
Ce que nous enseigne la méthode du marxisme culturel et plus généralement l’histoire des médias de masse, c’est que le "pouvoir" d’influencer et de transformer en profondeur une société ne consiste pas uniquement en une conquête formelle directe de l’autorité politique. Par exemple les jeunes maoïstes et trotskistes des années 1960 n’ont jamais pris le pouvoir politiquement (même si certains ont été élus, ils l’ont été le plus souvent avec d’autres casquettes, socialistes, écologistes, libérales) ; mais en infiltrant les milieux universitaires et médiatiques, en passant constamment à la télévision et à la radio comme experts de ceci ou cela, et pour certains en se faisant passer pour des artistes, ils ont eu et conservent encore une influence déterminante (pourrissante) sur la société, et finalement aussi en bout de course et très discrètement sur la mise en place de lois (liberticides) au nom de la protection des minorités. Avant l’invention des médias de masse, l’influence culturelle passait beaucoup par l’éducation des enfants de la classe dominante (ce que les jésuites firent en France jusqu’à la Révolution, par exemple), mais le principe était le même : qui gouverne l’âme d’une société finit par en contrôler le corps. Cela se produit pour le meilleur ou pour le pire. Mais, quoi qu’il en soit, on le comprendra toujours trop tard pour s’y opposer si l’on a la naïveté de croire qu’une transformation sociale s’annonce à l’avance d’une manière ouvertement politique en sonnant de la trompette. L’islamisme n’est pas en mesure de prendre le pouvoir politiquement, ni à travers un parti politique gagnant des élections décisives ni par un coup d’Etat, mais ce n’est pas le sujet . Et la dispute à ce sujet est une diversion. Le fait est qu’il a déjà gangrené le tissu social du pays. Sa mission (ou sa fonction) n’est pas nécessairement la conquête positive du pays mais simplement sa dégradation. Une maladie n’a pas besoin de prendre le pouvoir sur la totalité d’un organisme pour l’affaiblir, le faire souffrir, l’handicaper, le rendre impotent ou fou, ni même pour le tuer.
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