Vivant à la
campagne, j’ai découvert Chouard récemment sur le net. Je l’avais « zappé »
en 2005 pendant la campagne du référendum sur la constitution. J’imagine que son
discours attire ceux qui s’intéressent au débat politique , mais n’ayant aucun problème d’ego personnel,
n’ont jamais eu le moindre intérêt pour les partis politiques ni, de ce
fait, aucune velléité de militer au sein de ces structures
monopolistiques du discours politique. Ce
qui est précisément mon cas. Je me considère à gauche de la gauche (une
espèce ultra minoritaire à la campagne) et si je ne rate aucune élection par
respect pour notre très illusoire démocratie, je vote sans illusion
aucune.
J’ai surtout découvert avec l’intérêt du "sociologue" amateur qui essaie de comprendre les blocages de son époque, les polémiques que son discours fait naître chez les anti-Chouard de gauche se réclamant du marxisme , du trotskisme ou d’autres vénérables chapelles (anti fascistes...). Je vois dans leurs critiques une impatience d’investir les lieux de pouvoir plutôt que de prendre le temps d’éduquer afin de changer la conscience et la mentalité des citoyens. Il me semble que les adversaires de Chouard n’ont pas encore compris la raison de l’échec des révolutions précédentes. Mon "maître à penser" s’amusait à dire qu’une révolution au sens littéral du terme, c’est un tour complet à 360 °. Ce qui veut dire que lorsque le peuple "fait sa révolution", il continue littéralement de courir dans la même direction (et non dans la direction opposée), celle de la domination par une ploutocratie différente de la précédente (je ne serais pas étonné d’apprendre que ce constat justement désabusé ait été formulé par quelque…. esprit contre-révolutionnaire). On aurait tort de prendre ce mot d’esprit pour une simple boutade. Tous les révolutionnaires ont voulu prendre le pouvoir d’abord, pour changer l’homme ensuite. Cette inversion chronologique est la marque de leur insincérité.
On devrait pouvoir juger de la
sincérité d’un homme politique à ce qu’il
travaille à éduquer les générations à venir, plutôt que de solliciter les votes des générations présentes.
Chouard me parait être de cette trempe
et c’est pourquoi il convient de le
soutenir, ne serait-ce que pour permettre à ses idées de traverser les
frontières et de porter leurs fruits ailleurs
que dans l’hexagone. Je ne pense pas en effet qu’il puisse devenir prophète
dans un pays qui a toujours magnifiquement
ignoré ses rares penseurs libertaires depuis Proudhon, en grande partie du fait
de la prégnance dans nos élites préformatées par les mêmes écoles, de la
tradition socialiste française. A l’instar d’un Chouard lui-même qui dans cette conférence fait cette incroyable sortie à propos de Bernard Charbonneau (mort en 1996) - incroyable pour quelqu’un qui se proclame libertaire
« je crois qu’il est toujours
vivant, je vais essayer de le rencontrer… ( minute 46) ». Ce qui prouve que
notre sympathique Chouard a encore du
chemin à parcourir dans l’histoire de l’écologie politique pour trouver « la
cause des causes » recherchée par d’autres
esprits libres avant lui, notamment écologistes (même si le mot n’existait pas à leur époque). Allez Etienne pousse un peu plus à fond ta
machine à remonter le temps des cerises et sors des frontières bibliographiques de ce minuscule hexagone qui se croit le centre du monde. Tu découvriras peut-être comment les pionniers
ignorés de l’écologie libertaire (ignorés des historiographes officiels
de l’écologie-politique-qui-veut- prendre- le-pouvoir-au lieu de le donner ) ont
réinterprété laïquement, écologiquement et libertairement l’histoire du péché originel de nos civilisations.
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