Joe Chip Joe Chip 22 mars 2016 23:50

@maQiavel

Je pense que vous jouez (un peu) sur les mots pour éluder le fond du sujet (le ressentiment propre à la culture arabo-musulmane). Moi je veux bien qu’on utilise des tas de précautions oratoires pour définir le sujet et savoir si l’on parle des occidentaux, des occidentaux blancs ou arabes, en ajoutant le critère de la couleur de la peau histoire de compliquer superficiellement les choses, mais franchement ce n’est pas le sujet. Votre critique concerne surtout les tarlouzes blanches occidentales fragiles qui "s’effondrent psychologiquement" après le moindre attentat. En tout cas tout le monde ici l’interprète comme ça.

J’avoue avoir du mal à me représenter quelqu’un se baladant dans une ville en état de choc suite à des attentats et ironisant en son fort intérieur sur la réaction des gens, établissant des comparaisons bizarres avec une période totalement différente que vous n’avez pas connu (les bombardements de Londres), comme si tout cela était un laboratoire sociologique vous permettant de vérifier un certain de nombre de certitudes sur les "occidentaux". Et je souligne simplement que cette démarche un rien essentialiste me surprend de la part de quelqu’un qui pourfend habituellement les caractérisations et autres généralisations abusives visant les arabes. 

En réalité, n’importe quel humanitaire vous confirmerait que les gens pleurent et s’effondrent, victimes d’un phénomène appelée la "sidération psychologique" après des attentats au Pakistan ou ailleurs. Seule une minorité de gens entraînés ou exceptionnellement braves et alertes parviennent à sortir de l’évènement pour agir dans de telles circonstances. Et je vous rappelle que ces djihadistes subissent tous un entraînement complexe de type paramilitaire pour maîtriser leurs réactions. Le tocard Abdelslam n’a visiblement pas été sauvé de la couardise par sa "virilité islamique". 

Pour la résilience anglaise, si vous soupçonnez une quelconque cause biologique derrière le "flegme" et la "dignité" du peule londonien, je crois surtout que le fait de n’avoir jamais été directement menacé par les panzers ou les soldats nazis a été un facteur décisif pour empêcher "l’effondrement psychologique" de la population. Les Anglais n’ont par ailleurs jamais été menacé par un ennemi extérieur depuis le XIème siècle. Ils n’ont pas connu des guerres d’anéantissement comme à Verdun. En outre, ce parallèle n’est pas pertinent : une bonne partie de l’opinion anglaise et la quasi totalité de la classe politique britannique étaient en réalité acquises au pacifisme, voire à la collaboration avec les nazis (dont l’héritier du trône, activement surveillé par les services secrets pour sympathie nazie). C’est Churchill qui a inversé cette tendance et qui a galvanisé la population. Sans lui, il est probable que les politiciens anglais auraient cherché un compromis avec Hitler, qui était d’ailleurs persuadé que les "cousins de race anglo-saxon" accepteraient de soutenir et financer sa guerre contre les sous-hommes slaves après avoir vaincu les français racialement dégénérés. C’est émouvant, ce genre de naïveté, chez les dictateurs...

Je maintiens mes critiques, je pense que vous essentialisez à outrance cette histoire de fragilité (les Anglais en 42, les collègues de votre copine...) en évacuant tous les autres aspects (politiques, idéologiques, culturels, historiques, religieux, etc.) pour expliquer - d’autres utiliseraient sans doute un autre mot - ce terrorisme djihadique au moyen d’une hypothèse déterministe, ce qui vous place de mon point de vue dans le camp des racialistes et des essentialistes que vous critiquez en règle générale.

Pour moi ce problème de déficit de "virilité" - le mot est quand même un peu vague - est un symptôme de la situation générale en Occident, mais n’explique en rien le terrorisme qui vient nous frapper, en tant que dynamique historique. 


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