TRUMP 2.0 : retour de l’empire guerrier ou chute finale ? | Laurent Henninger | GPTV
Le 25 janvier à 19h, Laurent Henninger est l’invité de Nicolas Stoquer dans Le Monde Réel, sur la chaîne YouTube de Géopolitique Profonde !
Laurent Henninger, historien, est chargé d’études à la Revue « Défense Nationale » . Il est membre du comité de rédaction de Guerres et Histoire , et a collaboré au Dictionnaire de stratégie.
Une société fracturée et en décomposition
Les États-Unis ne parviennent plus à masquer leur déclin interne. La société américaine est profondément fragmentée, rongée par des crises identitaires et idéologiques qui paralysent le pays. Le mouvement woke a transformé les débats en champs de bataille, où chaque sujet devient l’occasion d’une confrontation violente. Cette polarisation n’a jamais été aussi profonde, au point de rendre impossible tout consensus au sein des institutions.
Les inégalités sociales atteignent des sommets inédits. Les élites monopolisent les ressources essentielles, tandis que la majorité de la population s’enfonce dans la précarité. L’exemple des incendies de Los Angeles illustre parfaitement cette réalité. Lorsque des sociétés privées de pompiers se consacrent exclusivement à la protection des propriétés des ultra-riches, cela révèle l’échec total d’un modèle qui privilégie les puissants au détriment du collectif.
La décomposition touche également l’économie. La dette publique explose, les infrastructures s’effondrent et la classe moyenne, autrefois pilier de la prospérité américaine, disparaît progressivement. Le modèle américain s’effondre sous le poids de ses propres contradictions, et il ne fait aucun doute que l’Amérique n’est plus le phare qu’elle prétend être pour le monde.
Donald Trump accélère la rupture avec le système
Donald Trump incarne le chaos. Il ne revient pas sur la scène politique pour rétablir l’ordre, mais pour dynamiter ce qui reste du système. Il s’est aguerri après son premier mandat, développant une stratégie encore plus audacieuse et brutale. Avec des alliés comme Tulsi Gabbard et Robert Kennedy Jr., il propose une alternative radicale qui s’oppose frontalement aux élites traditionnelles.
Son retour marque l’intensification d’une guerre culturelle sans merci. Trump s’attaque frontalement aux idéologies progressistes responsables de la déchéance de l’Amérique. Sa croisade contre le mouvement woke dépasse les frontières américaines. Ses victoires dans ce domaine affaibliront inévitablement les élites progressistes en Europe, où des tensions similaires sont déjà palpables.
Sur le plan international, Trump refuse toute illusion d’alliance. Les Européens, qu’il considère comme des vassaux incapables de défendre leurs propres intérêts, ne peuvent compter sur lui que pour des collaborations opportunistes. Trump agit avec froideur et calcul, ne voyant dans les alliances qu’un outil pour servir l’Amérique. Soutenir un dirigeant comme Emmanuel Macron ou Ursula von der Leyen n’a pour lui d’intérêt que si cela renforce la puissance américaine. Toute autre vision est une erreur d’analyse.
Une géopolitique brutale et purement américaine
Sur la scène internationale, Trump applique une politique étrangère sans concessions, uniquement tournée vers des gains immédiats pour les États-Unis. Contrairement à ses prédécesseurs, il ne s’embarrasse pas de moralité ou de vision à long terme. Il agit étape par étape, cherchant à maximiser l’avantage américain à chaque instant.
Face à la Russie, il adopte une posture pragmatique. Trump pourrait chercher à geler le conflit en Ukraine avec un accord partiel, mais jamais au détriment des intérêts russes fondamentaux. Contrairement aux démocrates qui cherchent à affaiblir la Russie coûte que coûte, Trump comprend que la question de l’identité russe est intouchable. Ce réalisme pourrait apaiser certaines tensions tout en consolidant la position des États-Unis dans la région.
Au Moyen-Orient, Trump pourrait relancer les accords d’Abraham. Stabiliser la région serait avant tout un moyen de renforcer la sécurité d’Israël et de garantir les intérêts américains dans cette zone stratégique. Mais aucune de ces initiatives n’est motivée par un quelconque souci d’altruisme. Trump ne prend des décisions qu’en fonction des bénéfices qu’elles apportent directement à l’Amérique.
Les Européens, face à cette réalité, doivent enfin admettre que l’Amérique ne sera jamais un allié bienveillant. Les élites européennes, depuis des décennies, adoptent une posture de dépendance et d’alignement systématique sur les décisions de Washington. Cette faiblesse structurelle est devenue intenable. Continuer à espérer qu’un président américain défende les intérêts européens est une erreur fatale qui maintient l’Europe dans un état de vassalité.
L’avenir de l’Europe ne passe plus par une soumission au leadership américain, mais par une autonomie stratégique réelle. Face à une Amérique de plus en plus imprévisible et égoïste, les Européens doivent se libérer de leur dépendance.