maQiavel maQiavel 24 février 2016 14:32

@niQolas_d

-N’est-ce pas, en gros, que vous voulez trouver une forme d’organisation qui colle avec le "monde" d’aujourd’hui plutôt que de tendre vers un monde qui découlerait de l’anarchie ?

------> Je pense que Qaspard vous a très bien répondu : « Quel que soit l’objectif que l’on veut atteindre, on doit toujours commencer à partir d’ici et non d’ailleurs ». 

Et si nous tentions de trouver un compromis en conciliant une forme d’organisation qui colle avec le "monde" d’aujourd’hui et qui tende vers un monde qui accoucherait de l’anarchisme ?

Je ne dis pas que c’est facile mais essayons de concilier idéal anarchiste et raison d’Etat :

Imaginons un ordre politique, qui ne serait pas anarchiste stricto senso mais qui respecterait les principes anarchistes et qui aurait pour finalité de réaliser l’anarchie.

Partons du postulat anarchiste que l’Etat est une structure politique d’asservissement et de domination : l’Etat est donc un mal. Rajoutons à cela ce postulat ce constat réaliste que l’Etat, est dans notre contexte, nécessaire (j’espère que vous comprendrez pourquoi les Etats sont aujourd’hui indispensable ne serait ce que pour se conserver, sinon, je reviendrai là-dessus).

 

On pourrait donner une image à cette affirmation : l’Etat est une cage, mais les dangers situé à l’extérieur de cette cage constituent des menaces immédiates encore plus dangereuses (la volonté de puissance des autres Etats , le capitalisme transnational etc ).

Sortir de la cage ici et maintenant est donc suicidaire. Mais cela ne doit pas nous faire oublier que la cage est tout de même un problème qu’il faudra régler. Il faut donc procéder à une hierarchisation des dangers auxquels il faut faire face.

L’Etat est donc un mal nécessaire dans notre monde actuel. Le moins mauvais Etat serait donc celui qui poserait comme principe la nécessité de sa propre disparition après l’accomplissement de sa mission. Cela ramène à cette assertion de Bakounine "L’Etat, c’est le mal, mais un mal historiquement nécessaire, aussi nécessaire dans le passé que le sera tôt ou tard son extinction complète."

En attendant que l’on puisse se passer de la cage, on peut au moins l’élargir. Comment faire ?

La gestion de l’Etat implique l’existence d’autorités pour le gérer, c’est l’oligarchie. Il en faut, on ne peut s’en passer dans le cadre Etatique. La question n’est donc plus de savoir s’il faut une oligarchie ou non mais plutôt de savoir si l’oligarchie politique est légitime ou non, l’anarchisme dans ce cadre devient donc l’opposition à l’existence d’une hiérarchie illégitime et immuable.

On en revient sur la hiérarchie fonctionnelle dont il était question plus haut.

D’ ou est ce que cette oligarchie peut tirer sa légitimité ? De la loi fondamentale. Mais la loi a un caractère conventionnel elle n’est jamais que l’œuvre d’homme et par conséquent relative. Quel genre de loi serait légitime pour l’anarchisme ? Une loi faites pour les intérêts de quelques uns ? Non, une loi qui servirait le bien public. D’ où la notion de res publica qui signifie au sens propre « chose publique ». Qui produirait cette loi fondamentale républicaine ? La classe dirigeante Etatique ? N’en profitera –t-elle pas pour servir ses intérêts ? Cette loi tendrait bien évidemment à monopoliser dans les mains du petit nombre la richesse et le pouvoir. 

On énoncera donc que la loi fondamentale doit être le produit de la volonté de la collectivité. Les lois de la collectivité tendent en général au bien du plus grand nombre, car elles émanent de la majorité de tous les citoyens, laquelle peut se tromper, mais ne saurait avoir un intérêt contraire à elle-même. Cette collectivité est donc la plus appropriée pour produire la loi fondamentale.

La loi devient donc l’expression de la volonté de la collectivité, cette origine populaire contribue singulièrement à sa puissance, la loi en acquiert une grande autorité. C’ est la collectivité qui fait naitre cette force en faisant la loi : chacun trouve une sorte d’ intérêt personnel à ce que tous obéissent aux lois , quelque fâcheuse qu’elles soient , le citoyen s’ y soumet donc sans peine , non seulement comme à l’ ouvrage du plus grand nombre mais encore comme au sien propre , il la considère sous le point de vue d’ un contrat dans lequel il aurait été partie.

La liberté, qui consiste à ne point être soumis à l’arbitraire d’autrui, est garantie par cette loi égale pour tous. On considérera donc les manquements à la loi comme des attaques envers la collectivité quel que soit l’homme à l’ origine de l’infraction.

Ces législations faites par le peuple et pour le peuple devient aux yeux du citoyen, un objet sacré. Cette souveraineté incarnée par la collectivité par l’intermédiaire de la loi est aussi la définition que Rousseau donne à la « République ».

Cette crainte qui régit le domaine public et qui retient de ne rien faire d’illégal est bien entendu tempérée par la tolérance dans les rapports privés (respect des libertés fondamentales).

L’oligarchie légitime ? Celle qui découle de la volonté générale (la loi) et qui est placée sous le contrôle permanent des forces quelles encadrent (les contre pouvoirs populaires). Celle qui selon les jugements de valeurs de la collectivité est la meilleure ( une aristocratie républicaine ).

Et cela, bien sur en attendant que les conditions soient requises pour s’émanciper de l’Etat et mettre en place une organisation anarchiste.

C’est un moyen de joindre nécessité Etatique et idéal anarchiste sans trahir les principes anarchistes.

Qu’en pensez-vous ?  


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