en prenant les choses sous cet angle. Certes il faut éviter autant que possible les comportements violents de part et d’autre, mais là encore, les approches psychologisantes n’apportent aucune solution. Donc, encore une fois, le problème est politique, pas psychologique.

      Par conséquent, nos débats ici devraient aussi être politiques et non des diversions psychologiques. 


    • Laconicus Laconicus 10 mars 2020 20:44

      (Il fallait bien sûr comprendre : "prouver qu’il existe bien un racisme anti-chinois en France...")


    • Laconicus Laconicus 11 mars 2020 01:44

      @guepe

      Quelqu’un a-t-il proposé ici de recourir à des actions meurtrières contre les migrants, comme par exemple de couler leurs bateaux et donc de les tuer par noyade si je vous comprends bien. Qui donc ? 


    • Laconicus Laconicus 11 mars 2020 02:12

      @guepe
      "Que les immigrationnistes en Grèce soit minoritaire ne change en rien le fait que tous les Grecs ne sont pas opposés à l’accueil des migrants."

      Une large majorité est politiquement significative. Il n’existe d’ailleurs aucun choix politique pouvant obtenir 100 % d’adhésion dans un pays de près de 11 millions d’habitants. Donc à quoi vous sert-il de faire remarquer que "tous les Grecs ne sont pas..." ? Non, certes, pas tous. Et alors ?


  • Laconicus Laconicus 8 mars 2020 19:53

    Le problème des Grecs, comme celui des Français, est l’absence de souveraineté couplée à l’absence de démocratie. Si les déclarations de guerre ou l’accueil de populations étrangères étaient décidés par les peuples grâce à des procédés effectivement démocratiques (fondés sur l’organisation méthodique de débats publics), de nombreuses disputes stériles seraient évitées. Non pas que la souveraineté et la démocratie suffisent à éviter les erreurs ou à transformer une société en paradis terrestre, mais elles permettent au moins de tirer des leçons de ses erreurs et de savoir pourquoi il est parfois nécessaire de se battre. 

    Cependant, des théoriciens aux commandes ont cru bon, il y a quelques décennies, d’inventer une Union Européenne de papier qui ne correspond en réalité à aucune conscience politique européenne. Ne sachant pas concrètement en quoi consisterait cette nouvelle Europe unifiée qu’il fallait faire à tout prix "parce que c’était moderne" et "parce que c’est notre projeééééé !!", les technocrates ont eu l’idée très intelligente de commencer par détruire rapidement les nations qui composaient l’ancienne Europe et qui s’étaient constituées sur plusieurs siècles ou plusieurs millénaires. Tout en désespérant la plus grande partie des populations par l’appauvrissement et l’humiliation. Nous nous retrouvons ainsi dans la situation d’équipages de plusieurs navires que leurs capitaines auraient entrepris de tous désosser sur une mer tumultueuse dans l’idée de construire un magnifique bateau commun géant qui pourrait théoriquement résister à tous les orages et toutes les batailles. Le résultat ? Nous voilà tous à la flotte sur des radeaux d’infortune ou accrochés à des planches. Bref, ce sont les anciens peuples européens qui sont les migrants perdus en quête de cette nouvelle Terre promise d’Europe. 


    • yoananda2 8 mars 2020 20:51

      @Laconicus
      je trouve que tu ne penses pas beaucoup printemps toi avec ton histoire de mer tumul-tueuse, surtout tumul.


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