Corcovado 1er mai 2015 14:48

Vivant à la campagne, j’ai découvert Chouard récemment sur le net. Je l’avais « zappé » en 2005 pendant la campagne du référendum sur la constitution. J’imagine que son discours attire ceux qui s’intéressent au débat politique , mais  n’ayant aucun problème d’ego personnel,  n’ont jamais eu le moindre intérêt pour les partis politiques ni, de ce fait, aucune velléité de militer au sein de ces structures monopolistiques du discours politique.  Ce qui est précisément mon cas. Je me considère à gauche de la gauche (une espèce ultra minoritaire à la campagne) et si je ne rate aucune élection par respect pour notre très illusoire démocratie, je vote sans illusion aucune. 

J’ai surtout découvert avec l’intérêt du "sociologue" amateur qui essaie de comprendre les blocages de son époque, les polémiques que son discours fait naître chez les anti-Chouard de gauche se réclamant du marxisme , du trotskisme ou d’autres vénérables chapelles (anti fascistes...). Je vois dans leurs critiques une impatience d’investir les lieux de pouvoir plutôt que de prendre le temps d’éduquer afin de changer la conscience et la mentalité des citoyens. Il me semble que les adversaires de Chouard n’ont pas encore compris la raison de l’échec des révolutions précédentes. Mon "maître à penser" s’amusait à dire qu’une révolution au sens littéral du terme, c’est un tour complet à 360 °. Ce qui veut dire que lorsque le peuple "fait sa révolution", il continue littéralement de courir dans la même direction (et non dans la direction opposée),  celle de la domination par une ploutocratie différente de la précédente (je ne serais pas étonné d’apprendre que ce constat justement désabusé ait été formulé par quelque…. esprit contre-révolutionnaire). On aurait tort de prendre ce mot d’esprit pour une simple boutade. Tous les révolutionnaires ont voulu  prendre le pouvoir d’abord, pour changer l’homme ensuite. Cette inversion chronologique  est la marque de leur insincérité. 

On devrait pouvoir juger de la sincérité d’un homme politique à ce qu’il travaille à éduquer les générations à venir, plutôt que de solliciter les votes des générations présentes.  Chouard me parait être de cette trempe et c’est pourquoi il convient de le soutenir, ne serait-ce que pour permettre à ses idées de traverser les frontières et de porter leurs fruits ailleurs que dans l’hexagone. Je ne pense pas en effet qu’il puisse devenir prophète dans un pays qui a toujours magnifiquement ignoré ses rares penseurs libertaires depuis Proudhon, en grande partie du fait de la prégnance dans nos élites préformatées par les mêmes écoles, de la tradition socialiste française. A l’instar d’un Chouard lui-même qui dans cette conférence fait cette incroyable sortie à propos de Bernard Charbonneau (mort en 1996) - incroyable pour quelqu’un qui se proclame libertaire
  « je crois qu’il est toujours vivant, je vais essayer de le rencontrer… ( minute 46) ». Ce qui prouve que notre sympathique Chouard a encore du chemin à parcourir dans l’histoire de l’écologie politique pour trouver « la cause des causes » recherchée par d’autres esprits libres avant lui, notamment écologistes (même si le mot n’existait pas à leur époque). Allez Etienne pousse un peu plus à fond ta machine à remonter le temps des cerises et sors des frontières bibliographiques de ce minuscule hexagone qui se croit le centre du monde. Tu découvriras peut-être comment les pionniers ignorés de l’écologie libertaire (ignorés des historiographes officiels de l’écologie-politique-qui-veut- prendre- le-pouvoir-au lieu de le donner ) ont réinterprété laïquement, écologiquement et libertairement l’histoire du péché originel de nos civilisations. 


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