lundi 11 mai 2020 - par Le Cri des Peuples

Poutine : la santé publique primera sur l’économie, refuser les soins aux plus âgés est un retour à la barbarie

Rencontre avec les chefs régionaux sur la lutte contre la propagation du coronavirus, le 28 avril 2020.

Le Président a tenu une réunion, par vidéoconférence, avec les gouverneurs des régions russes sur la lutte contre la propagation de l'infection par coronavirus.

[Au 30 avril, la Russie comptait 114 431 cas de covid-19, et 1 169 décès, soit 8 décès par million d'habitants, quand la France compte 373 décès par million d'habitants. Au niveau des tests de dépistage, on en comptait 3 700 000 pour la Russie et 724 574 pour la France.]

Source : http://en.kremlin.ru/events/president/news/63288

Traduction : lecridespeuples.fr

Transcription :

[...] Je voudrais maintenant m'adresser non plus seulement aux seuls gouverneurs des régions mais à tous les citoyens de la Russie.

Pour chacun de nous, la chose la plus précieuse est la vie, la santé de nos proches, la sécurité de nos parents et de nos enfants. Nous le ressentons de manière particulièrement vive maintenant : nous nous inquiétons pour nos familles, pour nos amis, en essayant de les protéger de cette dangereuse menace [qu'est le coronavirus].

Et pourtant, il peut sembler, et semble effectivement pour certains, que ce n'est pas si grave. Beaucoup de gens ne perçoivent pas la menace et ne la ressentent tout simplement pas. Après tout, même à Moscou, qui compte le plus grand nombre de cas —48 000 personnes—, cela ne représente que 0,4% des habitants de la capitale. Mais tout d'abord, nous parlons de la vie et de la santé de vraies personnes, et il y en a beaucoup. Et, deuxièmement, le danger que la maladie se propage davantage n'est pas passé. Il est encore très élevé.

Parmi nos proches, collègues, personnes que nous connaissons bien, il y a de plus en plus de personnes directement touchées par la maladie, infectées ou hospitalisées avec complications. Mes chers amis, je voudrais exprimer mes plus sincères condoléances à tous ceux qui ont été touchés par le chagrin, et qui vivent la perte irréparable d'un être cher.

Je comprends à quel point c'est difficile : l'amertume de la perte et le fardeau de la fatigue, de l'anxiété et de l'incertitude. Cela accable certainement et épuise psychologiquement les gens. Les problèmes matériels, financiers et domestiques s'accumulent. Et chacun de nous veut juste pouvoir souffler et dire : c'est enfin fini, tout cela est derrière nous.

Surtout quand c'est le printemps et que les journées chaudes et ensoleillées commencent non seulement au sud de la Russie, mais aussi dans l'Oural, la Sibérie et l'Extrême-Orient. Beaucoup de gens ont prévu de passer des vacances en mai à la campagne, là où c'est possible. Et bien sûr, cela devrait être fait.

Mais mes chers amis, je vous demande d'être responsables et de prendre toutes les précautions, de ne pas aller chez vos amis ou voisins, de ne pas vous rassembler en grands groupes et d'éviter les déplacements non indispensables.

Nous ne devons pas tolérer de faux pas dans la lutte contre le coronavirus. Les prochains congés de mai seront décisifs. Nous prolongeons la période d'inactivité [congés payés] et les mesures restrictives dans les régions jusqu'au 11 mai précisément pour éviter de tels faux pas.

En respectant toutes les exigences de sécurité et l'ordre d'auto-isolement, nous célébrerons toujours notre fête sacrée, le jour de la victoire. Le pays tout entier le fera ensemble, quoi qu'il arrive. Ce jour et son esprit seront à jamais dans nos cœurs.

Le 9 mai, des avions, des chasseurs et des hélicoptères modernes s'envoleront vers le ciel russe pour voler en formation en l'honneur de nos héros. Le traditionnel feu d'artifice se déroulera dans les centres-villes la nuit.

Nous commémorerons les soldats de la Grande Guerre patriotique qui ne sont plus avec nous. Et bien sûr, nous féliciterons nos anciens combattants. Même si nous ne pouvons pas les embrasser, nous trouverons l'occasion de partager quelques mots chaleureux. Avec nos enfants et petits-enfants, nous allons parcourir de vieux albums de photos de famille et leur dire ce que nous avons entendu au sujet de la guerre de la part de nos parents et de nos grands-parents. Nous chanterons des chansons comme Jour de la Victoire, Katyusha, Zemlyanka, des chansons que nous aimons et connaissons par cœur.

Tout ce que nous avons prévu pour marquer le 75e anniversaire de la Grande Victoire aura certainement lieu. Nous organiserons le défilé principal sur la Place Rouge et la marche du régiment immortel. Nous célébrerons cet anniversaire majeur une fois que nous serons certains qu'il sera complètement sûr de le faire, surtout pour nos anciens combattants.

Chers amis,

Publicité

Peut-être que c'est la première fois depuis la guerre que le monde fait face à de telles périodes difficiles. Bien sûr, nous ne pouvons pas les comparer aux épreuves de la guerre, et Dieu merci pour cela. Mais nous devons comprendre qu'aujourd'hui, nous combattons un ennemi. Nous ne pouvons pas sous-estimer sa menace pour la vie, la santé et le bien-être des gens. Nous pouvons voir l'impact de la propagation du coronavirus partout dans le monde et nous faisons tout notre possible pour l'arrêter.

Bien sûr, nos professionnels de la santé absorbent le coup principal. Ils risquent leur vie chaque jour pour sauver les autres, et ils nous exhortent tous à être prudents et à nous isoler. Ils sont vraiment en première ligne médicale. Ils se battent pour nous tous. C'est parce que leur parole a beaucoup de poids que nous réalisons l'importance critique des restrictions qui ont été introduites.

Certes, toutes les interdictions, même si elles sont justifiées, qui perturbent le cours normal de la vie sont certainement frustrantes et peuvent même mettre les gens en colère. Mais il est difficile de s'entendre lorsque l'irritation des gens se transforme en manque de respect envers les autres, avec des manifestation de vanité et des cris selon lesquels cela violerait la liberté personnelle et les droits constitutionnels.

Dans ce contexte, je voudrais expliquer à nouveau sur quoi mes décisions sont basées.

La liberté est, bien sûr, une valeur absolue dans la civilisation moderne. Je veux parler de la liberté de chaque citoyen. Mais la vie de chaque être humain est inimitable et est également une valeur absolue qui nous vient d’en haut. Et nous devons la protéger pour que les gens puissent vivre la joie, l'amour, élever des enfants et tout simplement vivre.

Permettez-moi également de rappeler un adage bien connu : la liberté de chacun est limitée par la liberté des autres. C'est un rappel très approprié pendant la pandémie. Si certaines personnes préfèrent se comporter différemment et élever leur liberté personnelle illimitée au-dessus des intérêts et des libertés des autres, alors elles menacent la vie d'autrui. Dans ce cas, la liberté devient irresponsabilité, égoïsme et, dans une certaine mesure, violence à l'égard d'autrui, et pourrait déclencher de graves problèmes.

Encore un point sur les choix éthiques et moraux auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui. Certaines personnes dans le monde en général et en Russie en particulier soutiennent qu'il est plus important de penser à l'économie et à la prospérité matérielle, ce qui est bien sûr important.

Mais qu'est-ce qui est impliqué dans ce propos ? Fondamentalement, cela implique d'aller de l'avant, en écrasant tout et tout le monde sans regarder en arrière. Cela implique essentiellement d'ignorer les risques de l'épidémie et de simplement lever les restrictions dès que possible. Et si certaines personnes tombent malades, elles seront malades et deviendront impotentes ou même mourront et c'est leur sort. Cela se résume à la survie des plus forts, à un chacun pour soi.

Nous savons par l'histoire et la littérature mondiale que dans les temps primitifs, les personnes âgées, les enfants malades et les personnes faibles étaient simplement abandonnés pour la survie de toute une tribu. Peut-être qu'il n'y avait tout simplement pas d'autre moyen de traverser cette période. Mais nous vivons au 21e siècle et je dirai tout de suite que ceux qui suggèrent de sacrifier certaines personnes aujourd'hui et de les laisser livrées à eux-mêmes ne demandent qu'un retour à la sauvagerie et à la barbarie.

 

Canard enchaîné 29 avril ehpad covid
Le Canard Enchaîné, 29 avril 2020.

 

Les légendes disent que dans l'ancienne Sparte, les bébés faibles et malformés étaient jetés dans un gouffre au pied du mont Taygète, mais la plupart des historiens et des archéologues rejettent maintenant cela comme un mythe. Pourtant, nous savons que la société spartiate opérait sur un modèle très strict. Cependant, même cela n'a pas aidé ; finalement, Sparte a perdu son statut d'État. C'est une histoire révélatrice.

Rappelons maintenant une histoire très courte, quelques pages seulement de ce récit poignant de Jack London, La Loi de la vie, qui peut vraiment nous tirer des larmes. Il décrit une tribu indienne qui abandonne ses vieux qui sont devenus un fardeau. Leurs enfants leur ont donné de la nourriture et sont partis, laissant leurs parents être dévorés par les animaux, les laissant mourir. Mais le vieux père, abandonné seul près du feu, avait confiance et espérait jusqu'au bout que ses fils reviendraient pour lui. Pouvez-vous imaginer un instant que nous traiterions nos parents, nos grands-parents comme ça, comme ils l'ont fait dans cette histoire ? Je ne le croirai jamais. Ce n'est pas notre code génétique.

Parce que nous descendons d'ancêtres qui nous ont appris des choses complètement différentes. La Russie a vécu mille ans avec des valeurs telles que l'entraide, le soutien mutuel et la solidarité. Et aujourd'hui, ce sont les principaux piliers de notre État. Nous en avons hérité avec l'Orthodoxie. Ces valeurs sont également au cœur d'autres religions professées par les peuples de Russie : l'Islam, le Bouddhisme et le Judaïsme. Une philosophie de l'humanisme nous a aidés à survivre pendant des siècles. Et aujourd'hui, l'avenir de nos familles, le sort des autres, dépendent de notre responsabilité.

Je le répète : les gens et leur vie sont ce qui compte le plus pour nous maintenant. Tout autre choix serait inacceptable pour notre peuple. Je sais, je suis convaincu que la majorité absolue le pense et agit en toute bonne conscience.

Nous devons sauver les gens, les maintenir en vie, et le reste suivra. Nous rectifierons certainement les choses et compenserons tout ; nous vaincrons ce coronavirus, et quand tout sera fini, nous renflouerons l'économie ensemble, renforcerons la prospérité et soutiendrons certainement ceux qui ont perdu leur emploi et leurs économies, ceux qui traversent des moments difficiles maintenant ; nous soutiendrons nos entreprises en difficulté, nous les aiderons à sauver des emplois et à reprendre des forces. D'autres mesures de soutien de l'État seront ajoutées et étendues.

Et à présent, chaque réalisation, si petite soit-elle, mais tout de même un réel succès, en particulier chaque vie sauvée, renforce notre espoir et notre confiance dans une victoire sur la pandémie.

Nous allons forcer le virus à battre en retraite. La vie ira mieux, je le promets. Et il est en notre pouvoir de faire en sorte que cela se produise le plus rapidement possible. Nous allons donc non seulement surmonter ces épreuves et ces tribulations, mais aussi créer un contexte fiable pour le développement futur.

Merci à tous. Je vous remercie.

Voir également : Après Youtube & Facebook, Vimeo bannit les vidéos de Nasrallah et ‘Le Cri des Peuples’

Voir notre dossier sur le coronavirus.

Pour ne manquer aucune publication et soutenir ce travail censuré en permanence, partagez cet article et abonnez-vous à la Newsletter. Vous pouvez aussi nous suivre sur Facebook et Twitter.



4 réactions


  • Pyrathome Pyrathome 11 mai 2020 18:45

    Pas de doute, c’est vraiment un dictateur, car c’est bien connu, il n’y a que les dictateurs qui prennent grand soin de leur peuple......


    • sls0 sls0 11 mai 2020 22:40

      @Pyrathome
      Il y a l’autre dictature.
      En Chine le taux de pauvreté a baissé, passant de 97,5 % en 1978 à 3,1 % à la fin 2017.
      Le taux officiel de pauvreté aux États-Unis a évolué depuis l’an 2000, depuis son plus bas niveau à 11,3 % en 2000, à 12,7 % en 2004, 12,3 % en 2006 et 13,5% en 2015.


    • louis 12 mai 2020 08:10

      @sls0
      La dictature du fric est sans pitié et contrairement a ce qui nous est bassiné sans cesse , c’est bien la pire des " démocratie génocidaires "


    • Pyrathome Pyrathome 12 mai 2020 17:19

      @sls0

      13,5% en 2015.

      Et après la vérole, et le tsunami de faillites, ça fera 40 % de pauvres en plus au bat mot....


Réagir