Joe Chip Joe Chip 6 avril 2020 12:15

C’est de la communication de crise, d’autres "responsables" (et oui pas de hiérarchie dans le protestantisme) présentaient cette secte (car c’est bien de ça dont il s’agit) il y a encore quelques jours comme une "victime" injustement désignée du doigt en rejetant toute la responsabilité sur les autorités politiques. Un médecin présent durant le rassemblement et lui-même contaminé osait répondre à un journaliste qui lui demandait si une telle promiscuité entre croyants n’avait pas contribué à répandre l’épidémie qu’il fallait parler de "spiritualité" et non de promiscuité au sens physique, pour dire à quel point ces gens peuvent s’enfoncer dans le déni pour nier la réalité et protéger leur communauté.

En réalité il y a un impensé de la maladie et de la contagion physique chez ces religieux dans la mesure où ils adhèrent (comme les juifs orthodoxes et une partie des musulmans) à des dogmes et des superstitions archaïques qui les amènent à voir la maladie comme le signe d’une corruption morale. Or, le croyant intimement convaincu de la sincérité de sa foi se perçoit naturellement comme "immunisé" contre cette corruption, qu’il tend au contraire à projeter sur les autres et le reste de la société. On se souvient qu’au début de l’épidémie du VIH beaucoup de gens, y-compris des enfants, qui avaient été contaminés lors d’une transfusion, ont été violemment ostracisés et rejetés de leur communauté car les croyants voyaient la contamination comme une conséquence du péché et un signe de désapprobation divine. C’était la "maladie des homosexuels", un stigmate moral donc. 

Ce sont exactement les mêmes réflexes et la même fierté mal placée qui ont amené ces Evangélistes à croire que le coronavirus ne les concernaient pas vraiment ou d’autres à estimer qu’il s’agissait d’une "maladie de blancs".

Evidemment, quand la contamination atteint les hommes de pouvoir au sein de la communauté, le discours change du tout au tout. On ressort tout le baratin sur la compassion et la fausse contrition des chefs qui demandent à leurs subordonnés de revenir à un peu plus d’humilité collective (culpabilisation). Le comble de l’hypocrisie et de l’arrogance est atteint quand ils proposent, immanquablement, de retrouver le "vrai" sens des Evangiles alors que c’est précisément cette interprétation littérale des soi-disant vérités contenues dans les Evangiles qui les ont conduit à ignorer dans un premier temps toutes les mesures préventives, tout simplement parce qu’ils se croyaient préservés du mal.

Autrement dit ces intégristes utilisent cette crise non pas pour se livrer à une "remise en question" salutaire ou à une réactualisation critique de leurs dogmes mais pour justifier encore un peu plus leur vision puriste et purificatrice de la religion, c’est très clair dans les propos du pasteur.

Ces évangéliques sont des personnalités sectaires, arrogantes et égoïstes, mais évidemment, leur force de conviction fait qu’ils se vivent comme humbles et désintéressés, voire persécutés par le reste de la société, ce qui les rend d’autant plus nuisibles par rapport à nous autres, pauvres incrédules qui n’avons pas la foi pour nous persuader que nous sommes les gentils de l’histoire, que nous agissons toujours pour le mieux, et pour nous pardonner toutes nos erreurs sans avoir à les corriger.


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