samedi 7 novembre 2015 - par micnet

Jacques Ellul : entre la révolte inefficace et la révolution impossible !

Les nouveaux chemins de la connaissance  sur France Culture nous propose ici, 10 ans après les émeutes de banlieues de 2005 et dans le cadre plus général d’une série d’émissions consacrées au thème des révoltes et des révolutions, une remarquable présentation de la pensée de Jacques Ellul à ce sujet !

 

C’est le pasteur Frédéric Rognon, spécialiste de cet "inclassable" penseur qu’était Jacques Ellul, libertaire pour les uns ou réactionnaire pour les autres, qui nous présente l’approche Ellulienne dont la pensée s’articule dialectiquement entre une sociologie marxienne et une éthique chrétienne !

 

Toujours à contre-courant de ses contemporains, Ellul au-travers de la grande finesse de ses observations, fut probablement l’un des critiques les plus pointus de notre époque moderne et de sa religion en vigueur : la Technique, ce système englobant qui empêche toute forme de Révolution. La seule véritable Révolution ne pouvant s’opérer qu’à partir d’une transformation des comportements et du mode de vie de chacun d’entre nous.

 

"Il est vain de déblatérer contre le capitalisme : ce n'est pas lui qui crée ce monde, c'est la machine." J Ellul La technique ou l’enjeu du siècle

 

 

Citations de Jacques Ellul :

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"Le phénomène technique (peut se définir comme) la préoccupation de l'immense majorité des hommes de notre temps, de rechercher en toutes choses la méthode absolument la plus efficace."

 

La technique ou l'enjeu du siècle (1952), Jacques Ellul, éd. Economica, coll. classiques des sciences sociales, 2008, p. 18
 
"Jamais l'homme n'a atteint une pareille décadence morale, spirituelle, psychique, une telle anomie, le taedium vitae, l'appel de la mort, l'hypnose suicidaire collective... Là est déjà le châtiment de l'Occident envahisseur. Prométhée de nouveau enchaîné, mais par ses propres moyens. Jamais je l'affirme comme historien et sans rien magnifier du passé, jamais l'humanité n'a atteint une telle puissance, une telle souffrance universelle, un pareil désespoir."
 
La foi au prix du doute, "Encore quarante jours", Jacques Ellul, éd. La Table Ronde, 2015 (ISBN 978-2-7103-7566-1, p. 270
 
"Par conviction spirituelle, je ne suis pas seulement non violent mais je suis pour la non-puissance. Ce n'est sûrement pas une technique efficace. (...) Mais c'est ici qu'intervient pour moi la foi. (...) On ne peut pas créer une société juste avec des moyens injustes. On ne peut pas créer une société libre avec des moyens d'esclaves. C'est pour moi le centre de ma pensée."
 
Entretiens avec Jacques Ellul (1994), Jacques Ellul et Patrick Chastenet, éd. La Table Ronde, 1994, p. 52
 
"C'est maintenant la technique qui opère le choix ipso facto, sans rémission, sans discussion possible entre les moyens à utiliser... L'homme (ni le groupe) ne peut décider de suivre telle voie plutôt que la voie technique .... ou bien il décide d'user du moyen traditionnel ou personnel ... et alors ses moyens ne sont pas efficaces, ils seront étouffés ou éliminés, ou bien il décide d'accepter la nécessité technique, il vaincra ... soumis de façon irrémédiable à l'esclavage technique. il n'y a donc absolument aucune liberté de choix."
 
Le système technicien (1977), Jacques Ellul, éd. Calmann-Lévy, 1977, p. 245


5 réactions


  • Pierre Régnier 7 novembre 2015 11:03


    Après la mort de Jacques Ellul, trois de ses anciens élèves ont publié, aux éditions de La Table Ronde, d’utiles compléments sur sa pensée : ses cours sur

     

    La pensé marxiste (éd. La Table ronde, 2003)

    et sur

    Les successeurs de Marx (éd. La Table ronde 2007)

     


  • Gollum Gollum 7 novembre 2015 17:41

    Connaissais pas trop Ellul ce fut donc une découverte pour moi. Assez d’accord avec tout ce qui a été dit notamment l’importance d’avoir une attitude contemplative (étonnant de la part d’un protestant) d’être engagé à partir d’un désengagement..


    Et évidemment sur la véritable révolution à faire qui n’a rien à voir avec ce qui été fait jusqu’ici…

    Puisque Hiéro est allé piocher quelques opinions d’Ellul sur l’Islam je me permets de donner aussi celle-ci, avec laquelle je suis d’accord (m’enfin tout le monde le sait ici) : 

    Ellul considère que le marché passé entre l’Église et l’État sous Constantin constitue la « subversion du christianisme » par excellence.

    Façon de dire en fait que le christianisme n’a jamais réellement existé.

    • maQiavel maQiavel 7 novembre 2015 19:38

      @Gollum
      Le christianisme a existé et existe de ma perspective mais dans l’Eglise, la vraie qui est une entité spirituelle, l’épouse authentique du christ, mais pas dans les églises institutionnelles quelles qu’elle soient qui sont des structures de pouvoir et des outils de contrôle social. 

      Là où deux ou trois chrétiens se rassemblent pour adorer en esprit et en vérité, là est l ’Eglise , là est le christ, là existe le christianisme... 


    • Pierre Régnier 7 novembre 2015 23:41

      Bonjour Gollum

       

      Là encore Ellul avait raison. Mais la pire "subversion du christianisme" aujourd’hui, elle est dans l’accord tacite entre l’église et les faux laïcs de la Fausse Gauche au pouvoir en France pour ne pas réfléchir sur la théologie criminogène.

       

      Elle l’est encore très concrètement mais indirectement dans le catholicisme (*) et le judaïsme. Elle l’est très concrètement et très directement dans l’islam, qui l’a copiée dans les textes sacralisés par les deux grands monothéismes antérieurs à sa création.

       

      Débarrasser les religions de leur théologie criminogène ça doit être l’un des principaux objectifs de "la véritable révolution à faire". Il y va de la possibilité de pacifier le monde où vivront nos enfants et petits-enfants.

       

      (*) http://www.blog.sami-aldeeb.com/2011/09/18/benoit-xvi-premier-responsable-de-la-violence-religieuse/

       


  • Serge ULESKI Serge ULESKI 8 novembre 2015 11:59

    Merci pour ce partage


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