Qaspard Delanuit Gaspard Delanuit 6 août 2013 22:36

Je crois, Micnet, que vous vous donnez bien de la peine pour rien, en tout cas si l’intention est de communiquer avec Machivel. Pourquoi dis-je cela ?


Parce qu’il est parfaitement clair que Machiavel ne s’intéresse pas ici à la vérité et ne souhaite pas communiquer sur le fond. 

Son jeu est purement formel : il s’agit pour lui de partir d’une sacralisation arbitraire et de la justifier en la déclinant sur le mode de la démence circulaire bien connue en psychopathologie, du type "Je ne peux pas me tromper car c’est Dieu qui m’inspire et Dieu n’est pas trompeur". Machiavel déclare à plusieurs reprises se trouver fort bien de cette démence (qui n’a évidemment rien à voir avec la "folie d’amour" des grands mystiques). 


Cette démence consiste à considérer certains écrits comme la "parole de Dieu" - on ne sait d’ailleurs pas exactement lesquels, ni dans quelle version - comme s’ils avaient été composés directement de la main du Bon Dieu et imprimés sur les presses du Paradis. Je dis que c’est un jeu parce qu’il est évident que Machiavel est assez intelligent pour savoir que cette position est au premier degré une absurdité niaise, qu’ils existe de nombreux textes inspirés de part le vaste monde, que la Bible est une compilation de récits aux origines multiples, appartenant à des registres différents (légendes, mythes, contes, récits d’inspiration historiques, etc.) fortement contradictoires, rédigés initialement dans des langues diverses, plus ou moins bien traduits, sélectionnés ou censurés parfois par des érudits, parfois par des politiciens. Machiavel pourrait d’ailleurs tout aussi bien choisir le Coran (ou les contes de Perrault, ou n’importe quoi d’autre), ça ne changerait rien dans le fond à son discours. Tout peut faire socle au monument qu’on élève à la gloire de sa folie.

C’est donc peine perdue que de chercher à lui parler du "sens" du mystère christique, qui "passionne" le chrétien en quête de vérité. Toute personne relisant les échanges ci-dessus peut constater qu’il n’y pige rien, ou plus exactement qu’il ne s’intéresse pas du tout à ce qu’on dit sur le fond. Il s’en tient à son rôle de faux dévot en répondant à toute question mettant en évidence son incohérence par des sophismes totalement creux. 

Après tout, faire le choix d’être fou est un choix comme un autre. Le problème est que vous ne pouvez pas dialoguer avec un fou : parce que pendant que vous parlerez en étant attentif à la cohérence de votre pensée, le fou pourra dire absolument n’importe quoi sans que cela ne lui coûte rien, et même sans avoir à croire ce qu’il dit. Dans les jeux de cartes, le fou est le Joker, c’est l’argument qu’on peut placer à la place de n’importe quel autre. Or, on ne peut pas jouer aux cartes avec un partenaire qui n’aurait que des jokers dans son jeu.  

C’est pourquoi il faut plutôt prendre le rôle que Machiavel nous joue ici sur le mode de la farce





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