stef 19 décembre 2012 09:54

Juste une petite réaction sur les 15 premières minutes car après j’ai saturé vu le débat. Ceci concernant Jacques Attali qui est sensé être un intellectuel et qui fait le beau en affirmant que grâce à son ONG, il a sorti 12 millions de personnes de la pauvreté. J’ai passé 8 ans dans les ONG à l’étranger et j’ai pu voir ce qu’est le micro-crédit de près. Soit cet homme n’est pas bien au fait de ce qu’est réellement le micro-crédit et il devrait se renseigner, soit il est simplement malhonnête et joue sur l’image encore assez bonne (micro devant crédit, cela parait encore mignon) du micro-crédit dans le monde occidental.
Rappelons qu’en moyenne, un micro-crédit c’est un taux de 10% et que ce taux permet à des milliers d’ONG (dont planète finance) de vivre sur le dos des pauvres. Le champion du monde est le Bangladesh qui possède plus d’ONG de micro-crédit que n’importe quel Etat du monde et qui, comme tout le monde peut le constater est en pleine sortie de pauvreté !!!! Non, pour qui connaît un peu les rouages du micro-crédit, il n’a jamais permis d’avoir une action réelle sur le niveau de pauvreté d’une population et c’est parfois même l’inverse avec un surendettement dans les zones où les gens vont contracter plusieurs micro-crédits aux différents ONG présentes sur un même territoire. A Bombay par exemple, il n’est pas rare d’avoir 4 ou 5 ONG sur le même territoire et comme elles ne communiquent pas entre elles, les personnes contractent 3 ou 4 crédits aux différentes structures et finissent en surendettement.
Je le dis encore, le micro-crédit, cela a surtout servi les ONG (internationales ou locales) qui trouvent là un moyen de s’autofinancer et de moins dépendre des subventions extérieures. C’est de l’usure pure et simple et le pseudo accompagnement que M. Attali ne manquera pas de mettre en avant, n’est que poudre aux yeux. On trouvera toujours quelques "success stories" pour montrer que cela marche mais cela restera une exception.
A cet endettement, il faut opposer la promotion de l’épargne avec un accompagnement structurel. On réunit des groupes de personnes (souvent des voisins) et on les incite à mettre en commun une petite épargne. Ensuite, soit cette épargne est redistribuée à tour de rôle, soit elle peut aussi faire un capital pour les membres voulant contracter un crédit. Le taux est très faible car on est "entre nous" et cela fait rentrer un peu d’argent pour ce groupe. La structure qui aide à la mise en place de cette organisation ne gagne donc rien, elle doit être soit subventionnée, soit composée uniquement de bénévoles qui agissent sans retour. C’est en gros, le principe de la tontine qui marchait bien avant qu’Attali (ou d’autres avant lui) n’arrive avec leur crédit à 10%. J’ai vu des cas où ces micro-groupes (Self Help group) en Inde se constituaient en fédération à l’échelle d’un bidonville et devenaient une vraie force économique et politique locale. Sans oublier que ces groupes sont largement féminins (en Inde en tout cas) et que cela participe à une certaine émancipation féminine.
En conclusion, le micro-crédit, pour les gens qui en parlent sérieusement, ne peut prétendre réellement réduire la pauvreté alors que la promotion de l’épargne peut potentiellement être un levier. D’ailleurs, beaucoup d’ONG font les deux mais elles gardent le micro-crédit car c’est ça qui les fait vivre. Quand Monsieur Attali dit qu’il connait la pauvreté car il voyage beaucoup, laissez moi rire. Monsieur voyage en 1ere classe, se balade dans des belles voitures, reste dans des beaux hôtels et va discuter avec quelques pauvres gars de temps en temps. Il ne connait rien à la pauvreté. Moi non plus d’ailleurs si ce n’est que ma condition économique est un tant soit plus modeste que ce grand intellectuel des salons.


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