Laconicus Laconicus 26 octobre 2019 00:02

@maQiavel
"il y’a selon moi des limites à la souveraineté populaire, de la même manière qu’il y’a des limites aux droits individuels."

Pour moi aussi. Cela me paraît évident : la souveraineté populaire est limitée par les droits individuels et inversement. Mais aussi et plus précisément, la souveraineté populaire ne concerne que l’espace social. Elle n’a pas à s’appliquer, par exemple, à l’intimité spirituelle. Ma relation avec la divinité, avec l’incommensurable, avec le mystère de l’existence, l’Etat ne doit pas s’en mêler, et l’opinion publique non plus. Ce n’est pas seulement une limite dans ce cas, c’est plus radicalement que la souveraineté populaire n’y a aucun droit. Ce n’est pas son domaine, point barre. 

Cependant, les personnes qui, à l’inverse, ne peuvent pas s’empêcher d’exprimer leur religion dans l’espace social la font entrer en conflit avec la neutralité requise pour faire société paisible avec tous. C’est à la fois une violence venant briser le pacte de neutralité républicaine et une indécente exhibition sur la place publique de ce qui doit rester dans le secret du coeur. C’est une incivilité odieuse et c’est une impudeur spirituelle. 

Par ailleurs, sur le simple plan du bon sens, une personne qui ne peut pas décoller de sa tête un morceau de tissu inutile et qui n’est pas capable non plus d’en donner d’autres explications que "c’est la volonté de mon Dieu" (ce que j’ai souvent entendu de la part des femmes voilée) est une personne inquiétante et potentiellement dangereuse. car qui sait si demain son Dieu ne va pas lui ordonner de faire d’autres choses aussi absurdes et bien plus dangereuses, qu’elle fera avec la même absence de raison et la même absence d’égard pour les autres ? Toutes les choses que nous faisons dans l’espace commun doivent pouvoir s’expliquer en termes de raison commune, donc sans avoir à faire intervenir des motifs et des hypothèses mystiques. Cela n’empêche en rien de vivre des expériences spirituelles au-delà, en-deçà ou à côté de toute raison, mais cela doit s’opérer dans la sphère intime, tout comme la sexualité. Cela doit rester intime, non parce que cela est honteux, mais parce que cela est sacré.

C’est en maintenant la spiritualité en dehors de la sphère publique que l’on peut être en droit d’attendre que la sphère publique ne vienne jamais empiéter sur l’intimité spirituelle.    


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