maQiavel maQiavel 30 juin 2020 18:29

Terminé les vidéos. La journaliste ne les interrompt pas mais ne les laisse pas se répondre en enchainant les questions et c’est plutôt dommage car ça n’a pas permis à Rémi Brague de développer ses vision des choses.

Sans surprise, je suis plutôt d’accord avec le propos de Souleymane Bachir Diagne. Une remarque cependant, aux environs de 7 : 30, il dit vis-à-vis de tueries faites au nom de l’islam « Il faut toujours éviter de considérer que les actions de cette nature sont les conclusions de prémisses qui se trouveraient dans les textes religieux ». Je ne sais pas, il y’a plusieurs hypothèses contradictoires à ce sujet et d’autres qui en font la synthèse, quoiqu’il en soit les faits sont là : dans la France du XXI siècle, la religion au nom de laquelle se fait des tueries, c’est exclusivement l’islam. Et ceux qui commettent ces tueries le font au nom des textes de la tradition islamique. Ce simple constat doit amener à tirer la conclusion que dans notre contexte, ces textes jouent un rôle polémogène, même s’il est difficile de dire avec certitude à quel niveau.

Est-ce que ça veut dire que tout musulman de France est susceptible de commettre des tueries parce que ces textes seraient par essence polémogène ? Bien sur que non, la simple observation des faits contredit cette hypothèse : il n’y a qu’une quantité infinitésimale de musulmans qui commettent des tueries au nom de ces textes, une quantité plus grande mais qui reste infime qui soutien ces tueries mais par contre une très grande quantité qui les réprouvent. Pourquoi ? Pour plusieurs raisons dont celle-là : tous les musulmans n’interprètent pas les textes de la même façon, quand bien même ils considèrent qu’ils sont d’origine divine. 

C’est assez facile à comprendre pour les gens qui connaissent l’univers protestant qui a en commun avec l’univers musulman qu’il n’y existe aucun pouvoir supérieur qui a l’autorité d’imposer une interprétation à tous les croyants. Les débats sur le sens des textes ( parfois aussi considérés comme divin ) sont infinis dans cet univers, particulièrement chez les évangélistes (mais heureusement, il n’y a pas le même problème de gens qui tuent au nom de leurs croyances dans le contexte qui est le nôtre). Par contre, lorsqu’on adhère à « l’idéologie du texte absolu » comme l’appelle Jean Greisch, c’est plus difficile à comprendre puisque dans cette conception, le sens est immanent au texte, il y’a une immédiateté du sens littéral, ce qui peut être envisageable lorsqu’il ne s’agit que d’un mot ou d’une toute petite phrase (et encore, même dans ce cas c’est contestable), mais dans des textes contenant des dizaine de milliers de mots et des milliers de phrases, c’est du fantasme. Ceux-là confondent souvent le sens littéral avec leur propre interprétation totalisante et définitive des textes qui a pourtant sa part de subjectivité ( pour un tas de raisons qu’il serait trop long d’énoncer). Donc lorsqu’ils voient des gens qui donnent aux textes un sens différent du leur, ils parlent de méconnaissance ou de mensonge, ils ont du mal à envisager qu’il soit possible de les interpréter différemment. 


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