lundi 6 juillet 2020 - par micnet

Hommage à Ennio Morricone

Le "maestro" vient de tirer sa révérence : le génial Ennio Morricone est décédé à l'âge de 91 ans. J'en profite pour remettre au goût du jour un article que j'avais publié en 2014 afin de lui rendre un dernier hommage.

Ennio Morricone était présent à Paris en 2014 pour y donner un concert. Le point y avait consacré un article :

"Quelques notes de piano, un roulement de tambour, une envolée de violons... et la magie opère. Mardi soir, il flottait comme un air de Far West au palais omnisports de Paris-Bercy. Ennio Morricone s’y produisait pour un concert unique, accompagné des choeurs et du Budapest Modern Art Orchestra. Une occasion rare de voir à l’oeuvre le maestro italien, âgé de 85 ans, qui n’avait pas donné de concert en France depuis... onze ans. 

Les milliers de spectateurs - Bercy est plein à craquer - venus écouter Morricone ont d’abord droit à une étrange vidéo, reportage-fleuve (trente minutes !) à la gloire du compositeur, qui en profite au passage pour faire la promotion de son fils, Andrea, qui a choisi la même voie que lui. Le public n’apprécie guère, des huées s’élèvent. Mais quand le maestro fait son apparition, tout est oublié. Un tonnerre d’applaudissements accompagne ce petit homme âgé, à la démarche fragile. Sa baguette se lève, la salle retient son souffle... et le film commence. 

Pour une poignée de dollars, Cinema Paradiso, Le Professionnel, La Mission, Le Clan des Siciliens... Morricone déroule les plus belles compositions de son répertoire, vertigineux, illustrant à lui seul tout un pan de l’histoire du cinéma, d’abord italien, avec les incontournables westerns-spaghetti, puis mondial.

Morricone, c’est Leone

Peut-on imaginer Clint Eastwood arriver au loin, sans siffler ? Que serait Le Bon, la Brute et le Truand sans ces cris de coyotes, entêtants ? L’homme à l’harmonica serait-il aussi mystérieux sans la rengaine devenue célébrissime d’Il était une fois dans l’Ouest ? Les "Siciliens" Gabin, Delon et Ventura auraient-ils la même saveur sans cette inoubliable ballade aux accents, là encore, de western ?

Morricone, ce sont des trouvailles de génie pour faire en sorte que la musique dépasse la musique, pour que la "colonne" sonore, comme disent les Italiens, devienne l’ossature du film, un personnage à part entière. Dialogue, bruitage, musique : les codes sont bouleversés, l’expérience cinématographique aussi. L’orchestre symphonique ne vient souvent qu’en appui de ces "bruits" que Morricone appelle "contaminations". Des risques que peu de compositeurs avant lui avaient osé prendre. Et les réalisateurs ne s’y sont pas trompés.

Morricone, c’est Bertolucci, c’est Pasolini, c’est Bellocchio, mais Morricone, c’est surtout Sergio Leone. À l’image de Rota et Fellini, impossible de dissocier Morricone du réalisateur mondialement connu pour ses westerns. Leone exigeait que la musique de Morricone, souvent écrite avant les films, soit jouée sur les tournages, afin que les acteurs s’en imprègnent. Un univers dans l’univers.

Mardi soir, le maestro est parvenu sans mal à redonner un second souffle à ces airs devenus parfois plus célèbres que les films qu’ils accompagnaient. À chaque nouveau morceau, un murmure s’élève dans la salle, comme un écho. L’émotion est palpable. La fiction devient réalité. Deux heures et demie après avoir commencé, le film touche à sa fin. Le maître des lieux se plie de bonne grâce à quelques rappels. Et quitte la scène, presque discrètement, ses partitions sous le bras. Chapeau, l’artiste !"

 

1 -The Ecstasy of gold

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2-Pour une poignée de dollars

 

3-Et pour quelques dollars de plus

 

4-La marche de Sacco et Vanzetti (interprétée par Joan Baez)

 

5-Il était une fois dans l'ouest (où 2 géants du cinéma, Henry Fonda et Charles Bronson se font face)

 

6-Mon nom est personne (scène d'anthologie, la "Horde sauvage")

 

7-Le professionnel (avec notre Bebel national)



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