Nycolas 4 mai 2019 11:55

Le visionnage de la vidéo renforce ce que je pressentais dans mon commentaire au-dessus. L’auteur de la vidéo n’a à opposer aux idées de Branco, que lui-même qualifie de fluctuante, qu’une conviction figée et des idées arrêtées, je cite : "c’est vraiment n’importe quoi".

C’est un véritable problème anthropologique qui se pose en fait dans ce genre de moments historiques initié par le mouvement des gilets jaunes où certaines personnes trouvent simplement leurs limites, incapables d’écouter plus d’un bref moment ce qui ne va exactement dans le sens de leur conviction (une conviction souvent implantée et pas véritablement mûrie ni nourrie), de remettre en cause cette conviction le temps d’une réflexion, et cette quête de certitudes absolues propre à une certaine fraction de l’humanité participe à dissoudre toute dissidence dans des idéologies de niche. Biais cognitifs et aveuglements sélectifs, où l’on reproche ici à Branco de se présenter en Messie, ce qu’il n’est ni ne prétend être, et à se vouer à Saint Asselineau, qui tient un autre discours, également très intéressant, mais à qui le fidèle sectaire choisit de se vouer corps et âme.

Personnellement, je suis pour le frexit, disons au moins la sortie de tous les traités européens et de l’Euro qui joue contre les intérêts français, et néanmoins, ce que dit ici Branco est tout sauf "vraiment n’importe quoi". On ne peut pas faire frexit à la force du poignet d’Asselineau, est-ce que ses fidèles peuvent saisir cela, eux qui sont les premiers à se prétendre "faire de la politique", à s’être investis dans ce domaine ? C’est presque amusant de les voir se targuer de leur stratégisme, de leur habileté, aucunement démontrée d’ailleurs, à faire aboutir leur projet et leurs idées, à faire cavalier seul, et s’enfoncer dans cette pensée magique, alors que Branco rappelle seulement que, même si, peut-être, le frexit peut être souhaitable, le pays n’est tout simplement pas préparé à cette idée, et le projet, en l’état, ne peut qu’échouer en l’absence de débat national sur ce sujet (mais il est vrai qu’on a eu toutes sortes de débats récemment, on ne peut pas tout traiter, surtout des questions de détail de ce genre, ahem, scusez moi, je sais que Macron n’a fait justement qu’occuper le terrain avec sa logorrhée solitaire faite débat pour empêcher les questions de fond de survenir).

Or justement, Branco a le mérite de discuter de ces questions de fond, et l’humilité de dire qu’il n’a pas la solution immédiate. Asselineau, lui, et même si je l’apprécie beaucoup, a beau jeu de prétendre avoir toutes les réponses et toutes les méthodes pour tout, quand bien même il perd ses moyens face au premier journaliste venu le bousculant un peu... et oui, c’est facile de dégommer Branco en tant que "leader opportuniste", encore faut-il se rendre compte qu’on ne fait que se vouer à un autre du même genre...

Enfin si Branco ne mentionne pas l’UPR, il a bien le droit d’avoir d’autres préférences (qu’il critique, et on lui reproche de le faire, ce qui est hallucinant... le fidèle de l’UPR ne peut-il admettre qu’on puisse critiquer ce qu’on défend ? Cela semble nécessaire, cela s’appelle la critique constructive) et sans doute a-t-il, lui au moins, conscience du manque de poids politique de ce parti à l’heure actuelle. C’est peut-être triste mais c’est comme ça.

Enfin le laïus "les gens en ont marre de tous ces politiques, votez Asselineau", achève définitivement cet argumentaire de mauvaise foi prétendant à l’objectivité. Je ne vois pas en quoi Ruffin vaudrait essentiellement moins qu’Asselineau... les deux font de leur mieux et se trompent sûrement, mais la secte UPR semble totalement aveugle aux lacunes de leur propre secte. Et c’est ce que je trouve réellement navrant. Branco est capable de critiquer "les siens", prenez en de la graine.


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