maQiavel machiavel1983 1er décembre 2013 16:49

-Plaignez-vous... 

Non, il ne faut surtout pas se plaindre , nous savons tous à quel point les gens dans les sociétés consuméristes sont heureuse , il suffit de regarder autour de nous …

Blague à part, voilà un texte issus du « retour au meilleur des mondes » de Huxley , donc qui date de 1958 et exprime assez bien certaines choses :

« Notre société occidentale contemporaine, malgré ses progrès matériels, intellectuels et sociaux, devient rapidement moins propre à assurer la santé mentale et tend à saper, dans chaque individu, la sécurité intérieure, le bonheur, la rai- son, la faculté d’aimer ; elle tend à faire de lui un automate qui paie son échec sur le plan humain par des maladies mentales toujours plus fréquentes et un désespoir qui se dissimule sous une frénésie de travail et de prétendu plaisir. »

Nos « maladies mentales toujours plus fréquentes » peuvent trouver leur expression dans les symptômes des névroses, très voyants et des plus pénibles. Mais, «  gardons-nous », écrit le Dr Fromm, « de définir l’hygiène mentale comme la prévention des symptômes. Ces derniers ne sont pas nos ennemis, mais nos amis ; là où ils sont, il y a conflit et un conflit indique toujours que les forces de vie qui luttent pour l’harmonisation et le bonheur résistent encore ». Les victimes vraiment sans espoir se trouvent parmi ceux qui semblent les plus normaux. Pour beaucoup d’entre eux, c’est « parce qu’ils sont si bien adaptés à notre mode d’existence, parce que la voix humaine a été réduite au silence si tôt dans leur vie, qu’ils ne se débattent même pas, ni ne souffrent et ne présentent pas de symptômes comme le font les névrosés ». Ils sont normaux non pas au sens que l’on pourrait appeler absolu du terme, mais seulement par rapport à une société profondément anormale et c’est la perfection de leur adaptation à celle-ci qui donne la mesure de leur déséquilibre mental. Ces millions d’anormalement normaux vivent sans histoires dans une société dont ils ne s’accommoderaient pas s’ils étaient pleinement humains et s’accrochent encore à « l’illusion de l’individualité », mais en fait, ils ont été dans une large mesure dépersonnalisés. Leur conformité évolue vers l’uniformité. Mais «  l’uniformité est incompatible avec la liberté, de même qu’avec la santé mentale... L’homme n’est pas fait pour être un automate et s’il en devient un, le fondement de son équilibre mental est détruit ».

L’industrie, à mesure qu’elle se développe, attire un nombre d’hommes toujours plus considérable dans les grandes villes ; mais la vie n’y est guère favorable à la santé mentale (on nous apprend que les taux les plus élevés de schizophrénie se trouvent parmi le pullulement humain des taudis industriels) ; elle ne développe pas non plus cette indépendance consciente de ses responsabilités à l’intérieur de petits groupes autonomes, qui est la première condition à l’établissement d’une démocratie authentique. La vie urbaine est anonyme et pour ainsi dire abstraite. Les êtres ont des rapports non pas en tant que personnalités totales, mais en tant que personnifications de structures économiques ou, quand ils ne sont pas au travail, d’irresponsables à la recherche de distractions. Soumis à ce genre de vie, l’individu tend à se sentir seul et insignifiant ; son existence cesse d’avoir le moindre sens, la moindre importance. »


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