vendredi 4 novembre 2011 - par EdenLike

Mathieu Kassovitz en mission citoyenne (L’Ordre et la Morale)

« Au-delà de faire un film, j'étais en mission citoyenne... »

Dans son prochain film, qui sortira le 16 novembre 2011 en France, Mathieu Kassovitz revient sur un épisode sanglant, une blessure restée béante pour les calédoniens : La prise d’otages d’Ouvéa en mai 1988. L’histoire "officielle" fait état de 19 preneurs d’otages tués pendant l’assaut, ainsi que deux militaires. Comme l’explique Mathieu Kassovitz, la version gouvernementale semble cacher des points d’ombres. Les méthodes employées par les militaires (torture, exécutions...) sont soigneusement passées sous silence...

 

Une version gouvernementale qui provoque l’indignation de l’acteur-réalisateur (« Indignation et colère, c’est moi 24 heures sur 24 »), à l’instar de la version officielle du 11 septembre 2001 (*). Des indignations salutaires et citoyennes qui méritent d’être saluées, ne serait-ce que pour faire passer ce message au plus grand nombre : Les gouvernements et ceux qui détiennent le pouvoir en général, n’ont de cesse de manipuler les foules. La version de l’histoire donnée par "le vainqueur" ne doit pas être acceptée sans sourciller. Le doute est salutaire et la recherche de la vérité est impérative. Tout citoyen digne de ce nom devrait exercer son "droit à la vérité", à chaque fois que les autorités cherchent à masquer leurs turpitudes derrière une version de l’histoire décrétée indiscutable. Ces citoyens indignés et en colère sont réalisateurs, acteurs, journalistes, écrivains, humoristes, ouvriers, chômeurs, jeunes, vieux...

 

(*) Mathieu Kassovitz : c’est l’histoire d’un mec... (lire l’article dans son intégralité) : « Mardi 4 septembre 2011 a eu lieu à Paris un procès passé sous silence. Le réalisateur et acteur Mathieu Kassovitz avait en effet porté plainte pour "injures publiques" France Inter, L’Express et un blogueur du Journal du Dimanche.

Le 15 septembre 2009, au cours de l’émission « ce soir ou jamais », MK avait mis en cause les conclusions de l’enquête officielle sur les attentats du 11 septembre. "On ne peut pas prendre l’information officielle comme argent comptant", avait-il déclaré, précisant ne pas parler "de complot ou de choses comme ça." (...)
 »

 

 

Bande annonce HD - L’Ordre et la Morale :

 

Interview avec Mathieu Kassovitz et Philippe Legorjus (Commandant du GIGN de 1985 à 1989) :

 

1) La réaction (sur Europe 1) prévisible de « Bernard Pons, ministre du gouvernement de Jacques Chirac au moment des faits, explique qu’il a éprouvé "indignation, tristesse et étonnement" à la vue de ce film.

"Je pensais qu’un tel metteur en scène, qui se targue d’avoir mis dix années à faire ce film, avait eu un souci d’objectivité", a-t-il déclaré, en démentant que "l’assaut final aurait été dicté par des sombres calculs politiques".
 »

 

 

2) Alexis Jenni, Prix Goncourt 2011 pour son livre L’Art français de la guerre, donne son point de vue sur le film de Kassovitz, dans un article paru sur fluctuat.net ce vendredi.

 

En voici quelques extraits :

« On m’a souvent demandé ce qu’était L’Art français de la guerre, et je ne sais pas bien répondre. J’ai tourné autour pendant 600 pages et je ne sais pas le dire en quelques mots. Mais maintenant, je sais ce que je vais dire : « L’Art français de la guerre ? Regardez L’Ordre et la Morale, regardez le film de Mathieu Kassovitz. Tout est là, tout est montré ; c’est exactement ça, l’art français de la guerre, cette façon grandiose et absurde d’aller au massacre. J’en parle, il le montre ; regardez. » (...)

« Le dernier spasme de l’Empire

Le film raconte le drame d’Ouvéa. On dit drame parce que c’est violent et triste, et aussi parce que c’est du théâtre. On pourrait croire que ces événements ont été écrits pour la scène, pour montrer en peu de temps et sur un petit lieu le mécanisme même de la réalité française. Ainsi les tragédies antiques voulaient dire en deux heures ce que le monde met des années à vivre.
Dans le drame d’Ouvéa tel que le raconte Mathieu Kassovitz, je vois le dernier spasme de l’Empire français, son dernier sursaut parfaitement clair, qui va jusqu’au bout, toujours, comme là-bas.
Sur l’île où vivent 400 personnes, en dix jours, s’est joué en petit ce qui s’est joué dans tout l’Empire, comme une réduction pour piano de la grande symphonie des guerres coloniales, dix jours et une île, 400 personnes et 300 militaires, qui valent pour vingt ans, des continents, des foules innombrables et 500 000 soldats. » (...)


« La difficulté c’est l’atterrissage

Ce qui aurait dû être traité comme un fait divers, prise d’otages entre citoyens français, résolue par l’action mesurée du GIGN et d’un magistrat, a été traité à l’ancienne : comme là-bas. L’issue en est le massacre, et le renforcement de ce contre quoi on voulait lutter : la situation coloniale, l’affrontement qui dure, les camps entre lesquels il faut choisir, la peur, la haine. C’est l’atterrissage qui est difficile, fait dire Mathieu Kassovitz, dans ce film, et il le disait aussi dans La Haine, son film qui parlait des banlieues d’ici.
L’Ordre et la morale est l’incarnation parfaite, en deux heures comme sur un théâtre, de la névrose nationale qui nous nuit, et dont j’ai tenté de faire un livre.
Je saurai quoi répondre, maintenant, quand on me demandera d’expliquer ce que c’est, que L’Art français de la guerre, et ma réponse tiendra dans le temps que me laisse mon interlocuteur : je citerai juste le film de Mathieu Kassovitz. « Regardez, dirai-je. C’est ça. » »

 

Lire l’article dans son intégralité : L’Ordre et la morale vu par Alexis Jenni

 

 

3) Ci-dessous des extraits venant de Wikipédia, sur la Prise d’otages d’Ouvéa (grotte de Gossanah, en Nouvelle-Calédonie) :

 

« En avril 1988, après deux ans de cohabitation, la France se prépare à l’élection présidentielle qui voit s’affronter le Premier ministre Jacques Chirac et le président de la République François Mitterrand.

En Nouvelle-Calédonie, la situation politique est particulièrement tendue. En octobre 1987, cette tension s’accentue suite à l’acquittement par la cour d’assise de Nouméa, des 7 auteurs de l’embuscade menée en 1984 à Hienghène durant laquelle dix indépendantistes furent tués dont deux frères du leader indépendantiste Jean-Marie Tjibaou.


Le vendredi 22 avril 1988 au matin, à Fayaoué, sur l’île d’Ouvéa, deux jours avant le premier tour des élections présidentielles, des indépendantistes kanaks et membres du FLNKS, attaquent la gendarmerie, dans le but de l’occuper jusqu’au jour du deuxième tour. L’attaque dégénère et quatre gendarmes sont tués par balles et trois indépendantistes blessés. Les médias de l’époque relayant les propos du premier ministre Jacques Chirac annoncent pourtant que les trois gendarmes ont été « massacrés à l’arme blanche », ce qui est contesté par les autopsies et les témoignages des autres gendarmes.

Les 27 autres gendarmes, désarmés, sont pris en otage et séparés en deux groupes.


Paris envoie sur place ses troupes d’élite sous le commandement du Général Vidal ; le GIGN, EPIGN, le 11e Choc (dépendant des services secrets) et le commando Hubert. L’île d’Ouvéa est bouclée et interdite aux journalistes1, alors même que la grotte demeure introuvable.

La grotte est finalement repérée le 27 avril, après des interrogatoires musclés sur les habitants de Gossanah. Selon des témoins des enfants sont enchaînés à des poteaux et maltraités par les militaires devant leurs parents. Le même jour, le capitaine Legorjus, du GIGN, sous commandement présidentiel, accompagné de cinq hommes et du substitut du procureur de Nouméa, Jean Bianconi, sont à leur tour pris en otage. Legorjus et Bianconi sont libérés le lendemain afin de servir de médiateurs, les cinq autres membres du GIGN, seront quant à eux libérés le 5 mai 1988 en même temps que les autres otages, lors de l’opération « Victor ».

Les preneurs d’otages, peu à peu lâchés par le bureau politique du FLNKS qui ne veut pas assumer la mort des quatre gendarmes, constatent que la situation insurrectionnelle qu’ils espéraient provoquer reste sporadique. Un semblant de négociation s’engage. Selon Legorjus, « Alphonse Dianou voulait sortir vivant de cette affaire, avec ses camarades. J’expliquai à Bernard Pons que l’idée d’une reddition était possible. Après le second tour de la présidentielle », mais l’échéance du deuxième tour des présidentielles, précipite les événements et l’assaut est décidé du fait, selon le Général Vidal et Bernard Pons, de l’impossibilité de négocier et de l’hostilité de certains des preneurs d’otages.


Le 5 mai 1988 le gouvernement Chirac, à la demande de Bernard Pons et avec l’assentiment de François Mitterrand, déclenche l’opération « Victor » à 6h151. L’opération aurait dû avoir lieu le 4 mai mais est reportée car les otages français retenus au Liban avaient été libérés ce jour là. 75 hommes participent à l’assaut1, les preneurs d’otages combattent dans des postes de combats défendant l’accès de la grotte avec une mitrailleuse AA-52, des fusils et des FA-MAS pris lors de l’attaque de la gendarmerie6. Dix-neuf des preneurs d’otages et deux militaires sont tués lors de l’assaut. L’opération permet la libération des gendarmes retenus en otages.

Des membres du FLNKS et d’autres indépendantistes accusent alors les forces de l’ordre d’avoir « laissé mourir volontairement » ou « exécuté sommairement » certains preneurs d’otages après l’assaut.

Les sources sont sur cette question contradictoires. Les autorités militaires ont toujours nié cette version. Suite à une enquête de commandement, Jean-Pierre Chevènement, ministre de la Défense du gouvernement Rocard relève « qu’aucun élément de l’enquête ne fait apparaître qu’il y a eu des exécutions sommaires » tout en évoquant des « actes contraires au devoir militaire » et « des points lui paraissant obscurs après l’évacuation d’Alphonse Dianou » ».

Parmi les cas suspects, celui de Wenceslas Lavelloi, surnommé « Rambo », retrouvé mort d’une balle dans la tête et dont plusieurs témoignages confirment qu’il était encore vivant après la fin de l’assaut ; le cas d’Alphonse Dianou, chef du commando, blessé d’une balle au genou, laissé plusieurs heures sans soins et qui devait finalement décéder ; le cas de Patrick Amossa Waina, un « porteur de thé » de 18 ans qui ne faisait pas partie des preneurs d’otages, retrouvé mort d’une balle dans la tête alors qu’il était vivant à la fin de l’assaut ; de Martin Haiwe qui tentait de s’enfuir avant l’attaque et de Samuel Wamo. Le légiste ayant pratiqué les autopsies constatera également un nombre anormalement élevé de victimes tuées d’une balle dans la tête : douze sur 19 ont en plus de multiples blessures reçu une balle dans la tête. (...)
 »



19 réactions


  • Hijack ... Hijack 4 novembre 2011 15:03

    Bravo Kasso ... tjrs dans les vrais combats !!!

    Bon courage à ce film ... qui le remettra je l’espère en selle ...

    après le petit blocus qu’il a subi après le 11/09.


  • Gael 4 novembre 2011 15:38

    Au regard de ces prises de positions sulfureuses sur le 11 septembre, c’est un très joli coup de la part de Kassovitz !


    • Hijack ... Hijack 4 novembre 2011 17:17

      C’est quoi qui est sulfureux ??? tu veux dire la version sulfureuse ...


    • Gael 4 novembre 2011 17:25

      Ce qui est sulfureux c’est de mettre en cause la version officielle.


    • TZ TZ 4 novembre 2011 22:08

      Et ce qui sent le souffre, ce sont les armes de nos médias pour descendre celles et ceux qui ne respectent pas la doctrine officielle.
      .
      La prise de position de Mr Kassovitz n’était pas sulfureuse, elle était réfléchie et courageuse.


    • Hijack ... Hijack 4 novembre 2011 23:28

      CE qui est sulfureux est de croire ... à ce qui est sulfureux ...


  • Observons Observons 4 novembre 2011 16:32

    Heureusement qu’on a encore des réalisateurs comme lui en France, à mon avis ce film est le premier d’une longue série, visant le grand public à apprendre à douter des versions gouvernementales dîtes "officielles" ...


  • eQzez edzez 4 novembre 2011 16:46

    voila un juif comme je prefere et que j’aime , smiley


  • Alsace Alsace 4 novembre 2011 21:08

    Bon courage et bonne chance à Kassowitz.
    Il est une fierté nationale.


  • juluch juluch 4 novembre 2011 21:36

    Encore un film sur la repentance.........pfffff !!!


    • gazatouslesetages 4 novembre 2011 22:42

      après n’avoir fait que des navets, faut bien qu’il se cherche un rôle de citoyen gentil smiley


    • Hijack ... Hijack 4 novembre 2011 23:31

      Ne pas confondre repentance avec dénonciation de mensonges ...

      Si les dénoncés ne sont pas contents ... qu’ils contestent avec arguments !


  • webrunner webrunner 5 novembre 2011 10:28

    bientôt un film sur Israël !!!! yes !!!


  • alchimie 5 novembre 2011 11:53

    C’est vrai qu’en matière de mensonges Kassowitz ne dénonce jamais ceux d’Israel ...

    Curieux pour un soi-disant révolté, "sélectivement" révolté


  • Hijack ... Hijack 6 novembre 2011 11:09

    Oui, comme bcp de juifs qui se disent antisionistes ... Kasso ne dénonce pas Israël ...

    Soit il est sincère mais craint d’être taxé de juif honteux ... soit il joue un jeu ...
    j’opterai perso pour la première catégorie ...


  • maddle maddle 12 novembre 2011 15:49

    L ayant rencontré en privé, je peux dire clair et net que Kasso est un pur anti sioniste ! Kasso est un juste.


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