maQiavel maQiavel 6 août 2020 15:10

Salut Qamarad, ça faisait longtemps.

Est-ce que les éborgnés GJ ont quelque chose à voir avec la société « multiraciale » ? C’étaient des gens majoritairement blancs qui tiraient sur d’autres gens majoritairement blancs, toi qui étais dans le mouvement, tu le sais mieux que personne ici, n’est-il pas ? Alors est-il vraiment question de race ou d’autre chose ?

Pour revenir aux cas des Etats unis, plus je lis les stats plus j’ai tendance à penser que la question raciale est périphérique dans l’appréciation des violences policières ( cela dit, peut être que je me trompe, je n’ai pas d’avis définitif sur la question). On constate par exemple que les États comme le Montana, la Virginie-Occidentale et le Wyoming où les auteurs et les victimes de la force policère sont presque toujours blancs, présentent des taux élevés de létalité policière. Cependant, on constate une forte corrélation entre le niveau socioéconomique et les violences policières.

Moi je pense que la mise en avant de la question « raciale » élude une autre question, celle de la militarisation de la police américaine càd qu’on se retrouve avec une police qui s’isole de plus en plus de la population ( le syndrome de la citadelle assiégée ) et qui a peu de formation pour prendre en charge les personnes qui ne suivent pas les ordres. Certaines stats sont éloquentes : depuis dix ans pour chaque policier mort en service, , il y a eu sept à huit personnes qui sont mortes «  à cause  » de la police. À titre de comparaison, chaque année le nombre de policiers et gendarmes qui perdent la vie en service en France est supérieur à ceux qui perdent la vie à cause de leur action. On pourra répondre à cela que ça s’explique par le fait qu’aux États-Unis les individus dangereux sont plus nombreux qu’ailleurs et c’est vrai. Seulement, s’il y a chaque année quatre fois plus de meurtres et six fois plus de policiers tués aux États-Unis qu’en France, la police américaine tue aussi dix fois plus. Ça interroge. Heureusement, ces stats montrent bien que les Etats unis ne sont pas la France mais avec la séquence GJ, j’ai entrevu les prémisses de ce phénomène de militarisation dans la mentalité des flics, et comme on a l’habitude de recopier ce qui se passe là-bas avec 10 ans de retard, je crains le pire.

Bref, de ma perspective, parler des problèmes de société multiraciale ou de racisme systémique de la police est une diversion ( ce qui ne signifie pas nier certains problèmes évidemment ), je crains qu’à la faveur de la crise qui vient à peine de commencer et des mouvements de contestation qui vont émerger, que l’oligarchie occidentale ne se barricade derrière une police qui considère les citoyens qu’elle est censé protégé comme des ennemis sur un théâtre d’opération militaire et que tout cela ne débouche sur une société à la Europolis (roman de Michel Drac). Et cela, les droitards, identitaires ou peu importe le nom qu’on leur donne qui en sont à défendre le comportement de Derek Chauvin ( le policier de la vidéo) qui pose son genou sur le cou d’un interpellé déjà menotté malgré ses suppliques et celles des passants, ça leur passe au-dessus de la tête. Idem pour les gauchistes qui en profitent pour accuser les blancs de tous les maux. La posture anti-flic est grotesque mais j’ai de plus en plus le sentiment que la posture pro-flic qui consiste à défendre les policiers quoiqu’ils fassent, nottament lorsqu’ils mettent à l’amende des "métèques" l’est encore plus dans notre contexte.


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