Quand la simulation remplace le réel : Jean Baudrillard, le père de la Matrice
« Dissimuler est feindre de ne pas avoir ce qu'on a. Simuler est feindre d'avoir ce qu'on n'a pas. L'un renvoie à une présence, l'autre à une absence. Mais la chose est plus compliquée, car simuler n'est pas feindre : Celui qui feint une maladie peut simplement se mettre au lit et faire croire qu'il est malade. Celui qui simule une maladie en détermine en soi quelques symptômes. (Littré) Donc, feindre, ou dissimuler, laissent intact le principe de réalité : la différence est toujours claire, elle n'est que masquée. Tandis que la simulation remet en cause la différence du vrai et du faux, du réel et de l'imaginaire. »
(Simulacres et Simulation)
Jean Baudrillard, le père de la Matrice
l'Observateur | 1 avr. 2022 | 1h16
00:00 Introduction : Baudrillard et le film Matrix
01:46 Trop d’information tue l’information
05:07 Quand la simulation ( le signe ) remplace le réel
13:02 Postmodernisme : une société pleine d’information, mais vide de sens
16:40 Nous somme entrés dans une simulation
27:26 Beaubourg et l’art autorisé : le simulateur de culture.
33:47 Quand Baudrillard recadre Matrix : l’allégorie de la caverne
37:51 bienvenue au désert du réel : Que restera-t-il de la réalité ?
44:29 Pourquoi Jean Baudrillard réfute-t-il la filiation entre son travail et le film Matrix ?
52:04 Quand la simulation et le réel fusionnent
56:22 La fausse dualité, élément clé dans un système de domination
01:04:48 La réalité peut-elle survivre à la simulation ?
01:11:20 Les élites intellectuelles sont-elles trop dures avec la pop culture ?
A suivre, une sélection de vidéos, d'articles et de livres :
- | Vidéos | -
Sommes-nous dans une simulation informatique ?
La Poire Fendue | 19 déc. 2021 | 9 min
L'univers de Matrix recèle de messages philosophiques. Mais qu'en dit la Science ? En explorant cet univers intimidant et où il est facile de perdre pieds, je vous propose de découvrir à quel la matrice présentée dans le film est troublante de vérité...
ELON MUSK pense que nous VIVONS dans un jeu vidéo ! (Et il a peut-être raison)
Hugo Lisoir | 28 avr. 2022 | 11 min
Matrix n'est pas un film, c'est une initiation !
Damien Maya | 25 déc. 2021 | 50 min
Debord - La Société du Spectacle - De Dicto #26
Politikon | 18 avr. 2021 | 27 min
SOMMAIRE
Intro - Debord et le situationnisme 00:00
Quelques influences de Debord (avec notamment le thème de l'aliénation chez Marx) 3:09
La société spectaculaire-marchande : de l’aliénation au fétichisme 6:05
Les fausses oppositions de la société du spectacle 16:31
Temps et espace du spectacle 21:15
Art et révolution 24:41
Conclusion 26:21
Une Vie, une œuvre : Jean Baudrillard, ni morale, ni critique, une « pensée radicale » (1929-2007)
Rien ne veut rien dire | 58 min
Par Delphine Japhet, Olivier Jacquemond et Ghislaine David.
Émission diffusée pour la première fois sur France Culture le 13.09.2014.PublicitéNi morale, ni critique, une « pensée radicale »
Rendre au monde son étrangeté, l’appréhender avec un regard séducteur, telle fut l’entreprise de Baudrillard. Sociologue, philosophe, poète ? Baudrillard est inclassable, et s’est toujours tenu à la marge des institutions académiques, créant son propre style. Ni morale, ni critique, il ne conçut jamais sa pensée comme édificatrice. En revanche, concepts féconds, réflexion visionnaire, il a toujours été un observateur hors norme de notre temps. Au risque de l’hostilité, de la polémique, il s’est emparé d’événements historiques aussi délicats que la Guerre du Golfe ou les attentats du 11 septembre.
Reconnu comme une icône, un gourou à l’étranger, traduit dans une trentaine de langues, il est méconnu en France. Cet épisode de « Une vie, une œuvre », traque les traces de celui qui a toujours cherché à les effacer et à faire de la pensée un jeu de piste.
Intervenants :
Marine Baudrillard : épouse de Jean Baudrillard.
François L’Yvonnet : professeur de philosophie et éditeur.
Sylvère Lotringer : philosophe français, professeur à l’université Columbia de New York.
François Cusset : historien des idées, professeur de civilisation américaine à l’Université de Nanterre.
Jacques Donzelot : maître de conférences en sociologie politique à l'Université de Paris X Nanterre.
Robert Maggiori : Philosophe, journaliste à Libération.
- | Articles | -
Lien de l'entretien avec Jean Baudrillard, réalisé par Raphaël Bessis, Lucas Degryse, dans Le Philosophoire 2003/1 (n° 19), pages 5 à 21 :
https://www.cairn.info/revue-le-philosophoire-2003-1-page-5.htm
(Mis en ligne sur Cairn.info le 01/12/2011)
Tom Cruise contre Baudrillard : Simulacres, mimèsis et… deepfakes
David Pargamin, publié le 08 mars 2021 sur Philosophie Magazine :
https://www.philomag.com/articles/tom-cruise-contre-baudrillard-simulacres-mimesis-et-deepfakes
« Dans la simulation, il n’existe pas de point de comparaison pour savoir si une image est authentique. La vidéo ne nous permet pas de vérifier s’il s’agit bien de Tom Cruise ou de son double numérique. On ne nous montre pas la réalité mais un détournement de la réalité. Or lorsque cette reconstitution s’avère plus convaincante que la réalité, la différence entre le vrai et le faux part en fumée. La réalité passe dans une dimension que Jean Baudrillard appelle « hyperréelle » : « Il ne s’agit plus d’imitation, ni de redoublement, ni même de parodie, mais d’une substitution au réel des signes du réel », explique-t-il dans Simulacres et Simulation. »
- | Livres | -
L'échange symbolique et la mort
Jean Baudrillard
Première parution en 1976
Collection Tel (n° 416), Gallimard
Parution : 12-12-2016 ; 440 pages
https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Tel/L-echange-symbolique-et-la-mort
Au commencement, il y a la « genèse des simulacres » : commutabilité du beau et du laid dans la mode, de la gauche et de la droite en
politique, du vrai et du faux dans tous les messages des médias et des réseaux sociaux ; de l’utile et de l’inutile au niveau des objets, de la nature et de la culture à tous les niveaux de la signification. Tous les grands critères humanistes de la valeur, ceux de toute une
civilisation du jugement moral, esthétique, pratique, s’effacent devant notre système d’images et de signes.
La société de consommation abolit la distinction entre le nécessaire et l’accessoire ; elle crée sans cesse de nouveaux besoins. En cela, c’est elle, et nulle force subversive, qui instaure au cœur du système l’échange symbolique. Quoi qu’en aient dit les anthropologues, ce n’est pas uniquement dans les sociétés premières qu’existe cet échange, le potlatch – cette règle ancestrale qui oblige qu’à chaque présent soit rendu un présent supérieur. Ce duel symbolique conduit à la ruine de l’un des participants. L’échange symbolique devient chez Baudrillard (1929-2007) un principe de défi à tous les ordres en place, un principe qu’il juge supérieur à toute rébellion et à toute révolution (toujours menacées de récupération par le Capital lui-même). Il nous invite à « défier l’adversaire par un don auquel il ne puisse pas répondre, sinon par sa propre mort et son propre effondrement ».
Simulacres et simulation
Jean Baudrillard
Date de parution : 1981 ; 240 pages
http://www.editions-galilee.fr/f/index.php?sp=liv&livre_id=2631
PRÉSENTATION
« Aujourd’hui l’abstraction n’est plus celle de la carte, du double, du miroir ou du concept.
La simulation n’est plus celle d’un territoire, d’un être référentiel, d’une substance. Elle est la génération par les modèles d’un réel sans origine ni réalité : hyperréel. Le territoire ne précède plus la carte, ni ne lui survit. C’est désormais la carte qui précède le territoire – précession des simulacres – c’est elle qui engendre le territoire et s’il fallait reprendre la fable, c’est aujourd’hui le territoire dont les lambeaux pourrissent lentement sur l’étendue de la carte.
C’est le réel, et non la carte, dont les vestiges subsistent çà et là, dans les déserts qui ne sont plus ceux de l’Empire, mais le nôtre. Le désert du réel lui-même. »
J. B.
Extrait (Wikipédia) :
« Il serait intéressant de voir si l'appareil répressif ne réagirait pas plus violemment à un hold-up simulé qu'à un hold-up réel ? Car celui-ci ne fait que déranger l'ordre des choses, le droit de propriété, tandis que l'autre attente au principe même de réalité. La transgression, la violence sont moins graves car elles ne contestent pas le partage du réel. La simulation est infiniment plus dangereuse car elle laisse toujours supposer, au-delà de son objet, que l'ordre et la loi eux-mêmes pourraient bien n'être que simulation. »
Jean Baudrillard : La passion de l’objet
Anne Sauvageot
Presses universitaires du Midi
https://books.openedition.org/pumi/7833?lang=fr
Extrait :
2. L’objet simulacre
p. 23-32« La fautive de ce basculement dans le virtuel est l’image, celle de la publicité par essence, celle du cinéma souvent, celle de la télévision encore davantage, celle de l’ordinateur radicalement. La société de consommation a réussi à engloutir les objets dans leurs images et celles-ci leur seront fatales : elles sont « une arme de destruction massive ». Le cannibalisme de l’image, tel que l’entend Jean Baudrillard, réside dans sa propension à générer des modèles, à actualiser la confusion du réel et du modèle, voire à réaliser la précession de celui-ci sur l’événement.
[...]
L’aboutissement du stade de la simulation, c’est l’avènement du simulacre pur. Ce ne sont plus ces seuls « effets de réel » que Pierre Bourdieu relevait dans son pamphlet sur le journalisme à la télévision, c’est cette propension qu’ont les médias – les médias numériques tout particulièrement – à précéder, non pas le réel, puisque celui-ci est liquidé, mais l’événement. Les braquages, les détournements d’avions, les school shootings, les attentats sont des simulacres parce qu’ils sont déjà orchestrés – eux ou leurs semblables – par les mises en scène médiatiques.
[...]
La multitude des vidéos, conformes, interchangeables, crée une forme de vertige « extatique » propre à une sorte de scansion cybernétique. Que les médias peuvent-ils rêver de mieux que de susciter l’événement dont ils ont nourri les copies préexistantes ? L’exaltation d’un événement est le prélude du suivant. Les médias les multiplient pour les temps à venir sans différenciation entre l’annonce de l’événement futur et l’exploitation forcenée de celui qui est dans l’instant, le temps direct de la télé, le temps réel du réseau numérique. De l’événement réel ou de sa fiction, lequel court-il le plus vite ? Ils sont concomitants, ou plutôt la question ne saurait se poser puisque le réel et la fiction sont « inextricables ». »