mercredi 28 février 2018 - par Le Canard républicain

Aude Lancelin : « Pourquoi une telle accélération de la republication des auteurs fascistes ? ». Réponse de l’historienne Annie Lacroix-Riz

Lundi dernier, l'historienne Annie Lacroix-Riz était l’invitée d’Aude Lancelin sur lemediatv.fr.

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Par rapport aux sujets évoqués dans cet entretien, vous pouvez consulter notamment sur le site du Canard républicain les articles d'Annie Lacroix-Riz suivants : 

- Olivier Dard et Maurras : ni antisémite, ni germanophile, ni pronazi…
- Riposte à la campagne en cours sur « la gauche (quelle “gauche” ?) qui collaborait » et « l’extrême droite qui résistait » sous l’Occupation

Pour aller plus loin, une invitation à lire l'interview d’Annie Lacroix-Riz sur la Synarchie.

J.G.

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13 réactions


  • Mahler 28 février 2018 13:14

    En quoi ces gênants de publier des auteurs "fascistes" ? Certains pouvaient même dire des choses intéressantes, y’avait une critique de la démocratie bourgeoise qu’ils partageaient avec les communistes et qu’il n’y a plus aujourd’hui. La république a bien publié marx et consort ses ennemis, pourquoi ne publierait elle pas ses autres ennemis : les fascistes ? 


    • Buk100 Buk100 28 février 2018 16:29

      @Mahler

      Personne ne semble dire que c est gênant, du moins dans cette vidéo. Lacroix-Riz explique plutôt le contexte général de l édition et de la science historique vis-vis de ces écrivains et de cette période. Enfin, c est ce que j en ai compris

      Concernant Marx, il n a certes pas été interdit en France (quoique je doute qu il ait été publié sous Napoléon III) mais il est ignoré par les milieux académiques. La première apparition d un de ses textes à l agrégation de philosophie en France date de ...2014.


    • Mahler 28 février 2018 19:16

      @Buk100

      Sauf que on sait que chez les staliniens, les fascistes sont des monstres qu’il ne faut pas publier. Je n’ai pas dit le contraire sur marx(je le défend beaucoup sur ce site) je parlais à notre époque et dans les librairies, internet tout ça, pas pour l’agrégation de philo. 


  • Serge ULESKI Serge ULESKI 28 février 2018 13:35
    Annie Lacroix-Riz que nous sommes nombreux à soutenir sur Internet depuis quelques années est irremplaçable lorsqu’il s’agit de dénoncer dans son travail d’historienne le mensonge par omission de sa profession, en particulier en ce qui concerne le Grand Capital et ses représentants dans la période qui précède la seconde guerre mondiale, puis pendant l’occupation et la collaboration jusqu’aux procès dit de l’épuration et la prise en main de l’Europe par les USA... même si nous restons lucides quant à ses capacités à faire preuve de la même honnêteté et de la même intransigeance à propos de la Révolution russe et de ses acteurs, de Lénine à Staline et l’après... jusqu’à la chute du mur, toute historienne communiste qu’elle est. Sujet et période historique qu’elle se garde de bien de traiter et c’est heureux. 

    Ce qui nous amène à penser que, décidément, nous avons besoin de tous les historiens pour que les mensonges des uns (mensonge par omission le plus souvent) soient dénoncés par tous les autres et vice versa.

    Pour prolonger, cliquez : 

    http://litteratureetecriture.20minutes-blogs.fr/archive/2018/02/28/aude-lancelin-lacroix-941500.html

    • Mahler 28 février 2018 19:14

      @Hieronymus

      Exacte, elle utilise en plus de articles collaborationnistes pour étayer ses thèses(c’est dire la crédibilité de ses sources). Cela dit y’a pas que les cocos dans l’idéologie(y’en a des honnêtes), Courtois(même si plus sérieux) est dans la même veine que elle, comme elle il a fait de l’histoire dans un but purement politique et idéologique. 


    • Serge ULESKI Serge ULESKI 1er mars 2018 10:55

      @Hieronymus

      C’est précisément ce que j’écris à propos de Lacroix Riz : qu’on ne pourrait pas lui faire confiance à propos de l’histoire du PCF et de la Révolution russe. D’où ma conclusion : nous avons besoin de l’amnésie de tous les historiens car il n’y a plus tête en l’air qu’un historien ; et l’Histoire c’est la guerre.


    • Joe Chip Joe Chip 1er mars 2018 12:29

      @Serge ULESKI

      Quel charabia.


  • Perre Sanders 28 février 2018 16:37

    Publication de Drieu La Rochelle dans La Pléiade en 2012 ; publication des Décombres, de Rebatet, en 2015 ; projet de réédition des pamphlets de Céline en 2017 ; projet de célébration du 150e anniversaire de la naissance de Maurras en 2018 = "accélération de la republication des auteurs fascistes" (Lancelin), "multiplication de parutions, de reparutions, de tentatives de reparutions" (Lacroix-Riz).

    Face à tant de rigueur intellectuelle, j’ai décroché après 4’10’’


  • Joe Chip Joe Chip 1er mars 2018 13:36
    Elle ment, personne ne soutient l’idée caricaturale que les "collabos sont venus de la gauche, les résistants sont venus de la droite". Il y a effectivement depuis quelques années une correction du récit édulcoré des années d’occupation qui était basé sur un double "mythe" :

    1) Le mythe gaulliste de la France qui s’était libérée d’elle-même
    2) Le mythe de la résistance "de gauche" et de la collaboration "de droite"

    Ces deux récits ont structuré l’historiographie d’après-guerre jusqu’aux années 70 (pour la mythologie gaulliste) et jusqu’aux années 2000 (pour la mythologie de la résistance de gauche). Dans le cas du premier mythe, on est même allé beaucoup plus loin que la simple réévaluation historique en diminuant le rôle joué par le général de Gaulle durant la guerre (et en accréditant au passage certaines thèses pro-pétainistes). 

    En ce qui concerne le second mythe, on voit que l’on touche à un point encore plus sensible puisque la prééminence morale et idéologique de la gauche reposait en réalité sur cette idée que la gauche avait "résisté" quand la droite avait sombré dans la collaboration avec l’occupant. Et il y a évidemment une figure dans l’histoire française qui incarne à lui seul ce phagocytage historique : François Mitterrand, socialiste venue de la droite (comprendre l’extrême-droite selon les critères contemporains). 

    Epstein n’est pas le seul à avoir pointé du doigt l’implication de la gauche et des pacifistes dans le collaborationnisme et à avoir souligné en parallèle l’implication de "l’extrême-droite" dans la résistance. Il ne le faisait pas d’ailleurs dans une quelconque tentative de réhabilitation de l’extrême-droite française, mais pour faire surgir, ou resurgir, la vérité historique, notamment sur la déportation des Juifs sous la collaboration. 

    Ce qui caractérise de fait l’extrême-droite durant cette période, c’est sa philosophie de l’engagement, contrairement à une certaine idée reçue et convenue qui a fait des collabos des exemples de lâcheté et de médiocrité : en réalité, ces gens entraient en résistance ou collaboraient pour les mêmes raisons, par idéologie ou simple philosophie de l’engagement. Raison pour laquelle la plupart d’entre eux n’ont jamais renié leur engagement après la guerre, choisissant d’aller jusqu’au bout de leur posture (ou de leur imposture). 

    Là encore, on a écrit un récit édulcoré de la résistance pour les besoins de la cause (CNR) en effaçant les déchirements idéologiques et les affrontements violents qui s’étaient déroulés dans les milieux résistants. Selon nos critères contemporains, la plupart des résistants engagés nous apparaîtraient aujourd’hui comme des nationalistes odieux ou des communistes à la limite du fanatisme.

    Ce qu’ont fait Epstein et d’autres historiens, c’est de rappeler que les "modérés" - à l’époque radicaux et socialistes pour l’essentiel - ont souvent opté pour Vichy et la collaboration par rationalité politique. C’est d’ailleurs ce que les pétainistes opposent souvent à la geste gaulienne : le Maréchal a agi de manière responsable et rationnelle, comte-tenu du rapport de force de l’époque.

    Et je trouve ça particulièrement malhonnête de mêler les historiens comme Epstein qui ont rétabli une certaine vérité sur l’ambiguïté de la période (oui, c’est comme ça, il n’y avait pas les méchants nationalistes collaborationnistes contre les gentils socialistes internationalistes résistants) aux idéologues qui défendent le concept de "vichysto-résistance" mais cela permet au passage d’apprécier la probité intellectuelle de Mme Lacroix-Ruiz.

    Sinon, pour l’histoire de la réédition des auteurs dits "fascistes", c’est assez simple à comprendre : ces auteurs n’étaient pas réputés "fascistes", à quelques exceptions près, durant leurs années d’activité polémique ou littéraire. Les auteurs que l’on abusivement regroupé de manière rétroactive sous l’étiquette de "fascisme français" en accréditant au passage des thèses douteuses sur l’origine supposément française de l’idéologie fasciste (Sternhell, BHL...) et en réalisant un gros fourre-tout (Proudhon, Maurras, Céline, Rebatet) étaient en réalité impliqués dans la vie dans la vie intellectuelle, politique et littéraire de la Troisième République. 

    Maurras n’était pas un skinhead aboyant des slogans nazis ni un criminel fasciste mais une figure de la scène politique française. Quant aux auteurs "collaborationnistes", leur trajectoire est complexe, souvent individuelle, entrecroisant l’engagement politique et des postures esthétiques devenues largement inintelligibles à notre époque.

    Raison de plus pour laisser les historiens et les spécialistes de la littérature ou du monde de l’édition s’y intéresser et restituer "la" vérité de ces auteurs dans le contexte de l’époque, qu’il n’a jamais été question de confondre avec "la" vérité et les jugements historiques que l’on peut porter a posteriori sur leur engagement.

    • Joe Chip Joe Chip 1er mars 2018 15:44

      @simplesanstete

      L’expression "situationniste de la City" au sujet de DG ne veut absolument rien dire. 


    • Joe Chip Joe Chip 1er mars 2018 15:53

      @simplesanstete

      Le seul fait que vous utilisiez mon post pour refourguer votre vidéo de Ploncard d’Assac montre que vous avez survolé mon propos ou que vous n’y avez rien compris. 

      C’est ça qui est pénible quand on essaie de faire de l’histoire à tête froide et de rectifier certains arrangements avec la vérité. L’autre catégorie de menteurs (les pétainistes qui ont développé leur propre mythologie) essaient aussitôt de récupérer ces éléments pour justifier leur propre thèse.


  • Mao-Tsé-Toung Mao-Tsé-Toung 3 mars 2018 02:39

    La très bourgeoise Annie Lacroix-Riz, historienne engagée & partant automatiquement objective, nous cite Doriot, alors numéro 2 ou 3 du PC, quand il fit son saut périlleux dans l’Axe du Mal  !
    Elle ne nous dit pas comment ça arriva ?!
    Doriot fut chargé de faire un tour du monde de "solidarité" du PCF avec tous les opprimés de la terre ; il en revint très déprimé par le constat établi :
    les camarades opprimés lui montrent pour la plupart, un réflexe racial fort, plutôt que marxiste , c’est à dire, de classe, comme la théorie l’enseignait en particulier, en France, pays colonisateur s’il en fut... !
    C’est ça la vérité historique dont le PCF, ne s’en est jamais remis : les prolos français votant en masse pour les fachos du FN !

    J’ai visionné 2/3 MN à tout casser !

    L’amnésie camarades, ça va un moment !

    Merci


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