La chute de l’Empire romain & La prévalence des intérêts particuliers
Le coût est très élevé quand un empire s'effondre...
La fin de l’empire romain
La prévalence des intérêts particuliers
Edward Gibbon, Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain, 1776 – 1788
Michel Foucault, Naissance de la biopolitique. Cours au Collège de France. 1978-1979 (Gallimard / Seuil 2004)
Pierre Dardot et Christial Laval, La nouvelle raison du monde. Essai sur la société néo-libérale (La Découverte 2009)
« Geoffroy de Lagasnerie, Philosophe et sociologue, Chargé de cours à l’IEP propose une relecture du dernier cours donné par Michel Foucault au Collège de France, lorsque le philosophe a laissé les esprits perplexes en pointant les vertus du néolibéralisme.
Geoffroy de Lagasnerie montre que cette idéologie n’est pas conservatrice, mais représente une tendance novatrice et dynamique qui favorise l’insoumission critique face aux idéologies aliénantes, aux pouvoirs et au contrôle social.
C’est ce qu’il propose de faire découvrir dans son dernier livre paru aux Editions Fayard dans la Collection Histoire de la pensée - sous le titre - La dernière leçon de Michel Foucault : sur le néolibéralisme, la théorie et la politique. » (france culture)
- Sur Rome et l’Empire Romain -
Documentaire - Rome Antique
Merveille architecturale, la célèbre cité Antique romaine fut une des plus resplendissantes villes de tous les temps. Ce documentaire historique nous fait témoin de ce splendide héritage.
L’empire romain - légionnaires de Rome
La bataille de Rome (En octobre 312 de notre ère, deux rivaux se livrent une bataille féroce pour le trône impérial : Constantin et Maxence s’affrontent au pont Milvius.)
18 réactions
-
machiavel1983 1er décembre 2012 16:35
Franchement la chute de l’ occident n’ est pas à regretter , ça va faire un bien fou aux peuples du monde , et à la planète elle même qu’ on sorte du paradigme qu’ elle a crée. Combien de peuples disparus et massacrés par cet empirel ?
Le problème c’ est que quand un empire s’ effondre ça fait mal , mais il y’ a moyen de limiter les pertes en se préparant bien.Sinon sur la chute de l’ empire Romain il y’ avait une bonne vidéo intitulé " Rome , grandeur et décadence d’ un empire " et le dernier épisode " le dernier empereur de Rome " ou Odoacre dépose le dernier empereur et envoie les insignes impériaux en orient. Vu le thème je crois qu’ elle aurait été plus adéquate que les vidéos sur Rome posté qui sont aussi intéressantes mais quelque peu hors sujet.-
franck2012* 1er décembre 2012 18:12C’est certain que voir des légions de chômeurs, des gens précarisés, des SDF sous les ponts chez nous, cela va faire du bien aux peuples du tiers-monde ....
-
franck2012* 1er décembre 2012 18:20Bien la peine de prendre le temps de la réflexion ô statue de marbre !
-
machiavel1983 1er décembre 2012 18:25
Non mais faut pas être occidentalo centré, le monde ne se limite pas à l occident. En occident on est assez épargné par la rapacité et la violence de l’ Empire, dans les pays du tiers monde , c’ est infernal ! On pleure pour les grecs mais par rapport aux populations du tiers monde , ce qu’ ils vivent c’ est du pipi de chat.
Maintenant les peuples occidentaux vont payer aussi , c’ est vrai mais il y’ a des contre mesures , il y’ a moyen de minimiser les dégâts. Je pense que globalement , le bilan sera positif après la disparition de cet empire prédateur , les choses iront mieux pour tout le monde sans oublier pour la nature elle même ( ne pas être anthropocentré non plus ). Il faut juste réussir à survivre à son effondrement , ce qui j’ en convient n’ est pas simple ! -
franck2012* 1er décembre 2012 18:43Je ne peux que constater le déclin de l’Occident. Mais j’espère un déclin relatif .... La chute de l’Occident signifierait une catastrophe humaine. La complexité des sociétés technologiquement avancé entraine leur fragilité. Aujourd’hui quelques 500 000 000 de personnes vivent en Europe, dépendant de la complexité de leur société. Aucun autre effondrement n’a connu de pareils enjeux.
Et, le tiers monde ne profiterait pas de la ’bonne nouvelle’, démographiquement en pleine croissance du fait de la misère et des apports d’une médecine certes au rabais selon nos critères mais qui a vu le taux de mortalité infantile baissée drastiquement ...
Pour ce qui est des pays en voie de développement, leur développement justement dépend de la bonne santé de nos zones commerciales .
A moins que vous ne soyez pour une décroissance drastique et une baisse drastique de la population humaine ... ce qui est un autre débat. -
machiavel1983 1er décembre 2012 19:29
@franck2012
- La chute de l’Occident signifierait une catastrophe humaine.R / C’ est vrai . Mais il faut concevoir que l’ existence de cet occident en tant qu’ empire a été vu comme des siècles de catastrophe pour les peuples du monde et pour la planète elle même. Ce n’ est pas parce que ces catastrophes risquent de toucher l’ occident aujourd’hui à son tour que tout d’ un coups ça devient dramatique. La domination occidentale a été une catastrophe permanente pour tout le monde des Amériques à la Chine , du pôle nord au pôle sud .- Et, le tiers monde ne profiterait pas de la ’bonne nouvelle’, démographiquement en pleine croissance du fait de la misère et des apports d’une médecine certes au rabais selon nos critères mais qui a vu le taux de mortalité infantile baissée drastiquementR / Est ce que vous pensez vraiment que la mortalité infantile a drastiquement baissé dans les pays du tiers monde ? Moi je pense que la misère généré par la prédation de l’ occident a rendu les conditions pire dans des pays qui vivaient et se nourrissaient décemment grâce à l’ agriculture et l’ élevage qui sont entré dans la " modernité "occidentale ( sous domination occidentale )ou aujourd’hui on crève de faim.- Pour ce qui est des pays en voie de développement, leur développement justement dépend de la bonne santé de nos zones commerciales .Les pays émergents s’ occidentalisent effectivement et l’ occident les entraînera dans sa chute. Mais quelque part ils auront la chance de ne pas être entré pleinement dans la modernité et tout ce qu’ elle a de plus abject comme les occidentaux. Ça leur fera moins mal et ils feront moins de mal aux autres que s’ ils s’ étaient aussi occidentalisé complètement.- A moins que vous ne soyez pour une décroissance drastique et une baisse drastique de la population humaine ... ce qui est un autre débat.Je suis pour une décroissance contrôlée et une baisse contrôlée ( ou à la limite le maintient ) de la population humaine mais malheureusement ça va être drastique car causé par l’ effondrement !Personne ne prendra les mesures qui s’ imposent pour que ça se fasse en douceur et c’ est bien dommage !
-
machiavel1983 1er décembre 2012 20:25
@susanoo
Aucun problème , les dirigeants des pays du tiers monde sont les premiers responsables de la misère dans laquelle vivent leurs peuples. J’ irai même plus loin , les peuples aussi sont responsables , occidentaux ou non ! Faut arrêter se faire les victimes , oui c’ est la faute de l’ oligarchie , des méchants capitalistes ,des riches , des talmudo sionistes ou je ne sais quoi , c’ est trop facile de désigner des responsables. Nous sommes tous responsables de la situation dans laquelle nous sommes.Ce qu’ on appelle le système , c’ est nous tous qui le produisons collectivement , on a crée un monstre qui nous dépasse , nous sommes pris une dynamique holistique qui dépasse les capacités d’action des individus qui composent le collectif. Mais cette dynamique est produite par notre façon de donner un sens au monde.Les classes dirigeantes qui nous gouvernent , qui sont à la tête du système sont eux mêmes des pions qui pensent manipuler le système mais qui sont en réalité manipulé par lui , aussi lamentable et mauvais qu’ils puissent être , ils ne sont que des conséquences.On parle de complots , qui évidemment existent , mais si tout le monde pouvait se remette en question, ces complots n’ auraient aucun effet.Il faut faire le travail de déceler les travers profond du système dans lequel nous évoluons mais évidemment c’ est plus facile de désigner des boucs émissaires ( qui d’ ailleurs souvent ont leur part de responsabilité ).Mais si nous sommes tous responsables certains le sont plus que d’ autres , ça c’ est incontestable !@YoanandaC’ est pas une question de haine de soi , il faut dire la réalité. Une auto critique au contraire est la meilleure façon de s’ aimer. -
Susanoo ! 1er décembre 2012 20:51
Moi je pense que si ce monde déconne c’est parce là où il y a de la lumière, on y trouvera aussi les ténèbres.
Tant qu’il y aura des états forts, il y aura des états faibles.
Tant qu’il y aura des monnaies fortes, il y aura des monnaies faibles.
Tant que des notions comme gagnants existeront, il y aura aussi des perdants.
Tant qu’il y aura des maitres, il y aura des esclaves.
C’est l’aspiration même à vouloir la paix qui conduit à provoquer des guerres.
Et la haine est née pour protéger l’amour.
Ce sont des relations de causes à effets qui ne changeront jamais.
Mais nous approcherons du changement dans le Nouvel Ordre Mondial.
Qui vivra verra.
-
machiavel1983 1er décembre 2012 21:03
Ça c’ est parce que t’ écoute Madara et Obito.
Et le nouvel ordre mondial c’ est le Tsukiyomi infini ?N’ empêche que c’ est pas con ... -
arpontar 3 décembre 2012 16:51
l empire romain ....deja 1700 ans ou presque qu’il s’est effondré.....................
L’ OCCIDENT CHUTERA BIENTOT..........AVANT 2020
CAR NOUS AVONS DES AGENTS DOUBLES DANS LA CEE L ANGLETERRE ET L ALLEMAGNE...................
NOUS FAISONS DE L OMBRE A LEUR PROTECTEUR .....................LES INDEBOULONNABLES USA
-
-
perlseb 1er décembre 2012 17:53
Je réagis sur l’ambiguité de Michel Foucault vis-à-vis du néolibéralisme. Oui, c’est parfaitement vrai, il faut être pour la liberté maximale. Personne ne conteste cela. Mais comment l’obtient-on ?
"La liberté s’arrête où commence celle des autres".
Le libéralisme (néo ou non) c’est la dictature de l’argent, ou de la propriété privée. Donc non merci, ce n’est rien d’autre qu’une nouvelle aristocratie (ploutocratie ou les modèles à suivre, les "meilleurs", sont ceux qui ont l’argent). Allez marcher un peu sur les chemins et observez les panneaux : "propriété privée", "défense d’entrer", ... C’est ça, la liberté ?
Personne ne veut non plus d’un état centralisateur et uniformisant (dictature politique quelque puisse être sa pseudo-orientation politique puisque systématiquement élitiste, donc aristocratique également).
Il y a un système qui maximise la liberté, un seul, c’est la démocratie (la vraie, directe, avec l’utilisation d’internet pour proposer les lois, pour les voter et des salles communales pour ceux qui ne savent pas manier un ordi). Je ne crois même pas que la démocratie aie été citée dans l’entretien de Geoffroy de Lagasnerieff, ce qui est un peu normal : il travaille à l’IEP, cursus qui est pour la formation d’une élite en politique, donc anti-démocratique.
Maintenant c’est vrai, la démocratie, c’est encore la dictature de la majorité. Cependant il ne faut pas y faire appel systématiquement. Laisser les gens libres autant que possible sans les entraver dans leurs choix et ne pas chercher à légiférer systématiquement (laisser l’expression de la diversité). Mais dès que leur liberté les mène à des actions qui nuisent à d’autres, alors ceux qui subissent les nuisances ont leur mot à dire. Et c’est là que la démocratie intervient pour choisir des compromis (discussions, contrepartie aux nuisances ou interdiction pure et simple, puis décision à la majorité). A mon avis, il ne sert à rien de légiférer de façon identique sur des territoires très vaste (uniformisation) : la maximisation de la liberté devrait permettre aux gens de déménager spontanément vers les zones qui leur correspondent le mieux au niveau législatif. La dictature de la majorité (locale) s’avère la meilleure solution à la limitation nécessaire des libertés des individus dans une société civilisée (il n’y a pas une planète par personne). Liberté maximale à priori + démocratie en cas de conflits pour régler les litiges + diversité des lois selon la géographie + facilitation des déménagements = liberté maximale.
Pour conclure, 2 exemples pour montrer à quel point le (néo)libéralisme est liberticide.
1) La liberté de la possession privée (et surtout immobilière) est une nuisance évidente pour ceux qui en seront dépourvus. Alors on fait quoi ? On gaze les dépossédés ? Non, on les fait travailler à vie pour des rentiers ? Le principe évident de liberté (ne pas nuire aux autres) n’est pas respecté dans la propriété privée. Les libéraux, extrêmement malhonnêtes, ne produisent des ouvrages que du point de vue des possédants, jamais du point de vue des dépossédés (bien plus nombreux à subir la nuisance de la soumission).
2) De même, l’analyse néolibérale du crime (calcul du criminel, donc pas un anormal) est la preuve la plus flagrante de la non compréhension de la liberté par le néolibéralisme : combien de libéraux aimeraient se faire tuer (ne subit-on pas une nuisance quand on se fait flinguer ?). Accepter un certain pourcentage de crimes avant de mettre en place un état (ou juste une police), c’est avant tout s’accommoder d’une société barbare où les gens en souffrance pourront être liquidés avant qu’ils ne cherchent, logiquement, à liquider d’autres pour s’alimenter.-
rastapopulo 2 décembre 2012 03:55
Venise, Monnaie mondialeVenise fut le plus grand succès commercial du Moyen Age - une ville sans industrie, à la seule exception de la construction navale militaire, réussit à dominer le monde méditerranéen et à contrôler un empire simplement à travers des entreprises commerciales. Braudel note : « On disait du Vénitien : "Non arat, non seminat, non vendemiat" (il ne laboure pas, ne sème pas, ne vendange pas). Construite dans la mer, manquant totalement de vignes et de champs cultivés, ainsi le doge Giovanni Soranzo décrit-il sa ville, en 1327. »
Frederick Lane ajoute : « Les patriciens vénitiens étaient moins intéressés par les profits provenant de l’industrie que par ceux provenant du commerce entre les régions où l’or et l’argent avaient des cours différents ».
Entre 1250 et 1350, les financiers vénitiens mirent sur pied une structure de spéculation mondiale sur les monnaies et sur les métaux précieux qui rappelle par certains aspects l’immense casino moderne de « produits dérivés ». Les dimensions de ce phénomène dépassaient de très loin la spéculation plus modeste sur la dette, sur les marchandises et sur le commerce des banques florentines. Les Vénitiens parvinrent à enlever aux monarques le monopole de l’émission et la circulation de la monnaie.
Les banques vénitiennes pouvaient paraître plus petites et moins présentes que celles de Florence, mais en réalité elle disposaient de plus grandes ressources pour la spéculation. L’avantage résidait dans le fait que l’empire vénitien agissait comme un organisme unique, poursuivant ses propres intérêts non seulement à travers la banque, mais aussi le commerce, la diplomatie et l’espionnage. A cette époque, le commerce vénitien au loin se faisait au moyen de navires bâtis par le pouvoir vénitien, escortés par des convois navals bien armés, où tout était décidé par les organes de l’Etat, et on accordait aux marchands une participation. Le pouvoir de l’Etat centralisait également les activités de frappe de la monnaie ainsi que de trafics de métaux précieux.
La documentation présentée par Frederick Lane indique que, pas plus tard qu’en 1310, les métaux précieux et la monnaie constituaient déjà le commerce principal des Vénitiens. Derrière les spéculateurs, il y avait bien sûr de grands « pools » financiers et des protections politiques, comme on en trouve aujourd’hui derrière des personnes comme Georges Soros.
Deux fois par an, partait de Venise un « convoi des lingots » composé de 23 galères, armées et escortées à grand frais, qui naviguaient jusqu’à la côte de la Méditerranée orientale ou l’Egypte. Chargés principalement d’argent, les navires retournaient à Venise, transportant de l’or sous toutes ses formes : pièces de monnaies, lingots, barres, feuilles, etc. Les profits de ce commerce étaient bien plus grands que ceux venant de l’usure en Europe, même si les Vénitiens ne se privèrent pas de cette deuxième activité. Des documents de l’époque nous montrent que les financiers vénitiens instruisaient leurs agents à bord des convois d’obtenir un profit minimum de 8% pour chaque voyage de six mois, ce qui signifie un profit annuel de 16% et probablement en moyenne de 20%.
Une idée de l’« esprit d’entreprise » vénitien est fournie par le célèbre discours du doge Tommaso Mocenigo, prononcé la veille de sa mort en 1423, devant le Conseil des Dix pour illustrer l’enrichissement fabuleux de Venise. Il déclara que le capital investi dans le commerce était de 10 millions de ducats l’an. Ces 10 millions rapportent, cite Braudel, « outre deux millions de revenu du capital, un profit marchand de deux millions. Les retours du commerce au loin sont ainsi à Venise, selon Mocenigo, de 40%, taux fabuleusement élevé (...). » Venise battait chaque année 1 200 000 ducats d’or et 800 000 ducats d’argent, dont 20 000 allaient annuellement en Egypte et en Syrie, 100 000 sur le territoire italien, 50 000 outre-mer et encore 100 000 en Angleterre et autant en France.
Ce « succès » fut le résultat de l’usure érigée en « religion d’Etat ». A partir de la moitié du XIIème siècle, l’or oriental était pillé par les Mongols en Chine (qui jusque là avait possédé l’économie la plus riche du monde) et en Inde. Autrement, il était extrait de mines au Soudan et au Mali pour être vendu aux marchands vénitiens en échange du métal blanc européen tout à fait surévalué. Cet argent, provenant de mines en Allemagne, en Bohème et en Hongrie, était vendu de plus en plus exclusivement aux Vénitiens qui payaient en or. Les pièces non vénitiennes commencèrent à disparaître, tout d’abord dans l’empire byzantin au XIIème siècle, puis dans les domaines mongoles et enfin en Europe au cours du XIVème siècle.
-
rastapopulo 2 décembre 2012 04:05
Produits dérivésMarchands et financiers vénitiens pouvaient compter sur des profits allant jusqu’à 40% par an sur des investissements à brève échéance (semestriels) et cela dans le contexte d’une économie mondiale où le profit réel, à savoir le « surplus » productif, atteignait dans les meilleurs cas les 3 à 4% (cf. Figure 2). Par ailleurs, les activités bancaires des Guelfes noirs florentins, qui étaient comme une sous-catégorie des manipulations financières vénitiennes, engendraient des taux de profit certes inférieurs à ceux de Venise, mais néanmoins suffisamment élevés pour miner la base productive de l’économie réelle.
De 1275 à 1325, le rapport entre le prix moyen de l’or et celui de l’argent augmenta de manière continue, interrompue seulement par quelques brèves fluctuations. Le rapport passa ainsi de 8 pour 1 à 15 pour 1. C’est au cours de cette période que Venise, jouant sur son monopole de l’or mongol et africain, s’empara de l’abondante production d’argent européen. « Venise détenait la position centrale de marché mondial des lingots et sut attirer sur le Rialto le volume d’achats et de ventes en rapide croissance, stimulé par les fluctuations de prix des deux métaux précieux », écrit Lane. De 1290 jusqu’aux années 1330, les prix des biens les plus essentiels augmentèrent considérablement.
Dans ce processus de spéculation accélérée, Venise « prit dans son piège les économies voisines, y compris l’allemande » où se trouvait concentrée la production d’argent, de fer et de produits ferreux. Après les 1320, les marchands vénitiens ne prirent plus la peine de se rendre en Allemagne, les Allemands furent contraints d’ouvrir des succursales à Venise, d’où le nom de « Fondego de’ tedeschi » (entrepôt des Allemands). Sur le Rialto, les transactions bancaires s’effectuaient sans numéraire ; les virements se faisaient entre comptes des marchands, on accordait des crédits sur un compte courant, on acceptait des découverts, on créait ainsi de l’« argent fiduciaire » sur lequel on pouvait spéculer. Les Vénitiens purent le faire parce qu’ils contrôlaient les réserves, et donc la spéculation monétaire.
Les fameuses « lettres de change » des banquiers florentins représentaient en quelque sorte une forme bien plus primitive des « produits dérivés » tellement sophistiqués qui prolifèrent de nos jours, dévorant l’économie réelle. De fait, les banquiers florentins imposaient une taxe à quiconque faisait du commerce, dans la mesure où il fallait payer une commission sur chaque opération de change et qu’il y avait quantité de monnaies que chaque ville ou région faisaitcirculait dans sa propre juridiction. Cette commission prélevée sur le commerce, sous la formedes « lettres de change », devenait de plus en plus lourde puisqu’il fallait couvrir aussi les risques découlant des fluctuations dues au monopole vénitien des métaux précieux. Les lettres de change du XIVème siècle comportaient en moyenne 14% d’intérêt, un coût tout à fait comparable à des prêts usuraires.
Venise obligea donc l’Europe à adopter le système d’or en pillant l’argent. Prenons l’exemple de l’Angleterre : de 1300 à 1309, elle importa 90 000 livres sterling d’argent pour la frappe, mais 30 ans plus tard, de 1330 à 1339, elle réussit à en acquérir seulement 1000. Mais pendant toute cette décennie, aucune pénurie d’argent ne fut enregistrée à Venise. Les banquiers florentins, avec leur fameux florin d’or eurent toute latitude pour spéculer.
Néanmoins, durant la période 1325-1345, il y eut renversement de la situation. Le rapport entre le prix de l’or et celui de l’argent commença à chuter, passant de 15 pour 1 à 9 pour 1. Au moment où le prix de l’argent remontait, après 1330, l’offre était énorme à Venise. En 1340-50, « l’échange international de l’or et de l’argent s’intensifia considérablement », affirme Lane, qui documente en outre une nouvelle envolée des prix des biens.
Les banquiers florentins se retrouvent du coup piégés. Tous leurs investissements sont en or, alors que le cours du métal jaune est en chute libre.
Après l’écroulement de l’or provoqué par les Vénitiens avec leurs nouvelles pièces de monnaie, les Florentins ne firent de même qu’en 1334 lorsque c’était trop tard, le Roi de France attendit 1337 et le roi d’Angleterre 1340 avant de lancer la malheureuse tentative que nous avons mentionnée.
Selon Lane : « La chute du prix de l’or, à laquelle les Vénitiens avaient résolument contribué par d’importantes exportations d’argent et importations d’or, en en tirant des profits, fut néfaste pour les Florentins. Bien qu’ils fussent les dirigeants de la finance internationale (...), les Florentins ne furent pas en mesure, contrairement aux Vénitiens, de tirer avantage des changements qui eurent lieu entre 1325 et 1345. »
Les superprofits de la Sérénissime dans la spéculation globale continuèrent jusqu’aux désastres bancaires et à la désintégration du marché qui se produisirent en 1345-47 et au cours des années suivantes.
Dans la période allant de 1330 à 1350, la Peste noire se répandit dans la Chine méridionale, tuant 15 à 20 millions de personnes, suite et fin logique du processus de pillage des Mongols. L’économie mongole se fondait sur d’innombrables troupeaux de chevaux qui ruinaient l’agriculture de tout l’immense domaine des Khans. Elle eut aussi pour effet de faire immigrer les rongeurs porteurs de la peste, confinés depuis des siècles dans une très petite région du Nord-Est de la Chine, aux régions du Sud et sur les routes allant vers l’Occident. En 1346, la cavalerie mongole diffusa la peste dans des villes de la Crimée, sur la Mer noire, d’où elle arriva, par les routes maritimes, en Sicile en 1347, et de là, à toute l’Europe. La démographie en Europe avait stagné depuis une quarantaine d’années et la population s’était concentrée de plus en plus dans des villes où l’infrastructure sanitaire et de l’eau était très insuffisante. Les fameux ponts de Florence, par exemple, avaient tous été édifiés au XIIIème siècle, aucun au XIVème. Le niveau alimentaire s’était dégradé suite au déclin de la production de céréales.
Après le krach financier et la diffusion de la peste, le niveau démographique allait diminuer sur une centaine d’années, passant de près de 90 millions d’habitants à 60 millions.
Venise : vers la défaiteDieu permet le mal car, en le combattant nous devenons des êtres meilleurs, écrivait Gottfried Leibniz, le philosophe et mathématicien allemand qui, au XVIIème siècle, fonda la science de l’économie physique. Aujourd’hui il y a ceux, et ils sont nombreux, qui pensent comme Thomas Malthus qu’une grande épidémie mortelle serait la meilleure manière de résoudre le problème de la prétendue « surpopulation ».
Entre 1360 et 1370, Matteo Villani écrivait dans sa chronique qu’il s’attendait, après la peste, à ce qu’il y eût abondance de produits pour les survivants. En réalité, il y eut de nouvelles famines et des hausses de prix chaotiques. Les prix devaient augmenter pendant toute une génération et, à partir de 1380, on assista à une forte déflation et à l’effondrement des revenus.
En 1401, le roi Martin Ier d’Aragon expulsa les « banquiers italiens » de son royaume. En 1403 Henri IV d’Angleterre imposa des réglementations très rigides à leur activité dans son pays. En 1409, en Flandre, les banquiers génois furent envoyés en prison. Un an plus tard, tous les marchands italiens furent expulsés de Paris. Lorsque Louis XI devint roi de France en 1461, il régla les affaires monétaires et financières du pays sous sa souveraineté pour faciliter la rapide reconstruction des villes et de l’infrastructure. Que ce soit dans la France de Louis XI ou l’Angleterre d’Henri VII, des « formes d’économie nationale mercantiliste se combinaient à une hostilité résolue à la technique financière italienne ».
-
-
rastapopulo 2 décembre 2012 04:16
Ah et je supporte pas les planqués du bancor sans GlassSteagall qui après déclare "il faut complétement abolir la spéculation et non la limité au fonds propres"... Quelle pauvre type alors que c’est déjà mieux embarqué aux USA et en UK pour scinder les banques que chez nous ! Se la jouer grand seigneur pfff