Quels sont les risques de recombinaison virale avec les vaccins génétiques ? par Christian Vélot
Docteur en biologie, maître de conférence en génétique moléculaire à l'Université Paris Sud et membre du conseil scientifique du CRIIGEN (Comité de Recherche et d’Information Indépendantes sur le génie Génétique), Christian Vélot a tenu à sensibiliser ses concitoyens au mois de décembre dernier sur les risques potentiels que la distribution massive de ces nouveaux vaccins dits 'génétiques' pouvait faire courir à l'ensemble des populations quant à d'éventuelles recombinaisons virales au sein de l'organisme.
C'est au-travers d'une vidéo particulièrement claire et didactique que Christian Vélot a tenu à expliquer (ou à rappeler pour les initiés en biologie moléculaire) certaines notions de base telles que la fonction d'un ADN, d'un ARNm, d'une protéine et d'un virus ainsi que le principe d'un vaccin avec ses différentes applications possibles. Tant et si bien que n'importe qui n'ayant pas une formation scientifique peut parfaitement en comprendre les principes et se faire une idée des risques éventuels.
En cette période mouvementée où les informations partent un peu dans tous les sens, il est utile, voire indispensable, de bien s'informer et ce genre de vidéo le permet parfaitement.
Définitions pratiques :
- L'ADN (= Acide désoxyribonucléique) est une macromolécule se trouvant dans le noyau de nos cellules ainsi que dans certains virus. L'ADN constitue l'ensemble de notre patrimoine génétique (= génome) contenant l'ensemble des informations permettant le fonctionnement de notre organisme.
- Un gène est un fragment de notre ADN qui code pour une protéine donnée. Les protéines constituent les éléments de base de développement de notre organisme.
- L'ARNm (messager) est également une macromolécule qui résulte de la transformation de notre ADN au sein du noyau cellulaire. Cette phase de transformation s'appelle la transcription.
- Une protéine est une molécule indispensable au fonctionnement, au développement et à la reproduction cellulaire. Elle résulte de la transformation de l'ARNm au sein d'une cellule. Cette phase de transformation s'appelle la traduction.
- Une transcriptase inverse est une enzyme utilisée par ce qu'on appelle des 'retrovirus' et qui transforme l'ARNm en ADN dans un mécanisme 'de transcription inversée'. Cette enzyme est également utilisée en laboratoire pour opérer ce type de tranformation.
- Un virus est un organisme extérieur pathogène qui transporte un matériel génétique qui peut être soit de l'ADN (= adénovirus) soit de l'ARNm (= Virus à ARNm) comme c'est le cas d'un coronavirus. Un virus peut être considéré comme "nu" s'il n'est constitué que d'une coque (ou capside) renfermant le matériel génétique ou "enveloppé" s'il est en plus constitué d' une enveloppe extérieure renfermant une bicouche de graisse ainsi que de protéines elles-mêmes extérieures à cette bicouche et dont la fonction consiste à "s'accrocher" à la cellule "hôte" afin de lui transmettre le matériel génétique. Dans le cas de la Covid-19 (SARS-CoV-2), la protéine en question s'appelle Spike. Le rôle d'un virus, pour se reproduire, est donc d'infecter une cellule hôte afin d'utiliser les fonctionnalités de celle-ci pour que cette cellule codifie le patrimoine génétique dudit virus en protéines.
cf schéma ci-dessous
- Un vaccin est une technique d'injection d'un agent pathogène (en l'occurrence un virus dans le cas présent) dans l'organisme afin d'activer les défenses immunitaires (= anticorps) dudit organisme de telle sorte que ses défenses immunitaires soient pleinement fonctionnelles et efficaces en cas de réelle contamination.
Il existe plusieurs types de vaccins
- Les vaccins 'classiques' consistent à injecter un virus en entier dans l'organisme. Ces vaccins sont de 2 types = on a les vaccins à "virus inactivé", c'est à dire dans lequel le virus a été rendu inactif (= soumission du virus au formol ou à des irradiations). L'avantage de ce type de vaccination étant un risque quasi nul de transmettre 'la maladie' mais l'inconvénient étant d'avoir un potentiel immunogène relativement faible. Cela concerne par exemple certains vaccins chinois actuellement. Ensuite nous avons les vaccins dits "atténués" (ou vivants) au sein desquels le virus est injecté également en entier mais toujours vivant bien que rendu 'inopérant' grâce à certaines techniques comme celles consistant à l'empêcher de se reproduire à la température du corps (37°C). Le potentiel immunogène est plus important que les vaccins à virus inactivés mais également plus risqué du fait que le virus est toujours vivant.
- Les vaccins 'à protéine recombinante' sont des vaccins à l'intérieur desquels on injecte dans l'organisme des protéines se trouvant à l'origine soit sur l'enveloppe extérieure du virus, s'il s'agit d'un virus 'enveloppé', soit sur la capside s'il s'agit d'un virus 'nu'. L'idée étant d'activer le système immunitaire de l'organisme en partant du principe que les protéines virales constituent des marqueurs de reconnaissance importants pour le système immunitaire. Pour ce faire, on activera des virus en laboratoire afin qu'ils codifient la protéine qui nous intéresse puis on isolera cette protéine afin de préparer le vaccin et pour l'injecter ensuite dans l'organisme. C'est par exemple le cas du vaccin Novavax ou du Medicago. Là aussi, ces vaccins étaient déjà utilisés avant la pandémie.
- Les vaccins 'génétiques' sont des vaccins nouveaux qui ont été spécifiquement développés dans le cadre de la COVID-19 et qui consistent à injecter tout ou partie du matériel génétique du virus dans l'organisme. Là encore il existe 2 catégories de vaccin génétique : la première catégorie concerne les vaccins qui sont conçus à partir d'un "virus à ARN messager", c'est à dire où l' on trouve de l'ARN messager autour duquel on enveloppe un vecteur à nanoparticule de graisse. C'est par exemple le cas du vaccin Pfizer. La deuxième catégorie de vaccins génétiques concerne les vaccins au sein desquels on trouve cette fois-ci de l'ADN et dont le vecteur est un adénovirus recombiné en laboratoire grâce au matériel génétique du SARS-2 qui est transformé d'ARNm en ADN puis implanté dans l'adénovirus recombiné, lequel adénovirus recombiné sera ensuite injecté dans l'organisme. On trouve dans cette seconde catégorie les vaccins Astrazeneca ou encore Spoutnik.
Et c'est donc à partir de ces derniers vaccins dits "génétiques" qu'il y a débat sur le risque de "recombinaison virale" entre le virus injecté (ADN ou ARNm) par vaccination et un autre virus de même nature qui pourrait infecter l'organisme au même moment. Alors bien sûr, nous explique Christian Vélot, pour un individu, ce risque de recombinaison est sans doute très faible, peut-être de 1/10 millions voire 1/100 millions mais si on projette maintenance ce risque à l'ensemble de la population du monde, sachant que le nombre de vaccinés se comptera en millards d'individus et compte-tenu de la contagiosité possible, là on peut effectivement se poser des questions et se dire que, sans doute, tout n'a pas été évalué...
- Synthèse protéine