maQiavel maQiavel 5 septembre 2014 20:56

Marx à l’occasion de l’échange avec Podolinsky :

Nous voyons ici que le naturalisme conséquent ou humanisme se distingue aussi bien de l’idéalisme que du matérialisme et qu’il est en même temps leur vérité qui les unit. Nous voyons en même temps que seul le naturalisme est capable de comprendre l’acte de l’histoire universelle.

L’homme est immédiatement être de la nature.

Mais l’homme n’est pas seulement un être naturel, il est aussi un être naturel humain ; c’est-à-dire un être existant pour soi, donc un être générique, qui doit se confirmer et se manifester en tant que tel dans son être et dans son savoir. Ni la nature, au sens objectif, ni la nature, au sens subjectif, n’existe immédiatement d’une manière adéquate à l’être humain. 

 Cette « dépendance » irréductible se manifeste dans le besoin naturel, point de départ de tout système des besoins. Il exprime le rapport d’incomplétude de l’homme à la nature, en tant que rapport de la partie au tout. Sa finitude ne cesse de se rappeler à lui par le manque. Et d’abord par la faim, inextinguible revendication du corps qui ne cesse de ramener l’esprit sur terre et de le forcer à « avouer » sa misérable condition matérielle

Les prodiges du capital  font cependant que tout est sens dessus dessous. L’inversion des rôles et des valeurs est générale : « On en vient donc à ce résultat que l’homme ne se sent plus librement actif que dans ses fonctions animales, manger, boire et procréer, tout au plus encore dans l’habitation, la parure, etc., et que, dans ses fonctions d’homme, il ne se sent plus qu’animal. Le bestial devient l’humain et l’humain devient le bestial. Manger, boire, procréer, etc., sont certes aussi des fonctions authentiquement humaines. Mais séparées abstraitement du reste du champ des activités humaines et devenues ainsi la fin dernière et unique, elles sont bestiales.

D’où la grande influence civilisatrice du capital. Le fait qu’il produise un niveau de société par rapport auquel tous les autres niveaux antérieurs n’apparaissent que comme des développements locaux de l’humanité et comme une idolâtrie naturelle. C’est seulement avec lui que la nature devient un pur objet pour l’homme, une pure affaire d’utilité ; qu’elle cesse d’être reconnue comme une puissance pour soi  ; et même la connaissance théorique de ses lois autonomes n’apparaît elle-même que comme une ruse visant à la soumettre aux besoins humains, soit comme objet de consommation, soit comme moyen de production.


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