Éric Guéguen Éric Guéguen 25 avril 2013 22:37

"Réfléchir à une justice dans une société barbare, c’est se mentir à soi-même."
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Jolie phrase, mais inconsistante. Car qu’est-ce qui nous prémunit contre un séjour en barbarie ? Précisément la justice.
Et je vous trouve assez dur avec notre monde. On me voit souvent pessimiste, vous êtes carrément suicidaire. Je ne dirais pas, malgré tout le mal que je pense d’elle, que notre époque est "barbare". Ou alors toutes les époques le sont et le seront toujours. En revanche, c’est de loin la plus hypocrite et incohérente que l’histoire ait jamais portée, ça c’est certain.
Je pense que les gens désespérés comme semblez l’être ont tout simplement une terrible gueule de bois : ils se sont biturés en pensant aux lendemains qui chantent, drapés dans une étole d’humanisme un peu béat. Et au réveil, que se passe-t-il ? Fi des siècles obscurs, nous avons les droits de l’homme, la démocratie, le droit de vote, la laïcité, la contraception, l’avortement, l’abolition de la peine de mort, le CDI, les 35 heures, François Hollande, à présent le mariage pour tous... et pourtant, ce monde ne tourne toujours pas rond ! Mais merde à la fin ! Quel salaud est derrière tout ça ? Quel rabat-joie, quel peine-à-jouir nous refuse le bonheur universel et l’amour dardant entre des peuples frères ?
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Je ne mènerai pas l’enquête.
Je me contenterai de vous répondre que la démocratie, notre démocratie a été conçue, par le consentement de tous, comme le régime du moindre mal.
Ce que j’essaie de faire comprendre, c’est qu’un tel régime était valable durant les Trente Glorieuses, ces années d’insouciance, et qu’aujourd’hui, ce qu’il nous faut c’est parvenir au régime du mieux possible, celui que j’ai entrepris de "penser", ne vous déplaise. Nous ne nous sortirons jamais de la fange avec des schémas simplistes en tête et une flopée de bons sentiments. Il faut que les prétendus "citoyens" (en lesquels je ne vois pour ma part que des "consommateurs") apprennent à lâcher le bord pour apprendre à nager où ils n’ont pas pied. Que proposez-vous, vous, à cet effet ?
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Pour terminer, vous me parlez de la relativité du mérite et de la justice. Dans votre exemple, est-ce que votre chercheur au CNRS est responsable en quoi que ce soit du malheur des deux enfants ? Est-ce qu’il a un lien avec eux ? Admettons que non. Dans ce cas, pourquoi vouloir diminuer son mérite personnel pour en affubler d’autant les deux malheureux gamins ? Vous demeurez toujours dans cette sempiternelle étude comparatiste qui est le biais de ceux qui font de l’égalité une grille de lecture. Et d’un autre côté, ai-je dit qu’il était normal que des enfants vivent ce genre de choses ? Ai-je prétendu qu’il ne fallait pas, à toutes forces, éviter le déterminisme social ? Mais cela dit, vous n’empêcherez jamais certains de se complaire dans leur malheur, de faire connerie sur connerie et de les faire payer à leurs gosses, sauf à vouloir brider la liberté de certains dégénérés ou à ligaturer quelques trompes généreuses et insouciantes.
À aucun moment vous ne me parlez de ce qui permet de maintenir une communauté. La justice est l’un de ses moyens. Vous n’y verrai sans doute qu’un outil de plus au service des puissants, j’y vois le seul espoir de l’espèce, et je ne fais pas partie des nantis, mais de cette "plèbe" dont vous parlez avec des trémolos. Ça ne m’empêche pas pour autant de consacrer mon temps et mes bas de laine à tenter de comprendre le monde sans aucun, je dis bien au-cun parti pris. C’est la raison pour laquelle je crois en la justice, et en l’égalité uniquement comme l’un des "moments" de celle-ci.
Vous savez, je passe ici cent fois plus de temps à me justifier, à montrer patte blanche pour ne pas que ma réflexion soit invalidée pour antidémocratisme. C’est fatigant, très fatigant. J’ai besoin de trouver des gens de bonne volonté qui m’aident à bâtir quelque chose sans esprit de chapelle. Je fais le pari que c’est possible, mais chaque jour que Dieu fait (car moi je crois en lui), tout me porte à penser le contraire.
Triste époque en effet !...


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