N’importe quoi cette opposition... Aussi crétine que les propos de gerfaut... Tu devrais lire ca, peut être ( je dis bien peut être vu ton niveau ) ca te fera un peu évoluer intellectuellement :
"Marx est un enfant des Lumières et du libéralisme des Lumières. Rien ne m’énerve plus que l’expression « gauche anti-libéral » parce que, quand la gauche se dit anti-libérale, elle veut dire qu’elle est anti-néolibéral et elle devrait dire qu’elle est anti-capitaliste. Mais elle ferait mieux de dire qu’elle est pro quelque chose. La gauche est toujours anti. : anti-raciste, anti-fasciste, anti-capitaliste, anti-libérale, anti-OGM, anti-nucléaire. Mais pourquoi ? On y reviendra.
Les libéraux actuels n’ont rien à voir avec le libéralisme classique. Les libéraux classiques étaient des gens qui voyaient deux pouvoirs oppressifs en face d’eux, l’État absolutiste et l’Église, et qui pensaient s’en libérer afin que l’individu puisse réaliser son plein potentiel. Leur version du marché libre n’avait rien à voir avec la version actuelle parce que c’était une société essentiellement de petits producteurs. Et disant : si ces petits producteurs peuvent se libérer de la tutelle de l’État absolutiste et de l’Église, ils pourront alors interagir et ça mènera à une situation d’humanité. [...] Ce projet a échoué parce qu’en libérant les forces du marché, on a eu, en même temps, avec la révolution industrielle, la naissance de la grande industrie. Et, avec celle-ci, on a eu une concentration de pouvoir entre les mains des capitalistes qui n’était pas tellement différente du pouvoir concentré contre lequel les libéraux s’étaient battus : celui de la féodalité, de la monarchie, de l’Église.
À partir du moment où des individus
possèdent les moyens de production, ils peuvent dicter aux gens qui
n’ont à vendre que leur force de travail, leurs conditions de vie,
d’habitat, etc. qui fait que la réalisation de l’individu, dans ses
aspirations personnelles, devient de facto impossible même si, en
principe, les droits de l’homme existent, il y a la démocratie, etc. De
plus, le processus démocratique est intrinsèquement perverti par cette
concentration entre quelques mains des moyens de production puisqu’ils
peuvent acheter les députés, faire pression sur les parlements, sur les
gouvernements en disant (ça c’est la version moderne) : « Si vous n’êtes pas gentils avec nous, on délocalise. »
De plus, j’anticipe mais au XXe siècle, la concentration entre quelques
mains des médias fait que même l’information, la liberté de discussion
et de débat qui étaient les conquêtes du libéralisme classique, sont
perverties. Alors que de ces processus de discussion libre devraient
émerger les solutions d’un point de vue libéral.
Ce n’est pas parce que
le libéralisme classique a échoué qu’il faut rejeter les idéaux qu’il
défendait. Tous les socialistes du XIXe siècle (Marx, Engels, Bakounine,
Kropotkine, etc.) qui avaient certes des différences mais qui ne sont
pas si grandes comparées à ce qui est venu après, avaient pour leitmotiv
que, pour résoudre cette concentration, il fallait supprimer la
propriété privée des moyens de production et les socialiser. Cela ne
veut pas dire étatiser, nationaliser ou mettre sous le contrôle du
gouvernement. Au XIXe, ce n’était pas ça : la socialisation c’est le
contrôle effectif par la population de la production qui est déjà
socialisée. À partir du moment où elle est socialisée, l’idée libérale
fondamentale de la démocratie exige que cette production, tellement
essentielle à la vie des gens, soit soumise à un contrôle démocratique.
Le socialisme, pour moi, n’est rien d’autre que l’extension du
libéralisme ou de la démocratie à la sphère économique qui est rendue
nécessaire par l’émergence de la grande production.
C’est une idée qui est totalement
oubliée aujourd’hui parce que quand vous avez le débat entre la gauche
et la droite, c’est presque toujours un débat entre l’Etat et le marché.
Pour moi la question n’est pas l’État ou le marché mais plutôt : qui
décide dans les entreprises ? Les travailleurs ou la collectivité ? Pas
nécessairement l’État : on pourrait imaginer une société où toutes les
entreprises sont autogérées par les travailleurs et sont toutes en
relation par des mécanismes purs de marché. Je ne dis pas que c’est
souhaitable mais on pourrait l’imaginer pour comprendre la différence
entre le contrôle social de la production et l’Étatisation. Je ne suis
pas contre une intervention de l’État dans l’économie mais c’est un tout
autre débat. C’est important de comprendre que la socialisme émerge
d’une façon naturelle comme une réaction à l’échec du libéralisme mais
il n’est pas anti-libéral dans le sens profond du terme. Il accepte la
liberté d’expression, de débat, la démocratie, le pluralisme, les
conquêtes des lumières mais il dit : il y a ce problème de la
concentration. (...)
-Bricmont
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