therasse 20 janvier 2014 13:24

http://www.franceculture.fr/emission-du-grain-a-moudre-que-penser-du-debat-autour-du-cas-dieudonne-2014-01-13

J’ai posté cette émission de France Culture, car les toutes premières minutes de celle-ci, la présentation de la problématique à laquelle on (la censure éventuelle) se trouve(rait) confrontés pose la question essentielle à mon sens. soyez attentifs : il y est question de liberté d’expression, de la censure éventuellement nécessaire et de "défense de valeurs communes". Si la liberté d’expression semble aux yeux de chacun un droit fondamental consubstantiel de la démocratie, la censure ne paraît pas s’imposer de prime abord s’agissant d’idées, de points de vue, tout au moins à mon sens. Mais ce qui me choque le plus c’est la notion de "valeurs communes". En effet, je ne vois pas ce qui les justifie et interdise formellement qu’on puisse débattre de tout, à l’exception de la promotion de comportements interdits formellement par la loi pénale (meurtre, vol, crimes sexuels, ...). Débattre de tout, selon moi, n’implique pas qu’on devienne intolérant, que ce soit à l’égard d’une religion, d’une communauté ou de quoi que ce soit de "sensible" : je dirai même que ce sont précisément les débats qui seront susceptibles de désamorcer la violence au contraire d’interdits qui ajouteront de la tension, de la violence à ce qui était déjà là sous jacent.
Chacun d’entre nous s’est déjà trouvé dans des situations où il fut contraint de se taire alors même qu’il lui semblait détenir LA vérité sur un sujet, il a alors ressenti dans son for intérieur les effets du tabou : extrême tension, frustration et s’il reprend le débat ensuite, bravant les contraintes, il haussera considérablement le ton, symptôme évident d’une violence qui ne demande qu’à sortir. S’ensuivra, en cas de nouvelle tentative de ses contradicteurs de le réduire au silence, une rage contenue ou non et dans les cas les plus aigüs, une violence physique. Bref, ces expériences individuelles que nous avons tous connues un jour ou l’autre, nous apportèrent alors la preuve évidente, que la libre parole était le moindre mal. Et ce qui est vrai à l’échelon individuel l’est évidemment au plan sociétal, ainsi que dans le cas qui nous occupe la censure d’un individu ressenti comme un porte-parole.
Se pose dès lors la question de ces "sacro-saintes valeurs communes", quelles sont-elles ? Ne pas tuer, attenter à l’intégrité physique, voler, violer ? Là dessus chacun sera d’accord. Les atteintes à l’intégrité morale, Ok, c’est dans la loi ; mais je serais déjà beaucoup plus nuancé, voire réticent, car ici on n’est plus que dans le domaine de l’insulte, l’injure ou la diffamation. Et au delà de la loi, sur un plan hiérarchiquement supérieur, ne perdons pas de vue que la liberté d’expression reste garantie par d’autres textes nationaux voire internationaux. 
En tous cas, il y aura débat quant aux frontières de l’interdit et afin de trancher ce débat, il conviendra de déterminer des critères, eux-mêmes déterminants des limites qu’il serait souhaitable de ne pas outrepasser. Au niveau du verbe, il n’y a pas de dommages matériels apparents immédiats, si ce n’est par ricochets ; évidemment une violence peut survenir ayant à son origine des expressions verbales si quelqu’un parmi les contradicteurs "passe à l’acte". Mais dans ce cas, n’est-il pas excessif de décréter que ce seraient les paroles qui constitueraient la cause de la violence et que le violent serait d’emblée dédouané des coups portés car n’agissant qu’en réponse à des insultes préalables ? Quant à la diffamation, rappelons que, s’il convient d’établir leur preuve, il existe des actions en dédommagement en droit civil ; rappelons enfin que nul ne peut se rendre justice sans médiation d’une autorité judiciaire.
Ne serait-il pas urgent de rappeler que ce qui est interdit au premier chef, c’est la perte de contrôle, le passage à l’acte ? Que la liberté d’expression est inhérente aux droits de l’homme ? ... et que les "pseudo-valeurs communes" ne deviennent, toujours provisoirement car toujours en évolution, valeurs communes qu’à l’issue de débats citoyens pacifiques, rationnels ... ou en lisant des livres, en allant au cinéma, en regardant la télévision ou en se rendant au spectacle. Et c’est là qu’on en revient à la problématique Dieudonné. 
Ici, la valeur commune, c’est la question juive ou de l’interdit de l’antisémitisme.
Si l’antisémitisme, c’est la haine du voisin exclusivement parce qu’il est juif ; dans ce cas, le motif de la haine étant l’appartenance à une lignée juive, on est dans le racisme pur et dur. A-t’on le droit de condamner moralement ? Sans aucun doute. A-t’on le droit d’interdire de ne pas aimer quelqu’un ? Evidemment non. D’exprimer sa détestation en raison de son origine ? Il s’agit de ce que j’appellerais des généralisations abusives, des fautes intellectuelles, il conviendrait de le marteler abondamment dans les médias. Quant à la légitimité d’une interdiction, je dirais non. A-t’on le droit d’estimer qu’il y a concentration anormale de juifs à la tête d’un parti ou d’un état ? Est-ce une suspicion illégitime ? A-t’on le droit de le remarquer, de l’exprimer si tel est effectivement le cas, si un quelconque népotisme communautaire semble apparent ? Evidemment, car comment dans le cas contraire pourrait-on asseoir ses choix électoraux ? Il y a un conflit en Palestine qui dure et persistera probablement encore longtemps. La sensibilité d’un futur gouvernement, sa sympathie affichée, à l’endroit de l’un des deux camps ne seraient-t’elles pas de nature à modifier le choix d’un électeur s’il apprenait qu’un éligible auquel il avait songé est juif ? ou musulman ? Il serait naïf de prétendre le contraire. A-t’on le droit de s’offusquer qu’un présumé violeur, juif, soit défendu par une montée massive au créneau, sur les plateaux de télévision, de l’ensemble des juifs parisiens, qui lui apportent leur caution morale ("On le connaît ! Ce n’est pas vrai ! Il n’est pas comme ça !"). C’est l’intelligence de tous ceux qui n’appartiennent pas à la communauté juive qu’on insulte ainsi en prétendant qu’un sexagénaire est capable de séduire une "soubrette" et de passer à l’acte en douze minutes en imbibant le tapis de son sperme. 
A-t’on le droit de s’étonner que dès l’accession au pouvoir de Sarko, la France fut dotée d’un grand patron juif de la police (Alain Bauer), d’un patron de la DCRI juif (Squarcini), d’un ministre des affaires étrangères juif (Kouchner), que parmi les intimes du président on retrouvait Karoutchi, les époux Balkany, Jean-François Copé, patron de l’UMP et qui le resta aux forceps au dernier scrutin (tous juifs). L’arbre généalogique, récemment disparu de Wikipedia, de Nathalie Kosciusko Moriset, candidate à la mairie de Paris, descendante hypothétique de Lucrèce Borgia, comporte des Abraham, Salomon, Samuel. Comment ne pas supposer une anti-sélection quelque part, car retrouver autant de juifs à la tête des instances de l’état défie les lois statistiques (600.000 juifs en France sur 66 millions d’âmes, cad moins de 1%, ce qui donne à penser qu’il serait plus normal de ne retrouver qu’un juif, voire deux parmi tous ceux que je viens de citer.
Est-il permis de s’interroger par écrit, ... ou sur une scène de théâtre de cette hyper-représentativité des juifs aux hautes fonctions ? Est-on autorisé à procéder à la même analyse au sein des maisons de presse, des médias audio-visuels sans outrepasser la norme, sans violer le sentiment politiquement correct imposé ? Mais suis-je bête, vous m’aviez déjà répondu à toutes ces questions ... en interdisant Dieudonné bien sûr.



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