Éric Guéguen Éric Guéguen 18 mai 2015 10:17

@zatara
 

C’est marrant, je me rends compte que c’est un phénomène que, pour ma part, je visualise très bien, mais qui en même temps est très difficile à mettre en mots. Je me risque...

Il me semble que l’Occident moderne a promu quelque chose d’inédit dans l’histoire de l’humanité, quelque chose que lui ont conjointement permis la transformation des mœurs et le progrès technique : je veux parler d’une sorte de mouvement social perpétuel au travers de l’activité de production-consommation. À terme, je pense qu’il était escompté de se passer purement et simplement de politique, perçue non plus comme une activité naturelle et essentielle, mais comme un artifice périmé. Idem pour la religion d’ailleurs.

Ceci n’impliquait pas la fin des luttes de classes, mais une pacification de celles-ci au travers d’un embourgeoisement progressif, de l’entretien en chacun d’un double espoir : ne pas perdre ce qu’on a déjà capitalisé et capitaliser toujours davantage. Aujourd’hui, les gens ont beau se plaindre, ils ont tous - ou presque - quelque chose à perdre. Mais cela impliquait une fluidité de l’embourgeoisement. Or celui-ci s’est quelque peu solidifié pour le grand nombre, et une poignée ont au contraire profité de la spéculation sur la consommation du grand nombre. C’était couru. Comme il était couru que la surconsommation mènerait le monde au bord du gouffre, et l’on sait qu’aujourd’hui le Chinois moyen ne pourra jamais consommer comme un Américain moyen.

 

Sur la Chine, justement, pour finir : je pense qu’elle va peu à peu nous rattraper ; économiquement, c’est déjà fait, mais également en terme de confort des masses. Bien sûr il y a encore le gros problème de la liberté d’expression, mais la nôtre s’amenuise dans le même temps. Il n’est pas impossible que dans 20 ans nous nous apercevions que la seule chose qui nous distinguera d’eux sera le suffrage universel. Tout le monde comprendra alors :

1. Que notre régime politique n’est pas réellement politique  ;

2. Que nous ne sommes que les acteurs d’une pièce de théâtre ;

3. Que notre seul force est le rôle de producteur-consommateur qui nous est demandé de tenir, pour faire masse, et à ce petit jeu, les Chinois seront finalement mieux lotis. La seule entrave sera, une fois de plus, la nature et ses limites.

 

PS : désolé, je me rends compte que je ne vous ai pas tout à fait répondu, mais peut-être pourrez-vous rebondir sur ce que je viens de dire.


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