vendredi 19 janvier 2018 - par Le Canard républicain

Pierre Moscovici : « Si on veut de l’harmonisation fiscale et sociale [dans l’UE...], on ne peut pas le faire tant qu’on a l’unanimité à 27 »

Le commissaire européen Pierre Moscovici, ancien vice-président du Cercle de l’Industrie et Jeune Leader dans le cadre de la Fondation Franco-Américaine, a été auditionné le 17 janvier dernier à l'Assemblée nationale par la Commission des affaires étrangères présidée par Marielle de Sarnez. Que toutes les personnes vraiment de gauche écoutent attentivement le passage ci-dessous.

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Eh oui, l'« Europe sociale », c'est des décennies de baratin du parti « socialiste ». En suivant le raisonnement de Pierre Moscovici, pour avoir des avancées notamment sur le plan social, il faudrait alors faire disparaître la règle de l'unanimité dans l'Union européenne et ainsi s'engager dans la voie du fédéralisme, ce qui aboutirait inévitablement à dissoudre la souveraineté populaire du Peuple français. Si le fédéralisme est la priorité du MEDEF, ce n'est pas pour rien !

J.G.

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5 réactions


  • bob14 bob14 19 janvier 2018 12:36

    MOSCOVICI Pierre (Ministre PS) condamné par la justice fait le beau à Bruxelles...Vive l’UE... !


    • La mouche du coche 19 janvier 2018 14:21

      @bob14
      Le Moscovici réfléchi bien mais lentement. Il "découvre" l’escroquerie européenne.


    • Alainet 22 janvier 2018 14:54

      @bob14 ...LaPalice n’eut pas dit mieux !« Quand on dit beaucoup de lapalissades, on n’est qu’un sot, mais quand on dit un mensonge, on est un malhonnête homme. »
      Charles Péguy -


  • Joe Chip Joe Chip 20 janvier 2018 13:47

    Il faudrait cesser d’agiter béatement le spectre de "l’Europe fédérale" qui n’existe que dans la tête des souveraino-souverainistes français. Les Allemands, rétifs à toute intégration de la zone euro et transfert budgétaire, et qui, de l’aveu même de Varoufakis, ont "sacrifié" la Grèce (laquelle ne pèse que 2% du PIB de la zone euro et ne pouvait donc entraîner une faillite systémique) pour créer un choc psychologique chez les Français visant à les contraindre à accepter l’austérité, y sont radicalement opposés ; les pays de l’Est, jaloux de leur souveraineté retrouvée et profitant du dumping salarial, y sont farouchement opposés ; et les "petits" pays (Irlande, Luxembourg, Belgique et Pays-Bas) qui attirent les multinationales américaines et les riches contribuables des "grands" pays, en pratiquant le dumping fiscal, y sont opposés, rejetant tout protectionnisme à l’échelle européenne. 

    Le fameux Bolkestein a par exemple récemment appelé les pays européens à résister à ce qu’il interprète comme une tentative française de "détruire le marché unique" :

    https://www.politico.eu/article/opnion-dont-let-france-ruin-the-single-market-emmanuel-macron-frits-bolkestein/&nbsp ;

    Aucun pays en Europe ne veut de l’Europe fédérale, concept derrière lequel se cache en réalité le vieux rêve français du "démultiplicateur de puissance".  

    L’Europe, si elle doit se maintenir, est donc appelée à rester une confédération d’Etats indépendants mais encadrés par des normes juridiques communes et soumis à des règles ratifiées par une série de traités échappant au contrôle démocratique (ordolibéralisme). 
    Il y a par ailleurs le serpent de mer de la défense européenne. Officiellement, tout le monde est naturellement favorable à "L’Europe de la défense" comme on dit avec emphase dans les cercles parisiens, mais officieusement, tout le monde ou presque à l’exception de la France considère que la défense européenne, c’est et cela est appelé à rester l’OTAN, surtout du côté des Allemands et à l’est de l’Europe, qui rechignent par exemple à contribuer financièrement aux opérations de l’armée française dans le Sahel.

    Historiquement, l’UE s’est construite à l’intersection de cinq courants idéologiques à la fois concurrents et complémentaires : 
    - le fédéralisme européen, prôné en fait par la composante "atlantiste" des élites françaises (Jean Monnet, Schuman, etc.) visant à créer une Europe supranationale (celle qui est fanatiquement dénoncée par Asselineau mais qui n’est qu’une abstraction de technocrates français) ; 
    - le dirigisme français, préconisé par les gaullistes, qui repose sur la coopération limitée d’Etats souverains (Airbus, Arianne...) ;
    - le néolibéralisme anglosaxon, qui a imposé l’extension du marché unique et le dogme de la concurrence économique interne au nom de la lutte contre les monopoles étatiques ;
    - la sociale-démocratie qui correspondait à l’idéologie de la gauche s’après-guerre dans les pays du nord de l’Europe, progressivement démantelée à partir des années 80 sous les effets conjugués du néolibéralisme et de
    - l’ordolibéralisme allemand, concentré sur la production de normes juridiques et la politique monétaire. 

    Jusqu’à la réunification allemande, l’Europe apparaissait comme un compromis équilibré entre ces courants, permis par l’égalité économique relative entre les trois grandes nations historiques qui les représentaient au sein des institutions européennes, c’est à dire la France (fédéralisme, dirigisme), le Royaume-Uni (néolibéralisme tatchérien) l’Allemagne (sociale-démocratie, ordolibéralisme).

    Evidemment, nous savons à présent que ce sont les Allemands qui, après la réunification - indirectement payée par l’Europe - sont parvenus patiemment à imposer leur "vision" de l’Europe en inscrivant leurs règles juridiques dans le marbre des traités européens successifs, avec la coopération plus ou moins retorse de Mitterrand qui croyait ainsi prévenir un retour du nationalisme allemand. Cette Europe des traités - qui n’est pas une Europe fédérale - a garanti le succès de la machine exportatrice et la domination durable de l’économie allemande à l’échelle continentale. La force des Allemands dans les négociations est venue de leur unité reposant sur une culture du consensus politique (Kohl expliquait que tout ce qui restait de l’identité et de la fierté allemande après la guerre était le Deutsche Mark) et sur leur capacité à convaincre les autres pays que les intérêts de l’Europe convergeaient avec les principes de l’ordolibéralisme allemand.  

    Les Anglais, armés de leur pragmatisme habituels, se sont finalement retirés du jeu au moment où ils ont compris qu’ils ne parviendraient pas à imposer l’idée d’une Europe "a minima" construite et définie autour du marché unique. Mais entre-temps ils auront au moins gagné de nombreux combats décisifs : imposition du monolinguisme anglophone, extension du marché unique et de l’OTAN aux frontières de la Russie, interdiction des coopérations industrielles au nom de la "concurrence libre et non faussée", préparant ainsi le terrain à la domination des sociétés américaines, financiarisation. Reste à voir dans quelles conditions ils conserveront leur accès au marché unique et les concessions qu’ils seront amenés à faire dans ce but.

    Les grands perdants de l’histoire sont de fait les élites françaises, qui ont longtemps cherché à équilibrer deux visions correspondant à des aspirations antithétiques nées de l’après-guerre et du schisme idéologique (fédéralisme supranational et dirigisme) opposant les deux "clans" qui revendiquaient chacun la légitimité politique : les élites atlantistes (et leurs relais politiques, en particulier au sein de la gauche française) qui ont occupé le pouvoir jusqu’en 58, et les élites gaullistes issues du CNR qui l’ont repris jusqu’au début des années 70. Cette opposition idéologique strictement "franco-française", qui s’est traduite par une fixation abstraite et souvent caricaturale du débat entre partisans de "l’Europe fédérale" et tenants de l’Europe des coopérations souveraines, n’a absolument aucune signification sur le plan européen, où les fédéralistes "purs" et les souverainistes "purs" n’exercent pour ainsi dire aucune influence. Elle a donc engendré une marginalisation progressive et durable des élites françaises sur la scène européenne, que Macron, profitant d’une position de force provisoire acquise grâce à son pari "pro-européen" face aux "populistes", tente aujourd’hui d’enrayer en réarticulant ces deux visions au travers d’une politique cohérente de promotion de la "souveraineté européenne", mais qui n’est rien d’autre que le dernier avatar du fédéralisme ET EN MEME TEMPS du dirigisme à la française. 

    C’est pourquoi il est absurde de fustiger le "fédéralisme européen", y-compris d’un point de vue souverainiste, non seulement parce que ce courant est en réalité très marginal au sein des institutions européennes, mais parce qu’il s’agit plus fondamentalement d’une idéologie dont le pedigree est français, avec une influence atlantiste majeure mais circonstancielle, dans la mesure où la CIA misait de toute façon à l’époque sur tous les courants susceptibles de s’opposer sur le plan national au communisme et à l’influence soviétique. 
    Du point de vue des Américains, les fédéralistes français étaient la seule alternative au compromis gaullo-communiste issu des FFL. 

    A l’heure actuelle, le but des Américains est assez clair : une Europe suffisamment cohérente sur le plan politique (pour pouvoir commercer efficacement), arrimée à l’OTAN et rassemblée faiblement autour d’une Allemagne dominante sur le plan économique et garante du statu quo, car vouée à rester une naine géopolitique.

    • maQiavel maQiavel 20 janvier 2018 14:37

      @Joe Chip

      Moi je ne connais aucun « souveraino-souverainiste » (appellation péjorative de ceux qui dénoncent l’euro et les implications politiques de cette monnaie) qui considère le fédéralisme européen comme un projet susceptible d’aboutir et dont il faudrait conjurer le spectre, bien au contraire, ils disent qu’il est très peu probable qu’il aboutisse.

      Alors pourquoi en parler ? La réponse est simple : à cause de l’euro !

      Ceux qui dénoncent cette monnaie expliquent que la zone euro n’est pas une zone monétaire optimale et qu’en son sein, l’hétérogénéité des économies des pays s’accroit au lieu de converger.

      La réponse à cet argument consiste à affirmer que cette hétérogénéité n’est que transitoire car elle sera palliée par des flux de transfert massif mis en œuvre dans le cadre d’une Europe fédérale. Donc il ne s’agit pas tant de considérer que les fédéralistes européens sont puissants et que ce projet est sur le point de se concrétiser ( au contraire ) , il s’agit surtout d’une bataille d’arguments entre les défenseurs de la zone euro et ceux qui préconisent sa sortie. Ce ne sont donc pas les fameux « souveraino-souverainiste » qui agitent béatement l’utopie du fédéralisme européen mais ceux qui défendent l’euro et il faut bien leur répondre sinon on dira que ceux qui sont pour la sortie de cette zone monnétaire n’ont pas d’arguments à faire valoir etc etc. 


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