Un autre
ministre, qui n’avait qu’un CAP est arrivé ministre des affaires sociales :
Pierre Bérégovoy. Mais entre les mains de Mitterrand, il n’a pas eu de chance
le pauvre, devenu l’exécutant de basses œuvres de la libéralisation des
marchés.
Emporté par
le plaidoyer d’Ambroise Croizat (qu’il mérite pleinement), Michel Etievent, fusionne son oeuvre avec le programme du CNR. Croizat a bien été l’artisan du régime
général de la Sécu et des retraites en tant que ministre en 1945 et c’est
considérable. Mais c’était une « commande » du CNR, pas une simple
revendication d’un parti politique ou d’un syndical. Et les Français savaient leur
retard sur le système bismarckien : assurance généralisée contre les risques
maladie en 1883, contre les accidents du travail en 1884 et de vieillesse
et d’invalidité en 1889. Ce qui n’enlève pas les rôles joués par les grèves de 1936, les pressions du syndicat CGT et du
parti communiste.
" Qui a inventé les CE ? C’est
Ambroise Croizat " ;
Non. C’est
Philippe Pétain, avec la loi du 4 octobre 1941.
https://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/Loi_du_4_octobre_1941.pdf
Les comités d’entreprises (sous le titre « comités
sociaux ») étaient obligatoires au-delà de 100 salariés. Les autres
pouvaient être regroupés dans la région sous un même comité social de la
profession. Ces comités sociaux étaient chaperonnés par des comités sociaux de
branche par région et nationalement. Ce qui permettait les négociations dans l’entreprise
entre employeurs et salariés, mais aussi les conventions collectives de branche
(une nouveauté encore).
Dans cette
même loi, le gouvernement fixe le salaire minimum vital, autre nouveauté.
Par
ailleurs, les tickets restaurants ont été introduits par le régime de Vichy,
parmi de nombreuses mesures sociales.
Ce qui a
changé a été que Pétain a dissous les syndicats CGT et CFDT en 1940 (qui ont
continué sous forme clandestine), car il refusait la lutte des classes. Mais il
a établi les syndicats de corporations, présents dans les comités sociaux et
représentant les branches professionnelles, en leur refusant toute activité
politique en confessionnelle. De fait, Pétain a légitimé la participation des
syndicats au fonctionnement de l’entreprise, alors qu’ils étaient encore des
associations professionnelles d’ouvriers, depuis la loi Waldeck-Rousseau qui agissaient
plutôt comme « lobbies » de classe, que parties prenantes aux
activités sociales de l’entreprise.
Après, ce
sont deux philosophies : le syndicat de classe ou le syndicat de
corporation, le débat reste ouvert et les deux existent maintenant.
Et ça n’excuse
pas son engagement du pays dans la soumission à l’Allemagne, qui a été son vrai désastre.