Et Hop ! 3 mars 2016 09:43

Dans votre réquisitoire qui est plein d’erreurs, vous oubliez deux faits importants :
- C’est le roi de France (alors dauphin) qui a confié à Jeanne d’Arc le commandement en chef de ses armées.
- Qui est exactement cet évêque Pierre Cauchon ?

Ce n’est pas vraiment un ecclésiastique, au sens où on l’entend actuellement, mais pendant plus de 30 ans un des principaux leaders politiques de l’époque. On y reconnaît la figure typique, presque contemporaine, d’un révolutionnaire et d’un homme de gauche qui défend - quatre siècles avant la révolution anglaise - l’avènement au pouvoir de la bourgeoisie.

" Né d’une famille bourgeoise notable dans les environs de Reims (en Champagne, domaine royal), licencié en droit canonique, docteur en théologie de l’Université de Paris dont il fut longtemps recteur.

Membre actif du parti réformiste, gallican et bourguignon, Pierre Cauchon fut dès 1409 un des conseillers de Jean Sans Peur, duc de Bourgogne.

"En 1413, il est un des principaux meneurs des Cabochiens, surnom que l’on donnait, à cause de leur chef Simon Caboche, "escorcheur de vaches" à la boucherie St-Jacques, aux membres les plus révolutionnaires de la faction bourguignonne pendant la folie du roi Charles VI. Par leurs cris, leurs brutalités, leurs meurtres déguisés ou non en exécutions, ils terrorisent Paris."

"Après avoir réduit au silence la bourgeoisie modérée (1412), ils s’en prennent directement à l’autorité royale avec la protection de l’Université. Ils attaquent - déjà - la Bastille, où s’était réfugié le prévôt de Paris, Pierre des Essarts, dont ils finiront par obtenir l’exécution après une parodie de jugement."

Pierre Cauchon siègera ensuite aux États-Généraux réunis par le Duc de Bourgogne, où il sera un des principaux rédacteurs de l’Ordonnance cabochienne du 14 mai 1414 "qui reconnaissait un accroissement des pouvoirs de la bourgeoisie, et prétendait réformer entièrement la Constitution de la France."

Il fait ensuite partie de la délégation bourguignonne au concile de Constance (1414-1418) où il défendit la théorie du tyrannicide de Jean Petit et le bien fondé de l’assassinat du Duc d’Orléans (cette doctrine sera remise en vogue à l’époque de la Révolution de Cromwell, puis sous la Révolution Française).

Pierre Cauchon rentre de Constance en 1418, au moment où les Bourguignons, qui avait été vaincues par les Milices bourgeoises et bannis, reprennent Paris avec à leur tête le bourreau Capeluche qui se dit successeur de Caboche. Il prend la présidence d’une commission chargée de juger les prêtres du parti d’Armagnac.
Ensuite, il cumule les bénéfices : chanoine et vidame de Reims, et chanoine de Châlon, et chanoine de Beauvais, et archidiacre et chanoine de Chartres, il plaide encore pour obtenir la prévôté et un canonicat à Lille, qu’il obtient en 1419 avec en plus l’archidiaconat du diocèse de Châlon. Il sera excommunié pour non paiement des annates (part des revenus qui reviennent à Rome), et ensuite relevé de son excommunication.

Évêque de Troyes sur recommandation de Philippe Le Bon, duc de Bourgogne qui assiste à son intronisation le 12 Janvier 1420.

Nommé ensuite évêque de Beauvais (1420) sur la recommandation de Henri V, roi d’Angleterre qui a envahi une partie du royaume, Pierre Cauchon devient son maître des requêtes et son conseiller. Le régent Bedford le charge de recueillir des fonds pour soudoyer les gardes des places de Champagne fidèles au Dauphin, et de contraindre à l’obéissance le parlement et le chapitre cathédral de Paris.

A Beauvais, il se fait détester des habitants en transformant la cour épiscopale en une sorte de tribunal d’exception chargée de punir ceux qui sont soupçonnés de soutenir le parti d’Armagnac. Beaucoup se voient condamnés à mort et à la confiscation de tous leurs biens par cette juridiction illégale.

Chassé de son diocèse par les habitants en 1429 lorsque Charles VII entre dans la ville, Pierre Cauchon se réfugie à Rouen sous la protection de la famille anglaise des ducs de Lancastre.

Comme Jehanne d’Arc a été prise à Compiègne, dans le ressort de Beauvais dont il estime être toujours évêque titulaire, il obtient qu’elle soit traduite devant sa juridiction de Rouen plutôt que devant celle de Paris dont l’Université réclame l’attribution.

Son forfait accompli, il fut très déçu de n’obtenir des Anglais que l’évêché de Lisieux (1432) et non l’archevêché de Rouen qu’il briguait depuis longtemps.

En 1434, il a accumulé un grand nombre de bénéfices ecclésiastiques (évéché, abbayes, canonicats, dîmes, charges diverses) qui lui assurent de très importants revenus, mais il ne reverse pas à l’église les annates. Une longue procédure en Cour de Rome décide son excommunication. En 1435, il prend part au concile de Bâle où il paye ses arriérés d’annates et obtient la levée de son excommunication.

Grâce à ses efforts, Lisieux reste Anglais jusqu’à la date de sa mort en 1449 ! Il avait accumulé une fortune considérable qu’il a destinée par testament à la réalisation d’un riche tombeau et à plusieurs oeuvres charitables.


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