Laconicus Laconicus 19 mai 2020 14:46

@Gollum

"On dirait bien que Steiner avait finalement une très haute opinion de Nietzsche. Sans doute un adolescent amateur de philosophie décadente."

Comme je l’ai dit plus haut, Steiner éprouvait sympathie et compassion pour Nietzsche, qui était bien plus âgé que lui (presque une génération les séparait). Il était effectivement très jeune quand les premiers livres de Nietzsche parurent. Il reconnut plus tard en cet auteur talentueux et tourmenté une âme courageuse et sensible mais incapable de dépasser le gouffre matérialiste de son époque, un gouffre dans lequel l’esprit de Friedrich s’est finalement abîmé. C’est pourquoi Steiner écrivit à son sujet :

"Tout ce que le XIX’ siècle a produit, en tant qu’idées serait là sans Nietzsche, l’avenir ne le tiendra ni pour un philosophe original, ni pour un fondateur de religion ou pour un prophète ; il sera considéré comme un martyr de la connaissance qui trouva l’expression poétique pour dire ses souffrances... De plus en plus, on reconnaîtra que son génie n’est pas dans la production de pensées nouvelles, mais que les pensées de son temps le firent profondément souffrir... il devint le poète de la manière nouvelle d’envisager le monde."

Nous parlons là d’événements graves, d’une époque d’une surprenante richesse, d’un tournant tragique de l’histoire humaine. C’était bien avant la domination de la vulgarité tranquille qui s’est installé en Europe après la seconde guerre mondiale. Nietzsche était un grand homme, je n’ai rien contre lui. Mais il était malade et par moment c’est la maladie qui lui dictait ses écrits. 


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