maQiavel maQiavel 13 septembre 2021 18:01

@micnet @yoananda2

Salut.

Je n’ai pas lu toute votre conversation dans le détail. Et du peu que j’ai lu, il y’aurait tellement à dire qu’il faudrait carrément une dizaine d’articles sur ago rouge pour répondre. Je voulais juste revenir sur l’équilibre entre le collectif et l’individu*.

Tout le monde semble d’accord sur le fait qu’il faille trouver un bon équilibre. Quand on creuse un peu, on se rend compte qu’on trouve rarement des positions totalement individualistes ou totalement collectivistes. Et pourtant cette question absurde revient tout le temps : l’individu au-dessus du collectif ou le collectif au-dessus de l’individu ?

C’est une question stupide qui découle de l’incapacité à différentier les espaces sociaux. Oui, la société est un tout. Mais dans ce tout, il y’a des parties qui ont leurs spécificités et qui ne peuvent pas fonctionner selon les mêmes règles. Ces parties, ce sont les espaces sociaux et il est fondamental de pouvoir les penser pour ne pas tout mélanger. Je vais prendre deux exemples caricaturaux.

-Vous êtes avec votre compagne dans votre lit et vous consentez tous deux à coucher. Eh bien dans cet espace social là en particulier, l’individu doit être supérieur à la collectivité. Enfin, vous avez le droit d’être contre cet avis évidemment et considérer qu’à partir du moment où la majorité de la population décide par référendum de la façon dont vous devez caresser votre compagne, vous devez vous y plier. Mais moi, je n’ai pas trop envie qu’on mette des caméras dans ma chambre pour vérifier si j’obéi à la collectivité, je n’ai pas envie qu’on me dise que mes pratiques sexuelles sont trop hétéronormatives et que je devrais par exemple m’ouvrir (dans tous les sens du terme) à certaines pratiques LGTBQI + parce que la collectivité l’a décidé. C’est moi et ma compagne qui décidons de notre intimité et si la collectivité n’est pas contente, je n’ai aucun problème à lui dire d’aller se faire foutre.

-Vous êtes élus maire de votre municipalité et vous devez célébrer un mariage. Eh bien, vous devez porter l’écharpe tricolore. Vous ne pouvez pas dire « oh mais je suis libre, j’enrobe mon corps de ce dont j’ai envie ». Là, vos désirs personnels, on s’en branle, vous agissez en tant que représentant de la République française et vous devez donc en porter les attributs. Si vous n’êtes pas content de cette restriction de votre liberté, vous pouvez démissionner, personne ne vous a obligé à devenir maire. Eh bien, dans ce cas spécifique d’exercice d’une fonction publique, c’est la collectivité qui est supérieure à l’individu.

On peut multiplier les exemples pour montrer que parler dans l’absolu de supériorité du collectif sur l’individu (ou inversement) n’a aucun sens, la hiérarchie est toujours relative à l’espace social dans lequel on évolue. Penser la différentiation des espaces sociaux (intimes-privés-publics) est donc fondamentale. 

*Précision : pour ne pas tomber dans des spéculations métaphysiques infinies, je précise que j’utilise ici le terme « individu » comme synonyme d’organisme homo-sapiens adulte, je ne fais aucunement référence au libre arbitre, à l’âme ou à ce genre de concept, vous pouvez utiliser le mot « personne » ou d’autres si vous voulez, peu importe, j’ai une approche fonctionnelle du langage et je considère que les mots sont des instruments que chacun est libre d’appliquer à l’usage qu’il souhaite à condition qu’il s’explique sur le sens qu’il leur donne. 


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe