Julien Rochedy : être Alexandre le Grand ou Diogène le vagabond
Voici une vidéo de Julien Rochedy qui nous fait partager un exposé qu'il avait rédigé lorsqu'il était collégien et qui vaut le détour. Outre la qualité rédactionnelle du texte assez remarquable pour le jeune homme de 15 ans qu'il était à l'époque (surtout lorsqu'on constate l'effondrement du niveau scolaire depuis une quarantaine d'années...), on ne peut qu'apprécier le sujet en lui-même puisqu'il est question ici de la rencontre supposée entre Alexandre le Grand, le conquérant par excellence, et Diogène le cynique (ou le vagabond) qui représente l'homme libre et détaché des contingences matérielles.
Deux hommes a priori opposés en tout : Alexandre ou l'archétype de la puissance conquérante et Diogène ou l'archétype de la "non-puissance" et du dénuement. Deux conceptions de la vie radicalement différentes et pourtant, nous explique Rochedy, ces deux hommes se respectent et souhaitent se rencontrer. "Si je n'étais Alexandre, j'aurais voulu être Diogène" aurait proclamé Alexandre. Ces deux personnages, contrairement à la "masse" ont un point commun et de taille : ils sont tous deux entrés dans l'Histoire et ont tous deux conquis le monde chacun à leur manière.
Alexandre le Grand, Jules César ou encore Napoléon symbolisent la puissance et la réussite et incarnent, en quelque sorte, "l'idéal Nietzschéen". Pour Nietzsche, la recherche de puissance est le moteur de la vie et tout ce qui s'y oppose relèverait, selon lui, du ressentiment. Mais il existe une toute autre philosophie de vie qui ne procède pas du ressentiment et que, sans doute, Nietzsche n'avait pas envisagé. Cette philosophie fut incarnée non seulement par Diogène mais également par Socrate, Jésus ou encore Bouddha qui firent "volontairement" le choix de la non-puissance" non par un désir quelconque de ressentiment et de haine de la vie mais par un désir absolu de ce qui, au-delà du désir de puissance, constitue l'essence même de celle-ci : la Liberté !
Alexandre, nous explique Rochedy, malgré tout son pouvoir n'était pas heureux et sans doute que le désir de puissance bien que stimulant dans l'existence ne mène pas au bonheur. Puis Rochedy ajoute que nous sommes tous, suivant les circonstances, tantôt un peu Diogène tantôt un peu Alexandre ayant tous en nous ce désir de puissance et de liberté entremêlés.
A notre triste époque moderne pleine de tiédeur, il est en tout cas rafraîchissant de pouvoir évoquer ces personnages au choix de vie diamètralement opposé mais qui incarnent tous une valeur aujourd'hui disparue : la grandeur !