mardi 3 juin 2014 - par Double poing

Jean Bricmont : Accords et désaccords avec la Dissidence

Jean Bricmont est professeur de physique à l'université. Son dernier livre, La république des censeurs, est un pamphlet contre la pensée unique et pour la liberté d'expression. Dans cet entretien vif sur les idées de nation et d'union européenne, Jean Bricmont se démarque des idées communément admises dans la dissidence.

 

 

 

 



139 réactions


    • l'argentin l’argentin 4 juin 2014 15:37

      Oui effectivement Machiavel mais là tu parles de la mort accidentelle ; en fait je parlais de la mort naturelle et inéluctable.


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 4 juin 2014 15:37

      Pareil pour moi, ou presque : j’ai moins peur de mourir du moment que mes enfants sont en vie et en bonne santé. Objectivement, c’est peut-être la première fois de mon existence que d’autres vies ont à mes yeux plus de valeur que la mienne, qu’elles sont plus importantes que la mienne. c’est terrible ce que je dis là...

      Bien sûr, on se dit tous ça vis-à-vis de nos parents, frères et sœurs, maris ou épouses, mais en espérant qu’il en soit réellement ainsi, d’une certaine manière. Vis-à-vis de mes enfants, c’est une évidence. Et ça, c’est extraordinaire.

      Je donnerais certainement ma vie pour ma mère, mais il y a en définitive une et une seule chose qui me ferait douter : je ne serais alors plus là pour mes enfants.


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 4 juin 2014 15:38

      "Troisième voie" ci-dessous...


    • Schweizer.ch 4 juin 2014 18:58

      "Pourquoi est-ce que l’homme éprouve, d’où qu’il vienne et depuis la nuit des temps, l’impérieux besoin d’avoir une progéniture ? "


      Parce que nous sommes au service de l’espèce et que l’instinct de perpétuation de l’espèce est l’un des plus puissants qui soient. La loi m’interdit de dire de qui en découle pour les homosexuels.

  • Éric Guéguen Éric Guéguen 4 juin 2014 15:24

    Maïeutique oblique, voici à présent l’enfant dont nous accouchons ensemble :
     
    Ce point de vue, typique des Anciens, c’est-à-dire fondé sur le droit naturel originel, au sens d’une logique hétéronome, non au sens des caprices de l’individu, est le suivant :

     

    Attendu que nous avons dit que la reproduction était un droit naturel, consubstantiel à l’humanité, mais en puissance, sans pour autant pouvoir le constater universellement dans les faits, attendu également que la culture a les moyens de tordre ce droit naturel jusqu’à le masquer et le rejeter dans les ténèbres, nous pouvons inférer ce qui suit :

    Mettre à jour le droit naturel, donc d’une certaine manière des principes ou valeurs sur lesquels fonder nos comportements éthiques, c’est prendre la mesure de choses qui sont relatives à la nature humaine et son lot de cas d’espèces (stérilité dans notre exemple), les mettre à jour de manière descriptive, sans qu’il soit indispensable de leur conférer un caractère prescriptif qu’ils n’ont pas toujours. Et si les éléments du droit naturel n’ont pas toujours un caractère prescriptif, c’est parce que l’homme est un animal particulier, rationnel, et en conséquence apte à recouvrir totalement le droit naturel d’une couche de lasure.

     

    C’est ce que font, et le peuple de notre exemple (ancré dans ses traditions), et les droits de l’homme, ces derniers en stipulant que la nature :

    1. doit être universelle dans les faits (hommes interchangeables) ;

    2. doit être contrainte à l’être par la force si elle se rebelle (Conchita Wurtz).


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 4 juin 2014 15:26

      Erratum : "Maïeutique OBLIGE". c’est mieux ainsi.
      Et puis je me suis gouré d’endroit pour vous répondre, tant pis.


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 4 juin 2014 15:47

      Précision : lorsque je dis que le droit naturel n’est pas "prescriptif", j’entends par là que l’on peut le masquer totalement. Exemple : des Conchita Wurtz sur toute la planète, si bien qu’un martien débarquant sur Terre en viendrait à croire que c’est notre vraie nature... Mais il n’est pas dit que la nature ne "reprenne pas ses droits", d’une manière ou d’une autre. Attention au retour de bâton selon des lois de cause à effet qui nous échappent !!
       
      Pour ce qui est du culte de l’égalité, prétendue factuelle et qui va à l’encontre de la diversité des êtres, c’est du même ordre.


    • maQiavel maQiavel 4 juin 2014 16:03

      Gueguen , il y’ a des trous dans votre explication , ce qui la rend difficilement compréhensible.

      -Attendu que nous avons dit que la reproduction était un droit naturel, consubstantiel à l’humanité,mais en puissance

      ---> Je n’ai aucun problème là-dessus.

       -sans pour autant pouvoir le constater universellement dans les faits

      ---> D’ accord.

      -attendu également que la culture a les moyens de tordre ce droit naturel jusqu’à le masquer et le rejeter dans les ténèbres,

      Là je ne vous suis plus : dans votre exemple plus haut, je ne vois pas en quoi votre peuple imaginaire masque ou rejette dans les ténèbres ce droit naturel, puisque vous dites qu’il prête attention à l’ainé des enfants …

       Le fait qu’ils se servent des autres comme des variables d’ajustement ne change rien à cela, ce peuple assume ce droit naturel et d’ ailleurs, s’il ne le faisait pas il disparaitrait …

      Dire que ce peuple masque ou rejette dans les ténèbres le droit naturel est déjà une interprétation culturelle et morale de leur propre comportement culturel, mais la nature est respectée …

      -Mettre à jour le droit naturel, donc d’une certaine manière des principes ou valeurs sur lesquels fonder nos comportements éthiques

      ---> Je ne vous suis pas non plus là-dessus, comment vous passez du droit naturel (comme  le fait de porter des soins à son / ses enfants en vue de son /leurs développement) à des principes et des valeurs éthiques ?

      Vous partez d’un comportement naturel pour en déduire des principes culturels, je ne vois pas de lien dans ce saut qualitatif …

       c’est prendre la mesure de choses qui sont relatives à la nature humaine et son lot de cas d’espèces (stérilité dans notre exemple), les mettre à jour de manière descriptive, sans qu’il soit indispensable de leur conférer un caractère prescriptif qu’ils n’ont pas toujours. 

      ---> Sur le principe, je suis d’ accord mais encore faut il y parvenir et ça, c’est une autre histoire, on peut même se poser la question de savoir si c’est possible …

      -Et si les éléments du droit naturel n’ont pas toujours un caractère prescriptif, c’est parce que l’homme est un animal particulier, rationnel, et en conséquence apte à recouvrir totalement le droit naturel d’une couche delasure.

      Mais si des groupes d’hommes, des peuples ne respectent pas ce droit naturel comme vous le définissez, ils disparaîtront.

      La manière dont un peuple exprimera et interprétera ce droit naturel sera différents des autres parce qu’il est effectivement recouvert par le vernis culturel comme les tissus musculaires recouvrent les os, mais sous la chair il y’ a obligatoirement des os …

      Cela nous ramène à la dialectique nature /culture en réalité … 


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 4 juin 2014 16:19

      Je vais me contenter de répondre à vos deux objections :
       
      1. Le peuple en question respecte le droit naturel car il soigne ses enfants aînés :
      Non, pas d’accord. Le soin est inclut dans le fait d’avoir des enfants, donc dans l’existence de chaque enfant. Le don de la vie implique le soin, autant que possible, de celle-ci. En l’occurrence, qu’ils refusent ce que la nature leur donne, c’est déjà une chose, mais qu’ils en "fassent un usage frelaté", contre-nature (leurs jouets sexuels en tant qu’êtres humains en devenir physiologique) contrevient fondamentalement au droit naturel.
       
      2. sur la culturalité des valeurs et des principes :
      Je ne dis pas le contraire. Ces valeurs sont culturelles, elles dérivent d’un choix. Mais ce choix n’est pas n’importe quel choix, il est arc-bouté au droit naturel (je parle ici du fait de se reproduire et de porter soin et assistance au fruit de cette reproduction), c’est un choix qui peut émerger de n’importe où sur Terre, ce qui n’est pas le cas d’éléments proprement culturels comme le baptême ou la circoncision.


    • maQiavel maQiavel 4 juin 2014 16:49

      -Le soin est inclut dans le fait d’avoir des enfants, donc dans l’existence de chaque enfant.

      ---> Non, ça c’est votre présupposé culturel et moral.

      Pour revenir au début de la discussion , je parlais d’ instinct , les instincts sont ces tendances comportementales qui convergent vers la reproduction de l’ espèce , c’ est parce que cela est assumé par ce peuple pour le premier enfant qu’ ils peuvent réguler leur comportement pour les autres , et cette régulation culturelle ne change rien au fait que la nature est respectée .

      D’ ailleurs votre exemple m’a fait repenser à mes vieux cours de génétique, il correspond plus ou moins à une synthèse des deux modèles de reproduction (stratégie K et r ) que l’ on retrouve dans la nature :

      Votre peuple mise sur la reproduction avec un fort taux de croissance pour compenser par le nombre les pertes (modèle r) mais investissent dans la survie d’un membre spécifique de la progéniture, l’ainé dans votre exemple (modèle r).

      Votre peuple respecte le droit naturel comme vous l’avez décrit plus haut du moins, dans tous les cas, il ne va pas à l’ encontre des instincts et a élaboré sa propre stratégie de reproduction …

      -En l’occurrence, qu’ils refusent ce que la nature leur donne, c’est déjà une chose

      ---> Attention, observons les animaux : eux aussi refusent ce que la nature leur donne dans certaines circonstances parce que la nature est aussi un danger.

      -mais qu’ils en "fassent un usage frelaté", contre-nature (leurs jouets sexuels en tant qu’êtres humains en devenir physiologique) contrevient fondamentalement au droit naturel.

      Ca c’est encore votre interprétation subjective culturelle de leur comportement ! Vous ne pouvez pas démontrer que ce qu’ils font est contre nature, et moi je ne peux pas démontrer l’inverse …

      -Ces valeurs sont culturelles, elles dérivent d’un choix. Mais ce choix n’est pas n’importe quel choix, il est arc-bouté au droit naturel 

      ---> C’est pour ça que je me méfiais de votre terme « droit naturel » …

      Je vais parler d’instincts pour être plus clair : on ne choisi pas ! Ils sont imprimés au plus profond de nos gènes et si on peut leur échapper individuellement, un peuple ne peut pas le faire collectivement sinon il disparaitra …

      Dans le fait qu’une mère procure des soins à son enfant et qu’elle risque sa vie pour le protéger, j’y vois plus la nature et les instincts que des choix culturels raisonnés …


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 4 juin 2014 17:02

      Donc la nature s’en tiendrait à la nécessité d’une survie minimaliste de l’espèce ? Respecter le droit naturel serait, en définitive, faire en sorte qu’il en reste toujours au moins deux de sexe opposé en vie ?
      Ça c’est un point de vue phylogénétique. Mais vous négligez le point de vue ontogénétique qui stipule qu’une fois que la vie est lancée, elle fait tout pour croître, en dépit des obstacles que la nature elle-même peut y mettre. Ça aussi c’est du droit naturel.
      Quant on tue un fœtus, on va à l’encontre du droit naturel. Je dis cela en étant favorable à l’avortement.
       

      "Dans le fait qu’une mère procure des soins à son enfant et qu’elle risque sa vie pour le protéger, j’y vois plus la nature et les instincts que des choix culturels raisonnés …"
      => Exactement. Mais la réflexion intellectuelle vous porte au-delà de vous-même et vous pousse à admettre que cet instinct est partagé par vos semblables, ce qui module vos comportements à leur égard, vous fait prendre conscience de la communauté naturelle des hommes ayant des comportements en partage, et influence vos actions. On bascule dans l’éthique.


    • maQiavel maQiavel 4 juin 2014 17:26

      Mais vous négligez le point de vue ontogénétique qui stipule qu’une fois que la vie est lancée, elle fait tout pour croître, en dépit des obstacles que la nature elle-même peut y mettre. Ça aussi c’est du droit naturel.

      Vous avez raison mais vous négligez autre chose : l’exigence de descendance collective prime l’exigence de descendance individuelle.

      Chaque organisme individuel n’est lui-même qu’une pièce jetable du système auto-organisateur humain (le peuple).

      Il existe des comportements que l’on peut juger à priori comme mauvais comme ceux que vous décrivez pour votre peuple imaginaire, mais en réalité, c’est tout simplement le processus par lequel le système auto-organisateur d’ensemble se perfectionne constamment.

      C’est ce qui explique que les enfants qui viennent après les fils ainés, d’ après la stratégie de reproduction de ce peuple qui est intimement lié à son environnement naturel, culturel et son histoire, ne sont rien d’autre que des variables d’ajustement, il y’ a pas entorse à la nature …

      En d’autres termes, la conjonction de la nature et de la culture pousse les êtres humains à rechercher non pas tant la propagation de leur descendance que celle du groupe auquel ils se rattachent. 


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 4 juin 2014 17:38

      Si ce que vous dites là est vrai, le formidable essor de l’Occident est incompréhensible.


    • Qaspard Delanuit Qaspard Delanuit 4 juin 2014 17:52

      @ Eric et MaQ


      Parfois les choses sont plus évidentes quand on les observe dans un miroir inversant. Par exemple plutôt que de se demander si l’amour maternel est une valeur commune à l’humanité, on peut se demander si l’on connaît le cas d’une civilisation qui aurait une valeur commune inverse. Existe-t-il une culture qui érige en modèle positif la mauvaise mère, le fait qu’une mère tue ses enfants, les maltraite ou simplement n’en prenne pas soin ? Arrive-t-on même à imaginer la possibilité d’une telle population ? Est-ce qu’on pourrait même en faire une civilisation imaginaire vivant sur une autre planète dans une fiction ?

      Dans la même logique, existe-t-il des civilisations qui font de la couardise une valeur morale, des peuples qui donnent en exemple à leurs enfants des dieux et des héros lâches ? 

      Voyez-vous l’intérêt de la méthode ?


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 4 juin 2014 17:55

      J’ajouterais que la mère a beau avoir un instinct maternel, elle a aussi conscience de cet instinct, contrairement au reste du règne animal, et peut donc y déroger. Elle ne le fait pas (en général). J’y vois de l’éthique, de la responsabilité assumée.


    • maQiavel maQiavel 4 juin 2014 17:56

      L’Occident est historiquement un super-organisme ultra-compétitif. Il y’ a beaucoup d’éléments pour expliquer son essor, dont par exemple la lutte de tous contre tous qui a été jusqu’ à être théorisé par les libéraux. La compétition entre les individus a produit un collectif ultra compétitif qui a dévoré le monde … 

      Mais parallèlement, l’empire du droit s’est imposé, l’individu a été sacralisé, et en vérité les idées généreuses de paix universelle ne sont que le signe d’un affaiblissement de l’Occident,

      Riches et puissants, les occidentaux ne se rendent pas compte que leur richesse crée leur faiblesse et leur décadence, et que leur puissance leur dissimule leur affaiblissement dramatique …



    • Éric Guéguen Éric Guéguen 4 juin 2014 18:03

      @ Gaspard :
       
      Pour aller dans votre sens : existe-t-il des peuples qui font de la mort une valeur ? Cela voudrait dire que ce peuple en viendrait à courir à sa propre perte, volontairement. Comme c’est difficile à imaginer, très difficile, irrationnel pourrait-on dire, ne peut-on pas dire que la vie, en elle-même, est déjà une valeur universelle ?


    • maQiavel maQiavel 4 juin 2014 18:04

      Je répondrai demain ...


    • Qaspard Delanuit Qaspard Delanuit 4 juin 2014 18:49

      @Eric


      Le suicide est une contre-valeur (le sacrifice du héros ou du dieu est toujours POUR la vie). Il est aussi intéressant d’observer les nombreux traits communs des anti-dieux (démons ou titans, dieux imparfaits, méchantes sorcières, marâtres, vampires) de populations sans liens géographiques. Il me semble évident (même si c’est "indémontrable") qu’il existe des contre-valeurs communes à l’humanité. 

      D’une manière "intuitive", j’ai peine à penser que les humains qui sont si semblables par leur constitution physique et leurs conditions d’existence n’aient rien en commun sur le plan moral ! Ce n’est pas difficile de se rendre compte que ce qui "fout la merde" dans les relations humaines est à peu près toujours la même chose. 

      Je m’étonne que personne n’ait évoqué les contes populaires qui constituent pourtant la principale source d’information objective dont nous disposons pour évaluer les valeurs morales des populations du monde. Or, les contes traditionnels de toutes les cultures donnent à peu près les mêmes leçons de moral, il serait très difficile de le nier sans faire des contorsions intellectuelles acrobatiques. 

      La question que nous traitons ici n’est pas neuve, elle est l’une des grandes questions (et sans doute la plus importante) qui se situe à l’intersection de la philosophie et de l’ethnologie. C’est un sujet du BAC ! Je trouve que la conclusion de cet article donne une réponse intelligente. Postuler l’absence de valeurs communes à l’humanité serait réduire l’humanité à l’ethnicité. Se cultiver, c’est faire ses "humanités", donc trouver un point d’observation supérieur à celui de son ethnie, à partir duquel on peut la relativiser sans la renier. Ceci nous libère du tribalisme autant que du colonialisme.

    • Schilo 4 juin 2014 19:28

      @ Éric Guéguen

      Martyrs, hommages aux morts, commémorations, paradis après la mort, fête des morts, mort pour la patrie etc… Ne le retrouve-t-on pas dans tous pays ? La mort n’est-elles pas pour eux une valeur ?

       Cela voudrait dire que ce peuple en viendrait à courir à sa propre perte, volontairement. Destruction de la nature, pollution, modification du vivant, création d’armes destructrices (type arme nucléaire) etc…

      N’est-ce pas courir à sa propre perte ? N’est-ce pas fait de manière volontaire ?


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 4 juin 2014 20:20

      @ Schilo :
       
      1. Non. C’est porter un culte à ceux qui ont donné leur vie pour la vie de leur patrie.
       
      2. Non plus. Car la "nature" n’a plus à notre époque le sens qu’elle avait originellement. La nature est le lieu du déterminisme. Pour les Verts par exemple - ceux qui sont censés s’en réclamer - c’est les fleurs des champs, les baleines à bosse, et le sexe ad libitum. Si l’on se tenait aux lois de la nature, on ne prétendrait pas que tous les hommes sont égaux. Ils sont divers. L’égalité, et à travers ça l’uniformisation, est un concept étranger à la nature.


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 4 juin 2014 20:25

      Encore une fois, je suis entièrement d’accord avec vous Gaspard. La proximité entre Confucius (ce que j’en connais) et les philosophes grecs me sidère. Le fait qu’Al Farabi les rejoignent, d’autant plus.
       
      En outre, comme je l’ai esquissé au-dessus, je pense que le fait que l’homme puisse porter un regard détaché sur sa propre animalité et y contrevenir jusqu’à l’hybris fait qu’il est "condamné" en contrepartie, en quelque sorte, à être un animal moral.


    • Qaspard Delanuit Qaspard Delanuit 4 juin 2014 21:11

      En effet, d’où le rôle et l’importance du "devoir", de la "honte" et de la "culpabilité" dans la vie des hommes. 


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 4 juin 2014 21:34

      Oui, en tant que compléments culturels nécessaires à la part de liberté inscrite dans la nature humaine.


    • Ozi Ozimandias 4 juin 2014 22:00

      "Je m’étonne que personne n’ait évoqué les contes populaires qui constituent pourtant la principale source d’information objective dont nous disposons pour évaluer les valeurs morales des populations du monde."
      .
      En effet, et la grande question est : d’où viennent t-ils ?


    • ffi 4 juin 2014 22:45

      L’Occident est historiquement un super-organisme ultra-compétitif. Il y’ a beaucoup d’éléments pour expliquer son essor, dont par exemple la lutte de tous contre tous qui a été jusqu’ à être théorisé par les libéraux.
       
      Je doute que cela explique son essor, lequel précède de beaucoup le libéralisme (fin 18ème). Les canons furent employés dès le 13eme siècle ! Ca montre une belle maîtrise de la métallurgie. A mon avis, le libéralisme est plutôt le prélude à la décadence. Suffit de comparer la qualité des productions des Artisans d’antan qui font le patrimoine et la renommée du pays, avec la qualité déplorable des productions d’aujourd’hui qui finissent rapidement à la poubelle.
       
      Mais parallèlement, l’empire du droit s’est imposé, l’individu a été sacralisé, et en vérité les idées généreuses de paix universelle ne sont que le signe d’un affaiblissement de l’Occident,
       
      "L’empire du droit" nous vient en ligne direct du droit Romain, qui s’est étendu dans toute l’Europe. Le droit Romain est un droit calculé (rationnel) et positiviste. Les Romains étaient de très grands législateurs. Ce droit positiviste a cependant été restreint dans son étendu par le christianisme durant le moyen-âge.
       
      Grégoire IX écrivit : "Le jus naturale (celui émanant de Dieu-même), ne peut être changé par la coutume, non plus que le droit positif (celui émanent du souverain), à moins que la coutume ne soit sage et confirmée par une longue possession"
      .
       
      Au moyen-âge il y avait donc 3 sources de droits :
      La loi naturelle, imprescriptible, issue de Dieu.
      Le droit positif, la loi du Souverain.
      La coutume, accord local hérité par tradition.
      Chacun de ces droits avait ses prérogatives propres, ordonnées selon une hiérarchie. La coutume ne peut contredire le droit positif ni la loi naturelle. Le droit positif ne peut contredire la loi naturelle.
       
      À la révolution, les coutumes ont été abolies, de même que la loi naturelle.
      Il ne reste donc plus que le droit positif, monopole de l’état.
       
      Or ces coutumes étaient précisément le reflet des communautés locales et de leur structuration. Le centralisme jacobin, méconnaissant cette diversité coutumière, ne pouvant ou ne voulant la prendre en compte, puisque énonçant son droit d’un point central unique, n’a su qu’énoncer un droit positif pour des individus abstraits (...de toute communauté). Le mouvement jacobin fut de ce point de vue fortement guidé par le libéralisme, qui sacralise l’individu et l’abstrait de toute contrainte sociale. Vous ne pouvez pas vous plaindre de la sacralisation de l’individu et simultanément louez le libéralisme comme vous le faites.
       
      Ceci dit, je vous accorde que l’universalisme actuel est faux : il s’agit plus sûrement d’un diversalisme. Le désir de nos élites d’agréger l’humanité en une seule unité dans la négation égalitariste de toutes les différences, a poussé à redéfinir l’universalisme comme une simple juxtaposition de diversité, ce qui est la négation pure et simple de l’universalisme (car un n’est pas égal à deux). C’est de l’irénisme ,,Attitude d’esprit condamnée par l’encyclique « Humani Generis » selon laquelle on tolère de façon tranquille des erreurs graves, inacceptables, par désir exagéré de paix et de conciliation``
       
      Riches et puissants, les occidentaux ne se rendent pas compte que leur richesse crée leur faiblesse et leur décadence, et que leur puissance leur dissimule leur affaiblissement dramatique …
       
      Le libéralisme, par la triche sociale qu’il permet sous couvert d’une fausse promesse de prospérité, a engendré de grandes puissances il est vrai. Mais ces grandes puissances sont des colosses aux pieds d’argile, car elles se sont construites sur l’usure et l’affaiblissement du peuple qui devrait les soutenir.


    • Qaspard Delanuit Qaspard Delanuit 5 juin 2014 01:24

      "En effet, et la grande question est : d’où viennent t-ils ?"


      Les contes populaires viennent de la Tradition. Ils descendent du ciel. Ou bien ils montent de la terre. smiley

  • Qaspard Delanuit Qaspard Delanuit 4 juin 2014 17:21

    @ Machiavel : "Sinon pour répondre à votre question, je n’en sais rien, peut être de telles valeurs commune à l’humanité existent-elles, peut être pas, en tous cas personne n’a jamais encore démontré leur existence"


    Bien, je trouve cette réponse intéressante à creuser. Je souhaiterais m’en servir comme un point de départ pour emprunter un chemin différent de celui d’Eric Gueguen, afin de vous communiquer quelque chose qui pourrait vous intéresser (ainsi que tous ceux qui nous lisent). 

    Vous dites que vous n’en savez-rien. Voilà un bon point de départ. Donc je vous demande : dans ce cas, existe-t-il selon-vous un moyen qui nous permettrait de le découvrir.

    C’est ma première question.

    Ensuite, je vous demande de faire attention au point suivant. 

    Vous dites que personne n’a jamais démontré l’existence de valeurs communes à l’humanité. C’est possible mais je dois vous faire remarquer que cette réponse n’est pas en face de ma question. La question de savoir si quelque chose existe (qui relève du connaître) et la question de savoir si on peut démontrer son existence (qui relève de la rhétorique et presque déjà de la sociabilité) sont distinctes ; ce serait une erreur de les confondre. (Descartes souligne même que ce dont nous pouvons être le plus certain - le fait que "je suis" - n’est pas démontrable aux autres.) Ce point est très important, car cette confusion est fréquente et invalidante. Comme je l’ai déjà rappelé souvent dans nos échanges, il est mathématiquement impossible de démontrer quoi que ce soit sans se fonder sur des postulats indémontrables (c’est le principe même des mathématiques). Ces postulats fondateurs sont des perceptions mentales sur lesquelles s’appuient tous nos raisonnements (et donc ils ne sont pas eux-mêmes des raisonnements). Pour vous faire sentir (et non "démontrer") cela simplement, il suffit que je vous pose les deux questions suivantes :

    1. Vous semble-t-il évident que l’opération 4 + 4 = 8 est juste ? 
    2. Pouvez-vous le démontrer ? 

    Je pense que vous répondrez OUI à la première question et NON à la seconde.

    Etes-vous d’accord ?

    • maQiavel maQiavel 4 juin 2014 17:32

       

      -Existe-t-il selon-vous un moyen qui nous permettrait de le découvrir.

      J’ y ai répondu plus haut : je n’ en sais rien ! Peut être, peut être pas …

      -La question de savoir si quelque chose existe (qui relève du connaître) et la question de savoir si on peut démontrer son existence (qui relève de la rhétorique et presque déjà de la sociabilité) sont distinctes

      ---> C’est vrai …


  • Éric Guéguen Éric Guéguen 4 juin 2014 17:22

    Quoi qu’il soit, Mach’, et avant que nous partions dans un débat de huit jours dont nous avons le secret, je veux juste vous dire ceci :

     
    Je ne cherche absolument pas à vous convaincre de quoi que ce soit. J’ai simplement réussi - il me semble - à vous faire sentir ce qu’était l’enquête des Anciens au sujet du droit naturel, et la logique qui était la leur. Il ne tient qu’à nous d’y redonner vie, mais jamais elle ne pourra engendrer de codes de lois écrites et imposées à l’univers, ce qui va rigoureusement à l’encontre des principes uniformisants et positivistes de la modernité. Pourtant, il s’agit bien d’une enquête sur des choses réelles, universelles, imperceptibles pour certaines à la raison la mieux exercée.


  • VINASAT-2 VINASAT-2 4 juin 2014 17:50

    l’être humain n est pas seul maitre de son evolution


  • Le Zouav 5 juin 2014 11:49

    Merci aux intervenants, très intéressant comme fil de discussion smiley


  • Avlula 21 juin 2014 19:47

    Bon et bien j’ai mis un moment à écouter cette émission, car c’est long, donc personne ne lira mon commentaire, mais je suis vraiment d’accord avec Bricmont, sa position est rafraichissante et me semble bien plus rassembleuse que celles dominantes dans la dissidence (parce que la dissidence E&R fait souvent des travaux intellectuels de recherche, d’analyses, etc. des projets politiques, or il ne faut pas tout mélanger, la majorité s’en tape et c’est leur droit). Et je suis aussi content d’entendre du positivisme aussi, même si je suis croyant je suis d’accord sur sa position laïque. Un peu désolé pour Tepa qu’il y ait eu une telle incompréhension, ben oui la dissidence de gauche se moque un peu des thèmes d’extrême-droite en politique. C’est sympa par curiosité, ou si on aime les "sensations fortes", mais voilà. Le consensus doit se faire sur les principes, liberté d’expression notamment.


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