Libération de Moubarak et condamnation de Morsi, enjeux géopolitiques d’une contre-révolution
Attention, aux mal comprenants, cet article n’est pas une apologie d’un chef politique sans doute aussi corrompu et tyrannique que bien d’autres dans l’exercice du pouvoir. J’écris cet article pour faire connaître à ceux qui y seraient prêts, certains enjeux géopolitiques souvent occultés de la destitution de Mohammed Morsi.
Tout le monde est au courant de l’islamisme dangereux que sont censés représenter les Frères Musulmans. Mais qui a entendu parler du positionnement géopolitique de Morsi ? Connaissez vous l’action de l’Egypte à l’international sous sa présidence ? Et en quoi cette action s’est vue stoppée net par le coup d’état militaire ?
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Sous la présidence Morsi, l’Egypte a participé activement aux congrès internationaux, notamment en se rendant au sommet des non alignés à Téhéran. Il faut noter que c’était la première fois depuis la révolution iranienne qu’un président égyptien se rendait en Iran.
La prise de position de Morsi face au régime syrien a été accueillie en apparence par le sourire d’Ahmaninedjad, mais la télévision iranienne a bien été contrainte de retoucher le discours de Morsi en traduisant « Syrie » par « Bahrein » pour ne pas semer le doute dans les esprits de leur peuple, qui aurait pu ainsi être enclin à soutenir la révolte du peuple syrien contre le régime d’Assad qualifié par Morsi de « répressif ».
Peu après, l’armée reprenait le pouvoir et réduisait à néant ces prémices de positionnement politique internationale. L’armée se voyait alors récompensée par les pétro-monarchies en recevant 12 milliards de dollars tandis qu’on arrêtait Morsi. Aujourd’hui, ce dernier est en passe d’être condamné… mais pourquoi ? La première raison trouvée par l’armée pour le mettre en prison n’était pas d’avoir opprimé le peuple (l’armée aurait eu peu de légitimité à cela en même temps…), on lui a d’abord reproché ses positions géopolitiques, ses accointances avec ce que d’aucuns appellent terroristes, d’autres des résistants : le hamas palestinien… alors qu’il n’était même pas encore au pouvoir ! Morsi n’était pas accusé d’avoir été un tyran, mais de s’être libéré de prison avec l’aide du hamas.
Pendant ce temps, Moubarak était libéré, quelques jours après le coup d’état militaire. Et voilà que tout était rentré dans l’ordre international, ou plutôt dans le désordre et la désunion entre pays non-alignés.