ffi 10 novembre 2013 21:09

Machiavel1983 :
Dans l’extrait que vous citez, Machiavel parle de sécuriser le régime par rapport à certaines puissances. Cependant, je trouve qu’il y raisonne faux.
 
Il fait comme si "nécessairement" ces puissances allait vouloir comploter contre l’État. C’est là qu’il y a embrouille. Ce n’est pas une nécessité, mais une contingence. Ces puissances peuvent peut-être comploter contre l’État, mais ce n’est pas certain. Certaines peuvent même s’accommoder de la nouvelle situation, car, après tout, si l’État est prospère, les affaires continueront. Certaines pourrait même participer à la rénovation de l’État.
 
C’est d’ailleurs ce qu’il s’est passé au début de la féodalité.
Après l’effondrement de l’État Carolingien, les puissances subsistantes ont été mises au service de l’État, en leur confiant des missions particulières d’administration.
 
Machiavel montre donc là les choses d’une manière particulièrement anxiogène, ceci sans fondement rationnel, puisqu’il fait prendre des contingences pour des nécessités.
 
Machiavel invite Laurent de Médicis à être inéquitable,
il lui fait l’apologie de la déloyauté.
 
Théoricien de la Ruse, Machiavel agit ainsi par Ruse.
Il est sûr que si Laurent de Médicis agit sous son conseil,
Laurent de Médicis ne tardera pas à se faire beaucoup d’ennemis,
et c’est en effet ce qui se passe.
 
Après sa mort, son fils sera chassé du pouvoir, et le palais des Médicis sera pillé.
La ville tombera au main d’un prédicateur à la vision extrêmement puritaine et préfigurant le protestantisme, Jérome Savonarole, faisant de Florence une théocratie, où quantité d’oeuvres d’art seront perdues dans "le bûcher des vanité".
 
Bref : L’apologie de l’inéquité et de la déloyauté par Machiavel a complètement perverti les gouvernements européens, créant litanies de massacres, jusqu’aux camps d’extermination et autres goulags. Pour Rousseau, ce fut la matrice de la République et il a bien raison !
 
Être inéquitable et déloyal est justement pour le gouvernement ce qui le déligitime, ce qui le rend odieux, ce qui se paye tôt ou tard, soit par l’éviction du gouvernement, ce qui en est le dénouement heureux, soit par l’implosion pure et simple de la cité, à son sabotage par ceux-là même qui y vivent, comme par une sorte de suicide collectif...
 
La suite de l’histoire l’a bien montré.
L’Europe s’est entre-déchirée en guerres civiles et religieuses.
voir Innocent Gentillet.
 
On ne peut donc pas confondre la conservation du pouvoir par le prince, et la conservation de la cité. La cité étant fondée sur la loyauté et l’équité entre ses membres, si jamais le gouvernement à sa tête rompt de lui-même ce pacte, alors il aura peut-être conservé le pouvoir, mais il n’aura pas conservé la cité, car il en aura changé le pacte.
 
On ne peut qu’accorder pour vrai que la vertu dans la cité doit se fonder sur ces deux principes : la recherche de la vérité dans le but (le vrai Bien), et la recherche de la vérité dans le moyen (le vrai Juste, l’équitable).
 
Ainsi l’on sécurise les moeurs politiques : si jamais il y a eu erreur du point de vue de la définition du Bien, au moins le fait d’imposer que les moyens employés soit équitables permet de s’assurer que l’erreur se fasse à moindre frais.
 
La gauche est bien l’héritière de Machiavel. C’est flagrant. Elle se permet tous les comportements inéquitables dans les débats : procès d’intention, impostures en tout genre, déformation des propos d’autrui, caricatures outrancière..etc.
 
Aveuglée par sa propre définition du Bien, dont elle ne doute jamais qu’elle soit correcte, la gauche s’autorise toujours les moyens les plus inéquitables pour y parvenir. La gauche dit adorer l’égalité, mais elle foule chaque fois au pied toute équité.
 
Tu es bien un mec de Gauche, et en cela, aucun débat n’est possible entre nous. Non pas que je ne le souhaite pas, mais parce que je sais déjà qui tu te permettras d’user de moyens déloyaux et inéquitables si cela te sert. C’est toi-même qui affirmes que procéder ainsi est légitime de ton point de vue.
 
Nous sommes donc manifestement de deux cités différentes.
Tu es de la cité de ceux qui se permettent tout si cela leur est utile.
Je suis de la cité de ceux qui limitent volontairement leurs actes par nécessité d’équité.
Pour toi, l’équité est contingente, pour moi, elle est nécessaire.
 
Pour rappel, les correspondances déontique de Leibniz :
 

  • Le juste, le permis est ce qu’il est possible que fasse l’homme bon.
  • L’injuste, l’interdit est ce qu’il est impossible que fasse l’homme bon.
  • L’équitable, l’obligatoire est ce qu’il est nécessaire que fasse l’homme bon.
  • Le facultatif est ce qu’il est contingent que fasse l’homme bon.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe