Joe Chip Joe Chip 16 octobre 2018 11:21

@maQiavel

Sur le 1, je ne vois pas trop le rapport (non démontré) entre la perte supposée de la souveraineté nationale et la progression de l’islamisme. La France gère souverainement sa justice, sa police et sa politique migratoire, c’est un fait sur lequel tous ceux qui entendent démontrer que le laxisme, la perte d’autorité dans les quartiers et l’immigration de masse seraient liés à l’UE viendront continuellement buter. L’Italie est un pays fondateur de l’Europe et n’a pratiquement pas connu d’immigration jusqu’à une période très récente. Le phénomène des banlieues n’existe qu’en France et en Belgique - et sous une autre forme en Angleterre - ce qui a pu suggérer à certains chercheurs américains l’idée saugrenue que la "culture politique française" voire la "langue française" serait le facteur déterminant de la radicalisation islamique. Ce n’est pas la CEDH qui a permis le regroupement familial "automatique" mais le conseil d’Etat par une jurisprudence de 1978. Ce n’est pas l’UE qui est allé chercher des millions de travailleurs immigrés en Algérie et en Afrique subsaharienne, mais les grandes entreprises françaises avec l’appui des pouvoirs publics. On pourrait multiplier ce genre d’exemples.

Evidemment les conséquences plus ou moins chaotiques de toutes ces décisions peuvent donner rétrospectivement l’impression qu’une perte de souveraineté ou un affaiblissement de l’Etat sont à l’origine des problèmes, mais cela revient en fin de compte à inverser la cause et la conséquence. Car il est évident que l’islamisation - quel que soit le mot que l’on pose sur cette réalité kaléidoscopique - remet en question la légitimité voire la souveraineté de l’Etat sur une partie du territoire.

J’ai un aperçu personnel sur le sujet pour avoir une cousine qui vit à Sant-Denis depuis plusieurs années. Son gamin est le seul blanc ("gaulois") dans sa classe et, pour ne pas devenir la tête de turc, a subi un véritable processus d’intégration à l’envers en adoptant la plupart des codes sociaux de la population devenue majoritaire. Et ces codes sociaux proviennent évidemment de l’Islam. Quand un gamin de 10 ans demande à sa mère de mettre un pantalon pour venir la chercher à l’école car il a honte de la voir s’habiller comme une "salope", ce n’est pas le résultat d’un soi-disant processus de radicalisation liés à l’emprise d’une minorité de croyants "instrumentalisant l’Islam", mais la conséquence concrète d’une évolution démographique. Et c’est précisément le genre de pression sociétale d’origine religieuse qui passe complètement sous le radar de la sociologie officielle et de l’investigation journalistique. Face à ces problématiques, l’administration est démissionnaire et se dissimule derrière une conception géographique de la laïcité (une fois passé le portail on ne peut plus rien demander, à la rigueur on aurait tort de le faire) envisageant clairement désormais l’école comme une sorte d’oasis laïque entourée d’un océan de religiosité islamique.

Bref, je ne vois pas trop où notre perte supposée ou réelle de souveraineté vient s’insérer dans ce schéma. 

2. Celles qui relèvent de l’application de lois déjà existantes ( et qui posent la question du pourquoi ces lois qui existent ne sont pas appliquées sur laquelle je ne m’attarderais pas ).

Là nous sommes d’accord mais la raison pour laquelle les lois ne sont pas appliquées est toute simple : elles ne sont plus applicables. Soit parce que l’Etat n’en a plus les moyens, soit parce qu’elles impliqueraient un recours à la violence légitime qui serait précisément dénoncé comme illégitime par un certain nombre d’institutions ou d’acteurs paraétatiques. Quand un Etat a perdu le monopole de la violence légitime, il est impuissant, comme peut l’être l’Etat français qui se contente de lutter à la marge contre ces phénomènes ou d’en réduire la visibilité en allant parfois jusqu’à passer des compromis douteux avec des islamistes patentés. 

Et puis la résolution du problème passe de toute façon par une compréhension plus approfondie de la situation qui rappelle désormais par de nombreux aspects celle des pays arabes qui ont tenté d’installer une forme de laïcité dans l’enseignement public. Dans un contexte sociétal musulman, la laïcité devient systématiquement - à l’image de l’Islam - un système de codification étroit où la lettre se substitue à l’esprit : il n’est plus question de défendre une certaine conception de l’autonomie de la sphère publique, mais de faire respecter un certain nombre de règles, d’observances. La pression sociétale de l’Islam ne fait que renforcer cette tendance et c’est ce qui explique selon moi en grande partie certaines dérives dites "laïcardes" que l’on a pu voir après les attentats de Charlie Hebdo ou telles qu’elles peuvent s’exercer, par déplacement, contre les inscriptions de la culture catholique (crèche, monuments avec croix, etc.)

Or, cette laïcité réduite à un formalisme juridique ne fait que servir de sparring-partner à l’islamisme qu’elle a en réalité renoncé à combattre sur le fond en utilisant les moyens appropriés (j’y viens à la fin de mon post). 


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