vendredi 24 janvier 2020 - par Vulgus

Johann Chapoutot : La révolution culturelle nazie

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Pour les nazis, la « culture » était à l'origine la simple transcription de la nature : on révérait les arbres et les cours d'eau, on s'accouplait, se nourrissait et se battait comme tous les autres animaux, on défendait sa horde et elle seule. La dénaturation est intervenue quand les Sémites se sont installés en Grèce, quand l'évangélisation a introduit le judéo-christianisme, puis quand la Révolution française a parachevé ces constructions idéologiques absurdes (égalité, compassion, abstraction du droit...).

Pour sauver la race nordique-germanique, il fallait opérer une « révolution culturelle », retrouver le mode d'être des Anciens et faire à nouveau coïncider culture et nature. C'est en refondant ainsi le droit et la morale que l'homme germanique a cru pouvoir agir conformément à ce que commandait sa survie. Grâce à la réécriture du droit et de la morale, il devenait légal et moral de frapper et de tuer.

En approfondissant des points particuliers, comme la lecture du stoïcisme et de Platon sous le IIIe Reich, l'usage de Kant et de son impératif catégorique ou la réception en Allemagne du droit romain, Johann Chapoutot montrera comment s'est opérée la réécriture de l'histoire de l'Occident et par quels canaux de telles idées sont parvenues aux acteurs des crimes nazis.

Johann Chapoutot est professeur d'histoire contemporaine à l'université Paris III Sorbonne-Nouvelle et membre de l'Institut universitaire de France. Spécialiste d'histoire politique et culturelle, il explore depuis sa thèse de doctorat la question de l'usage de l'histoire, de la philosophie et du droit par l'idéologie nazie.

Chaîne : Agora Des Savoirs



2 réactions


  • Et Hop ! 24 janvier 2020 21:46

    C’est fou ce que le régime nazi donne de l’imagination.

    Ils devraient se proposer à Hollywood pour faire des scénarios.

    En dehors de l’éviction des Juifs comme force politique, ces théories étaient complètement périphériques par rapport à la doctrine national-socialiste, comme le néo-druidisme par rapport à l’écologie.


  • Et Hop ! 25 janvier 2020 02:51

    L’exposé reste intéresssant.

    Mais l’idéologie nazie qu’il décrit et qu’il attribue aux Nazis, est beaucoup plus ancienne et permanente en Allemagne.

    C’est idéologie romantique allemande, c’est leur idéal puritain, c’est la nature sauvage et primordiale, c’est la nostalgie des temps primordiaux, c’est la dépression du Jeune Werther, c’est le néogermanisme (et en Angleterre le néo-celtisme), c’est le retour aux traditions populaires du mouvement Folk-Lore ou Volkich (Art & Kraft en Angleterre) ; C’est l’ésotérisme de Jacob Boëm, c’est Herder, Hoëlderlin, Novalis, Hoffmann, Schiller, Heine, Kant, c’est une idéologie et une esthétique issue du protestantisme, c’est les théories vitalistes de Wilheim Reich et de Rudolf Steiner, c’est l’idéologie à la base de l’idéologie des Verts, de l’art abstrait. 


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