vendredi 16 janvier 2015 - par Frida

La bande à BONNOT

 

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Le 21 Décembre 1911 commence l’épopée de la bande à Bonnot, avec le premier braquage en auto. Ce jour-là quelques illégalistes deviennent les "bandits tragiques". Ce 21 Décembre 1911 vers 9h du matin, Bonnot, Octave Garnier, Callemin (dit Raymond-la-science) et un quatrième homme décident de s’attaquer à la Société Générale rue Ordener à Paris. Le garçon de recette est gravement blessé. En plein jour, ses quatre agresseurs le dépouillent de sa sacoche, vident ses poches et sautent dans une automobile. Le butin est plutôt maigre, des titres et seulement 5000 francs en espèce. Le lendemain les journaux se déchaînent sur la bande qui défraye la chronique. Après avoir abandonné leur automobile à Dieppe, ils reviennent à Paris, traqués par la police. Ils ne savent que faire, ils errent, traqués, dans la ville, sans évasion possible, prêts à se faire tuer n’importe où.

 

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Soudy

Par solidarité, pour partager cette amère joie du risque mortel, d’autres se joignent à eux : René Valet, 21 ans et André Soudy, 20 ans. Soudy a travaillé dès 11 ans comme garçon d’épicerie, et très tôt syndicaliste, il est condamné trois fois pour "outrages à agents" et trois fois emprisonné, ce qui en fait un révolté.

 

A la veille de Noël, Garnier et Callemin trouvent refuge chez Kibaltchiche (Victor Serge) et Rirette Maitrejean, un couple d’anarchistes. Plus tard, le 3 janvier 1912, un rentier de 91 ans et sa servante sont assassinés à Thiais, 2 rue de l’Église. À défaut d’arrêter les bandits, le 31 janvier, la police fait une descente au siège de "l’Anarchie", perquisitionne six heures durant et incarcère tous les assistants. Kibaltchiche et Rirette sont arrêtés. Tous deux refusent de livrer Garnier et Callemin.

 

La bande ne reste pas inactive. Rendu confiant par leur succès, de nouveaux coups de mains ont lieu, avec morts d’hommes. La bourgeoisie prend peur, la presse continue de se déchaîner, et la traque policière s’organise. En France et en Belgique, ils tentent avec plus ou moins de succès un certain nombre de "reprises". Deux armureries sont pillées à Paris. A Gand, ils volent la voiture d’un médecin. Dans la même ville, le 25 Janvier 1912, le vol d’une seconde voiture tourne moins bien. Ils sont surpris par un chauffeur qui est assommé à coups de clé anglaise. Un agent de police les interpelle. Callemin l’abat. C’est au tour d’un certain Eugène Dieudonné de se faire arrêter.

 

C’est un anarchiste et Caby le garçon de recette de la Société Générale le reconnaît comme son agresseur. Dieudonné nie sa participation au hold up de la rue Ordener. Le soir du 27 février, à Paris, un agent de faction arrête une luxueuse automobile qui n’a pas respecté le sens giratoire au carrefour des rues d’Amsterdam, Saint-Lazare et du Havre. Au moment où le policier s’apprête à verbaliser, les trois occupants du véhicule l’abattent. Puis le 29 Février le trio tragique descend un boulanger alors qu’ils tentaient de cambrioler un pavillon.

 

Pour les illégalistes, traqués, affamés, sans secours, devant qui toutes les portes se ferment, la lutte terrible engagée contre la société ne peut que continuer jusqu’à l’issue fatale. Ils le savent : tous y resteront. Les illégalistes sont des bêtes fauves poursuivies par des chasseurs de plus en plus déterminés que la peur rend courageux. Leurs photos s’étalent dans les journaux. Les têtes sont mises à prix. Bonnot se devait d’organiser un coup de force inouï. Après avoir volé une voiture sur la route de Melun et avoir blessé gravement ses passagers, ils se dirigent vers Chantilly et notamment la banque de la Société Générale. Garnier, Valet et Raymond-la-science entrent dans la banque revolver au poing. Soudy fait le guet à l’entrée. Le bilan est de deux morts et 50000 francs.

 

Deux cents inspecteurs de police se mettent en campagne. La banque offre une prime de cent mille francs à qui permettra la capture des bandits. Pendant toute une semaine, les quotidiens donnent la priorité à ce fait divers, avec des pages entières de photos où se retrouvent pêle-mêle les morts, les blessés et les témoins. André Soudy se fait arrêter à Berck-sur-mer le 30 Mars.

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Raymond-la-science

 

Le 7 Avril, Raymond Callemin se fait arrêter à son tour, rue de la tour d’Auvergne, à Paris.
"Vous faites une bonne affaire ! Ma tête vaut cent mille francs, chacune des vôtres sept centimes et demi. Oui, c’est le prix exact d’une balle de browning !" déclare-t-il aux policiers qui l’arrêtent. Le 24 Avril un dénommé Simentoff (Antoine Monier) est arrêté, il a participé aux affaires de Montgeron et de Chantilly. Lors de son arrestation il avait deux brownings chargés.

 

Pendant ce temps Bonnot loge dans un appartement à l’insu de son propriétaire. Ce même 24 avril 1912, Jouin, le sous-chef de la sécurité, repère Bonnot et tente de l’arrêter. Lors de la perquisition dans la boutique de l’anarchiste Gauzy, Bonnot, surpris, tue le sous-directeur de la Sûreté Jouin et blesse l’inspecteur principal, puis parvient à s’enfuir. Il est blessé au bras. Après l’assassinat de Jouin, Bonnot conçoit sa fuite intelligemment. Il garde une allure raisonnable. Ne hâte pas le pas. Il arrive ainsi à Paris sans histoire. Chaque soir, il se met en quête d’un nouvel abri. Nul ne doute de sa capture à plus ou moins longue échéance. La décision de le tuer rallie tous les suffrages. Jamais la police, encouragée par le gouvernement, ne pense un seul instant prendre vivant son gibier.

 

Bonnot court toujours. Sa piste semble perdue lorsqu’un pharmacien de Choisy-le-roi déclare qu’il a donné des soins à un homme blessé à la main et dont le signalement correspond à celui du fuyard. Effectivement Bonnot trouve refuge chez un anarchiste : le garagiste Jules Dubois, à Choisy-le-Roi. Et son nouveau refuge est découvert le 28 avril 1912.

 

Ce dimanche 28 Avril, une quinzaine d’inspecteurs cernent le pavillon de Dubois. Dubois qui était dans le garage leur tire dessus avant de se faire abattre. Bonnot se barricade et blesse un inspecteur. Sans être nourri, le tir l’est tout de même suffisamment pour tenir les policiers en respect et les obliger à se mettre à l’abri. Ceux-ci pensent que Bonnot n’est pas seul. Le siège commence. La fusillade a réveillé toute la localité. De Choisy, d’Alfortville, de Thiais et même de plus loin, rappliquent des hommes armés de carabines, de fusils de chasse. Cinq cents hommes armés sont là disséminés dans les haies. Le maire de Choisy et le préfet Lépine arrivent. A neuf heures, arrivent successivement deux compagnies de la Garde républicaine.

 

De toute la banlieue, de Paris on continue à affluer vers Choisy. C’est un spectacle à ne pas manquer. Vingt mille spectateurs accourus en train, en fiacre, en auto ou à pieds. Ordre est donné d’acheminer l’entier régiment d’artillerie stationné à Vincennes. On demande également une mitrailleuse lourde. Un cordon de tirailleurs cerne maintenant la maison.

 

Midi. Il y a maintenant près de trente mille personnes autour du pavillon. Trente mille personnes venues assister à l’agonie d’un illégaliste. L’agonie de la bête va durer des heures. La fusillade ne connaît aucun répit. Tous les assiégeants pensent jouer un rôle historique. Ils sont persuadés qu’ils ont à venger les crimes de Bonnot. On boit, on parle, on s’interpelle, on rit. On le peut car de son repaire Bonnot n’est pas en mesure d’atteindre tous ces bravaches et redresseurs de torts de pacotille. Tous ces gens qui hurlent à la mort, pris individuellement, sont des pleutres et des lâches pour la plupart. Leur nombre leur donne un sentiment de puissance invincible. Cette foule est bourreau. Elle a accepté les yeux fermés les récits fantaisistes de la presse sur Bonnot.

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On décide de dynamiter le repaire. Bonnot se sait perdu. Il rampe jusqu’à la table, prend plusieurs feuilles et rédige une sorte de testament.

 

Le siège se fait plus pressant. Le pavillon est dynamité..


Des débris de pierres et de terre frappent Bonnot. Il se réfugie entre deux matelas. Il saigne abondamment. Une nouvelle fois le pavillon est dynamité. Les policiers décident d’entrer dans le pavillon. Après avoir traversé la première pièce, ils débouchent dans la chambre. Bonnot est là. Luttant contre le dégoût, le chagrin et la fatigue, il s’écrie :"salauds". Il a encore la force de tirer trois coups. Les autres ripostent. Peu à peu les taches de sang sur le sol s’élargissent. C’en est fini de l’homme symbole de l’illégalisme. Bonnot a été atteint de six balles. Il arrive à l’Hôtel-dieu où il rejoint à la morgue Dubois. Ce Dubois qui n’était ni un voleur, ni un assassin. Tout simplement, un homme fidèle à son idéal anarchiste, fidèle à ses amitiés, et qui a poussé le sacrifice jusqu’à avertir Bonnot par ses cris et à se faire tuer pour son ami. En attendant, la police parade et une vente aux enchères se tient sur l’emplacement du pavillon.

 

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Garnier

 

Il reste deux membres de la bande à Bonnot en liberté. Garnier et Valet sont toujours en cavale. Ils logent dans un pavillon de banlieue à Nogent-sur-Marne. Le 14 Mai la sûreté les a repéré. Pour éviter la mascarade de Choisy tout a été fixé et préparé dans le plus grand secret. Ce sera pire. Le pavillon est cerné et les inspecteurs de la sûreté entrent dans le jardin ou ils sont accueillis à coups de pistolets. Le siège le plus fou de toutes les annales de la criminalité va commencer. Pour tuer Garnier et Valet, il faudra neuf heures de fusillades nourries, des centaines de policiers, un bataillon de zouaves sur le pied de guerre. Sans parler de plusieurs mitrailleuses lourdes mises en batteries. Durant la fusillade plusieurs inspecteurs de police sont touchés. Un nouveau bataillon de zouaves, soit trois cents hommes, arrive au pas de gymnastique. Ils sont salués par les ovations de la foule de plus en plus dense. Deux cents gendarmes, munis de leurs carabines, se placent en embuscade tandis que des zouaves postés sur un viaduc projettent d’énormes pierres sur la toiture. Puis le pavillon est dynamité, la toiture s’est envolée mais les deux hommes sont toujours là. La nuit est tombée maintenant.

 

Lire la suite ici

 

http://grands.criminels.free.fr/bon...

http://criminocorpus.revues.org/269

 

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" Ils ont dit :

 

"Je sais que cela aura une fin dans la lutte qui s’est engagée entre le formidable arsenal dont dispose la société et moi, je sais que je serai vaincu je serai le plus faible mais j’espère vous faire payer cher votre victoire."

Lettre de Garnier au préfet de Police le 19 mars 1912.

 

"Réfléchissons. Nos femmes et nos enfants s’entassent dans des galetas, tandis que des milliers de villas restent vides. Nous bâtissons les palais et nous vivons dans des chaumières. Ouvrier, développe ta vie, ton intelligence et ta force. Tu es un mouton : les sergots sont des chiens et les bourgeois sont des bergers. Notre sang paie le luxe des riches. Notre ennemi, c’est notre maître. Vive l’anarchie."

Quelques mots trouvés griffonés sur un papier dans les poches de Garnier abattu à Nogent-sur-Marne.

 

"Vous faites une bonne affaire ! Ma tête vaut cent mille francs, chacune des vôtres sept centimes et demi. Oui, c’est le prix exact d’une balle de browning !"

Déclaration de Callemin aux policiers venus l’interpeller

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5 réactions


  • michel-charles 16 janvier 2015 16:03

    +++

    En espérant que la bande à Hollande finisse de la même façon..si une justice existe.. ?


  • Mr.Knout Mr.Kout 16 janvier 2015 19:27

    Bonnot symbole des illegalistes ?


    Franchement ça se discute.

  • Marioupol Marioupol 16 janvier 2015 20:48

    Etant donné que le RAID dans l’assaut du Super Casher a donné l’impression d’être aussi efficace que ’Les Brigades du Tigre ’....


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