Éric Guéguen Éric Guéguen 10 décembre 2012 12:58

@ Machiavel :
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Et moi je pense que le drame vient de la nécessité de faire vivre ensemble des bosseurs et des boulets.
Qu’est-ce que la démocratie actuelle, métaphoriquement ? Symbolisons le pouvoir par une barque se déplaçant à contre-courant. La modernité nous dit : "tout le monde a le droit de monter dans la barque". Soit. Mais que constate-t-on ? Qu’il n’y a qu’une minorité qui prend la peine de ramer. De temps en temps, la majorité se dresse dans la barque et hurle : "pas par là, malheureux !"
Non seulement la plupart ne rament pas, mais leur poids constitue un handicap supplémentaire pour ceux qui se démènent pour sauver la barque du naufrage.
Nous constatons tous que le bateau coule, seulement voilà, il est très mal vu, voire suspect de dire "soit tu rames, soit tu descends".
Machiavel1983, vous nous dites : "c’est comme ça c’est inéluctable, bienvenue dans le réel, ce toute façon, l’humanité est dans une impasse". smiley
Non, c’est la modernité qui est dans une impasse, c’est la modernité qui a fait monter tout le monde sur ce foutu bateau sans ce soucier, ni du nombre de rames, ni de l’effort à fournir par chacun, ni même de la volonté et de la capacité de chacun à participer à la navigation. C’est à la modernité d’en assumer les conséquences : soit attendre en priant sur le pont et en marmonnant "jusqu’ici, tout va bien" (comme vous le faites), soit forcer tout le monde de ramer, soit débarquer les plus réfractaires.
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Ceci dit, Machiavel, l’histoire vous donnera raison, je vous le garantis : on ne fera rien, on attendra que ça se passe de peur de faire plus de mal qu’autre chose, on attendra que le bateau coule. Et quand il faudra en reconstruire un nouveau, c’est, une fois de plus, la jugeote d’une minorité de philosophes qui sera mobilisée, comme ça a toujours été le cas. Seulement étant donné qu’un système politique met plusieurs siècles à percoler dans les esprits, le jour de sa réalisation, de son actualisation, on en oublie aisément qu’il a d’abord été échafaudé en pensée, et on donne raison aux faits, au tangible, en faisant du présent le seul, l’unique grand architecte.


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