
Ce sujet me fait immédiatement penser à la théorie des jeux. Cette théorie mathématique développe une approche sociologique très intéressante. A la base, on part du principe du dilemme du prisonnier. Robert Axelrod a organisé pour cette expérience une série de tournois où chaque joueur développe une stratégie particulière, afin d’évaluer, lors de chaque tournois, les stratégies les plus efficaces. A l’issue de chaque tournois, les participants disposaient d’informations sur les stratégies adverses et leur efficacité, et pouvait ainsi adapter leur propre stratégie pour améliorer son efficacité. L’efficacité d’une stratégie dépend donc des stratégies adverses, il n’y a donc pas de stratégie absolue. Comme dans la nature, il s’agit de s’adapter.
Contrairement aux échec, il ne s’agit pas d’un jeu à somme nulle, mais d’un jeu où deux participants peuvent parallèlement augmenter leur gain. Dans un tel jeu, une stratégie agressive sera gagnante face à une stratégie coopérative, mais vulnérable face une stratégie donnant-donnant (qui répond à l’agression par une agression proportionnée). Dans ce cas, la stratégie agressive obtient moins qu’une stratégie coopérative.
Dans la première partie du tournois, le dilemme du prisonnier itératif a pour but de déterminer quelles sont les stratégies les plus efficaces dans un monde où chacun cherche à optimiser son intérêt personnel. Dans la deuxième partie, on regroupe les stratégies entre elles selon leurs affinités afin de faire ressortir celles qui s’adaptent le mieux et se développent ou se stabilisent.
Plus de 60 stratégies ont été développées (toujours agressif, aléatoire, donnant-donnant, "Friedman", "downing", etc.). Plusieurs degrés de complexité caractérise ces différentes stratégies : certaines sont très simples (voir simplistes), d’autres, plus complexes, implémentent le résultat des stratégies adverses pour adapter la leur au fur et à mesure.
C’est pourtant la stratégie la plus simple qui a gagné, celle que l’on retrouve dans la Loi du Talion : DONNANT-DONNANT. Cette stratégie consiste à commencer par coopérer, puis à reproduire le comportement adverse au tour suivant : s’il coopère, on coopère, s’il agresse, on agresse. La coopération avec donnant-donnant est donc récompensée par la coopération, tandis que l’agression est aussitôt punie par l’agression en retour.
L’origine des bons résultats de donnant-donnant vient de quatre caractéristiques : la bienveillance (je commence par coopérer), la susceptibilité (tu m’agresses, je t’agresse), l’indulgence (après un retour de bâton, si l’agresseur change sa stratégie, il obtient une coopération en retour, ce qui incite à coopérer) et la transparence (la stratégie donnant-donnant est aisée à discerner et donc à anticiper).
Pour approfondir un peu.
Morpheus
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