Joe Chip Joe Chip 16 octobre 2018 14:42

@maQiavel

La "souveraineté populaire" donnerait le même résultat ou pire, c’est à dire un émiettement de la souveraineté politique puisque sans vouloir faire le mauvais esprit, la souveraineté populaire dans le 93 et la souveraineté populaire dans le Berrichon renvoient pratiquement à deux corps politiques différents, d’où le caractère "implosif" de la situation actuelle et les références obscures mais révélatrices des uns et des autres aux risques de "guerre civile" qu’il ne faut pas exagérer mais qui reste une possibilité. 

Sur l’immigration, je n’ai pas parlé d’arrêt : cette politique, quand bien même elle serait souhaitable (et je ne le crois pas) serait tout simplement inapplicable pour des raisons structurelles, sauf à vouloir asphyxier des pans entiers de l’économie française devenus dépendants de la main d’oeuvre immigrée (c’est un fait).

Sur le point 2 , l’ appareil d’Etat français est l’un des plus puissant au monde. On parle souvent de territoires perdus de la république ( des territoires qui sont en réalité délégués et non perdus mais c’est une autre histoire )  mais la réalité est que ces territoires pourraient être repris en main en quelques centaines d’heures avec une grande efficacité. 

Là je suis relativement d’accord et je ne vois pas ce qui peut te faire penser que j’ai dit le contraire. Mais je ne pense pas que ces territoires pourraient être facilement repris en mains car à la minute où l’Etat déciderait de rétablir ses prérogatives sur l’ensemble du territoire, un concert de protestations jailliraient des pays arabo-musulmans et de leurs officines et relais politiques domicilés en France qui viendraient à la rescousse de leurs ressortissants (la binationalité n’est pas qu’une histoire d’avoir un père et une mère...) Les USA ne manqueraient pas de faire part de leur "vive inquiétude" sur les évènements se déroulant en France, de multiples acteurs et Etats ayant intérêt à affaiblir durablement et définitivement le pays se manifesteraient. Les institutions internationales ne resteraient pas neutres. On ne peut pas exclure un scénario à la syrienne. 

Cela n’est pas officiel, mais selon plusieurs sources proche des cercles militaires, des scénario envisageant l’intervention d’une force armée étrangère sur certaines parties du territoire (l’Algérie et Marseille pour ne pas les nommer) sont étudiés par l’armée française (qui se doit d’envisager tout type de menace, y-compris les moins plausibles).

Sans aller jusque-là, rien n’empêcherait par exemple le Maroc ou l’Algérie de réclamer l’intervention d’une force internationale pour protéger leurs ressortissants binationaux.

Bref, même si l’appareil d’Etat est aussi puissant qu’on le dit (j’en doute aujourd’hui, mais soit) il me paraît illusoire de penser que la situation pourrait être rétablie en quelques "centaines d’heures’.

Et de fait , ce formalisme appliqué avec rigueur y compris par l’usage de la coercition étatique si besoin est ,  exclurait de fait l’islamisme de la sphère politico-juridique.

J’enregistre bien nos désaccords sur la laïcité même si je ne parle pas d’adhésion à de soi-disant "valeurs". Le discours sur les valeurs (de droite, de gauche, humaniste ou autre) ne mène pas très loin sur le plan politique. Je critique la conception géographique de la laïcité dans le sens où elle est devenue une manière de sa cacher la réalité ou de la repousser artificiellement en dehors de l’école et de quelques lieux symboliques. C’est pour cela que j’ai comparé la situation à certains pays arabes ayant tenté de séculariser leurs structures publiques : l’échec a été retentissant dans la plupart des cas, conduisant soit à la dictature soit au national-islamisme (Egypte, Turquie). Faire l’apologie de la raison d’Etat et de la "coercition étatique si besoin", c’est bien, mais il se passe quoi quand l’Etat tombe entre de mauvaises mains ? Ou quand l’Etat passe un deal avec les islamistes, comme en Algérie ?

Dans le monde arabe, les sociétés civiles se sont désagrégées malgré - ou à cause de ? - la présence d’un Etat fort face aux islamistes. 

Pour moi le fait de transformer peu à peu la laïcité en un "rempart" ou  une orthopraxie juridique à caractère rigoriste voire mécanique comme tu le dis est justement un des révélateurs de l’emprise de la religiosité musulmane et de son formalisme sur la société française. La vie d’une communauté politique ne peut pas être entièrement régie par les abstractions du droit, on le voit terriblement par exemple sur la question - à priori anecdotique - des piscines publiques, où l’en en vient à examiner la matière du burkini pour constituer ou non le caractère prosélyte du vêtement. 

Il faut donc rester sur des positions de principe face à l’islamisme et assumer sans vergogne la défense d’un modèle comportant ses spécificités. 


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