micnet 10 février 2014 13:45
Bonjour Machiavel,
 
Ça y est, je trouve enfin un créneau pour vous répondre ! D’abord, afin de lever tout type de doute ; sachez que la réponse que je vais vous formuler relève d’une parfaite bonne foi J.
Par ailleurs, je note avec satisfaction que, les notions d’usure et de prêts à intérêt mises à part, vous êtes d’accord avec mes définitions de la chrématistique et de l’oikonemia. C’est, pour moi, un point majeur à ce stade de la discussion comme je vais maintenant vous le montrer. Sachez également que l’histoire liée à l’usure ou au prêt à intérêt n’ont aucune importance pour moi dans le cas présent (je vais même vous donner un exemple plus loin qui, j’en suis sûr, va vous plaire smiley). Voici donc quels sont les « points-clés » liés à mes définitions :
 
Alors pour en venir à votre schéma explicatif liant le flux marchandise/argent, je le trouve très intéressant d’un point de vue pédagogique mais le problème, selon moi, est qu’il ne répond pas à la question posée et ce pour la raison suivante : ce schéma s’articule autour du couple argent/marchandise. Or, d’après moi, le VRAI couple à prendre en compte pour bien distinguer la chrématistique de l’oikonemia serait plutôt l’individu/Bien Commun. Ce point est fondamental car toutes les sociétés antiques priorisaient le « Bien Commun » sur l’individu et c’est seulement à partir de « l’époque moderne » (via Hobbes, Locke…) que les finalités se sont inversées pour se centrer autour de «  l’individu ». (Eric Gueguen vous le détaillerait bien mieux que moi)
Autrement dit, moi, je vous propose le schéma suivant :
 
-    Chrématistique  : création de biens ---> Argent ---> individu
-     Oikonemia : création de biens ---> Argent ---> Communauté (et individus)
 
Concernant Aristote (ainsi que son maître Platon), je le redis, il faut bien garder à l’esprit que tout devait s’articuler autour du « Bien Commun », y compris, bien sûr, ce qui était lié à la richesse.
Je vous redonne un extrait d’éthique à Nicomaque qui évoque l’importance de la libéralité et de la magnificence définies comme des « vertus » (livre IV, chap2, par 5-9) :
 
« Le magnifique est, on peut dire, un homme de réflexion et de sagesse, puisqu’il est capable de voir ce qui convient dans chaque occasion, et de faire de grandes dépenses avec toute la mesure nécessaire. Ainsi que nous l’avons dit au début, un mode d’être se détermine par les actes qu’il produit et par les choses auxquelles il s’applique. Les dépenses du magnifique sont tout à la fois grandes et convenables…L’œuvre doit être digne de la dépense et la dépense doit être digne de l’œuvre, et peut-être même la surpasser. C’est donc uniquement en vue du bien et du beau que le magnifique fera ces grandes dépenses car cette préoccupation du bien est le caractère commun de toutes les vertus…Parmi les grandes dépenses, il en est quelques-unes que nous tenons plus particulièrement pour honorables : ce sont par exemple les offrandes solennelles que l’on consacre aux Dieux, les constructions pieuses, les sacrifices. Nous avons dans la même estime toutes les dépenses qui se rapportent au culte de la Divinité, et toutes celles qu’entreprennent, dans la noble ambition de servir le public, de simples particuliers qui croient quelquefois employer leur fortune à la splendeur des jeux scéniques, ou à l’ équipement des galères de l’état, ou aux frais des fêtes populaires.  »
 
Par conséquent, Aristote insiste bien sur le comportement individuel lié aux gens riches qui, pour être vertueux, doivent se préoccuper de « l’autre » et du Bien Commun. Ceci étant posé, et pour en revenir à notre capitalisme entrepreneurial que j’assimile à l’oikonemia, passons donc à un cas pratique
(suite à venir)


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