Les chanteurs francophones oubliés : Fréhel
Elles se tenaient debout et les seins en avant
Pour déballer leur cœur sans micro, sans manières
À la braderie des larmes et des bons sentiments
Elles avaient la santé, les chanteuses populaires
Elles s´appelaient Fréhel ou Berthe ou bien Damia
Les championnes du mélo, les stars de la rengaine
On reprenait en chœur autour d´un p´tit format
Dans les noces et banquets, elles sont toujours les reines
Michèle Bernard, Les Chanteuses populaires
Fréhel, l’inoubliable, l’inoubliée... ?
C’est de Fréhel que nous allons causer aujourd’hui. Fréhel fait partie de ces chanteuses populaires qui enchantaient les foules par leur voix et par leur force. Dont les titres étaient repris dans les balloches, et dont certains sont encore gravés dans l’inconscient collectif. Elle fait aussi partie de ces femmes aux vies tragiques, dont les histoires d’amours, et un passé douloureux, finissent par les emporter dans ces continents tristes que sont l’alcool, la drogue... en bref la fuite.
Contrairement à Piaf, on ne fera pas de film sur Fréhel. On ne fera pas de film, car, et bien que je récuse le terme, la fin de sa vie fut digne d’un poète maudit. Alcoolique, seule et oubliée. Morte sans le sou dans une chambre d’hôtel. Sans glamour ni paillette. Mais toujours restera sa voix, traversant le temps, sans prendre une ride. Réelle et forte, dans notre monde consensuel (comme l’entend Rancière) et virtuel. Ecouter Fréhel, c’est résister.