Laconicus Laconicus 22 avril 2020 02:32

@micnet
"De manière générale, on pourrait évoquer le "fameux droit d’ingérence" sous des prétextes humanitaires..."

Le registre des actions conduites au nom des droits de l’homme est celui de "l’objection de conscience". Prenons un exemple. A priori, la manière dont votre voisin élève ses enfants ne vous regarde pas. Vous n’avez pas à vous ingérer dans les affaires qui ne concerne pas votre propre famille. De même que l’Etat français souverain est le seul juge a priori pour décider s’il a le droit de crever les yeux de manifestants pacifiques en tirant au hasard sur la foule ou en visant des meneurs, et qu’il n’a pas à être jugé par les Etats voisins.

Cependant si vous apercevez un jour, par une fenêtre ouverte, votre voisin en train de commencer à scier une jambe de son fils attaché à une table et hurlant, vous contenterez-vous de détourner la tête ou même d’appeler la police en sachant que la jambe sera complètement sciée avant que vous n’ayez le temps d’avoir un agent au bout du fil ? Ou bien votre conscience vous objectera-t-elle que respecter la procédure normative n’est pas suffisant dans ce cas singulier et qu’une action immédiate s’impose ?

On pourrait multiplier les exemples bien réels de ce genre. Les lois évoluent presque toujours par des transgressions répétées des normes, inspirées par des objections de conscience. Alors, certes, l’objection de conscience peut aussi être un prétexte invoqué mensongèrement pour outrepasser une juste règle : le mal est alors le mensonge et non la conscience.

On ne peut pas faire un principe général de l’objection de conscience ou bien toute règle disparaît  : c’est pourquoi les droits de l’homme doivent rester une philosophie morale et politique. Mais la règle seule appliquée sans conscience ne contient pas son propre correctif et devient vite froidement monstrueuse : c’est pourquoi des instances métapolitiques doivent pouvoir faire des rappels de conscience dépassant la portée des simples déclamations poétiques. 


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