jeudi 6 février 2014 - par maQiavel

Les avancées sociétales en termes d’ingénierie sociale

 « Si l’on parvenait à comprendre les mécanismes et les ressorts de la mentalité collective, ne pourrait-on pas contrôler les masses et les mobiliser à volonté sans qu’elles s’en rendent compte ? » (Edward Bernays, Propaganda. Comment manipuler l’opinion en démocratie)

 

Le pouvoir est actuellement dans l’impasse. Le chômage explose alors que le contexte macro-économique menace de se dégrader encore, l’insécurité augmente, la diplomatie française se ridiculise, et la crise de l’Union Européenne et de la zone euro approche manifestement d’un point de rupture. Dans ces conditions, il est logique que ce pouvoir dans l’impasse soit tenté de créer des diversions et des écrans de fumée. Ce serait la raison pour laquelle est lancée la polémique sur la théorie du genre qui n’existe pas, après le mariage pour tous, ce ne serait qu’ une énième diversion sociétale.

 

Mais c’est peut être plus grave que ça, cette théorie serait la préparation d’artillerie nécessaire à un bon en avant du capitalisme moderne, qui est un système social et qui, en tant que tel , pose la problématique de la gestion des masses.

 

Lucien Cerise, auteur de « Gouverner par le chaos », sur le thème de la manipulation des masses et des liens avec la théorie du genre.

 

 

L’Ingénierie sociale est une modification planifiée du comportement, une méthode de manipulation systématique afin d’obtenir progressivement le contrôle de toutes les sphères du vivant.

 

Cela n’est certes pas neuf, car de tous temps le pouvoir s’est appuyé sur les leviers psychologiques, donc irrationnels, de l’homme. Toutefois, là où l’on parlait d’art (oratoire, rhétorique, sophistique, etc.), le 20ème siècle permit de parler de science, d’une technicisation / complexification des moyens d’écraser toute dissidence. L’analyse sociologique laissait place à l’univers psychologique (cfr « histoire des relations publiques au cours du XX ème siècle : partie 1 , partie 2, partie 3 ).Le projet avoué de ces « scientifiques » est, selon leurs propres termes, « d’aider à mettre en place un « fascisme à visage démocratique ». 

 

Les systèmes fédérateurs humains comme les machines forment un système global que l’on peut pirater en visant les points de vulnérabilité. Il s’agit donc pour l’ingénieur social de comprendre les ressorts qui constituent une société pour en prendre le contrôle.

Le système de transmission d’une génération à l’autre dans une société passe par la parentèle qui est donc point faible à saper pour déconstruire la société, phase préliminaire à une prise de contrôle totale.

 

Dans cette interview, Lucien Cerise évoque l’anthropologue Français Maurice Godelier.

Le terrain sur lequel il réalise ses recherches fondatrices en anthropologie est l’actuelle Papouasie-Nouvelle-Guinée. De Lévi-Strauss, il a retenu l’emploi de la méthode structurale, qu’il a tenté de combiner avec une approche marxiste, non sans un certain succès.

Maurice Godelier organise des réunions mobilisant l’ensemble des disciplines (l’histoire, l’anthropologie, la sociologie, la psychologie, la linguistique et l’économie, pour les principales) afin de réaliser un bilan. Cette réflexion aboutit à un volumineux rapport en deux volumes, "Les sciences de l’homme et de la société en France : analyses et propositions pour une politique nouvelle". Il y envisage la création au CNRS d’un département « Sciences de l’Homme et de la Société » et de deux nouvelles commissions (linguistique et sciences politiques), propositions acceptées et aussitôt mises en œuvre.

 

Rappelons que selon Lévi-Strauss, dans une société les formes de parenté sont organisées d’abord de manière à permettre autant qu’à suivre le principe de « l’échange », de « la réciprocité » et de la « règle » qui font la dimension sociale de l’humanité.

Les « structures élémentaires de la parenté » foncièrement exogamiques, en tant que vecteurs d’intégration sociétale et de cohésion entre les sous-groupes, participent alors aussi des structures générales du fonctionnement d’une société qui à chaque fois doit apparaître pleinement personnelle par rapport aux autres. 

 

Pour Maurice Godelier, ce n’est pas le cas. Voici un passage d’une interview réalisée par ‘l humanité  :

 

« C’est une idée fausse. L’idée que la famille est le fondement d’une société est le ciment idéologique de l’opposition au mariage pour tous, mais ce n’est pas une réalité. Ce sont les rapports politiques et religieux qui sont le fondement d’une société, pas la famille. Ce sont les rapports sociaux qui établissent la souveraineté d’un certain nombre de groupes humains sur un territoire, ses ressources et ses habitants qui fondent une société. Et ces ­rapports sont des rapports de nature politique et religieuse quand n’existe pas la séparation de la religion et de l’État ».

 

La famille n’est donc qu’un épiphénomène, voir pire, une structure contraignante dont l’individu doit être soustrait comme le soulignait Vincent Peillon, ministre de l’éducation nationale, dans un entretien au Journal du dimanche lors de la rentrée 2012 :

 

"Le but de la morale laïque est de permettre à chaque élève de s’émanciper, car le point de départ de la laïcité c’est le respect absolu de la liberté de conscience. Pour donner la liberté du choix, il faut être capable d’arracher l’élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel, pour après faire un choix  ».

Dans son livre « La Révolution française n’est pas terminée » Vincent Peillon selon wikiquote écrit à la page 17 : « D’où l’importance de l’école au cœur du régime républicain. L’école doit opérer ce miracle de l’engendrement par lequel l’enfant, dépouillé de toutes ses attaches pré-républicaines, va s’élever jusqu’à devenir le citoyen, sujet autonome. C’est bien une nouvelle naissance, une transsubstantiation qui opère dans l’école et par l’école, cette nouvelle Eglise, avec son nouveau clergé, sa nouvelle liturgie, ses nouvelles tables de la Loi ».Sans commentaire.

 

C’est sur cette lignée que s’inscrit la théorie du genre, il s’agit d’une méthode de déconstruction identitaire nécessaire à engendrer un homme nouveau libéré de tous stéréotypes, le Républicain.

 

 L’autonomie ne s’envisage qu’en tant que soustraction à toute forme de cadre, de structure contraignante, les particularismes et structures traditionnelles sont des entraves à un stade supérieur d’organisation sociale.

 

Dans cette optique, le déracinement quant aux liens familiaux et aux traditions créerait les conditions d’un nouveau type de fraternité, seuls les déracinés peuvent accéder à la liberté intellectuelle et politique.

 

Mais à l’analyse des faits, l’émancipation tant prônée n’est qu’une mutation paradigmatique, publicité et propagande moderne ne faisant que supplanter les figures traditionnelles de la domination. 

Le principal effet du déracinement, c’est le délitement du lien social, et ainsi une chaîne de déduction logique relie l’individu absolu à l’Etat absolu et au marché absolu, désormais libre de manœuvrer comme bon leur semble : mise en place de nouvelles structures contraignantes et restructuration des individus (cf. la grotesque théorie du genre) pour les adapter au néolibéralisme capitalisme mondialisé.

 

Maurice Godelier affirmait que l’union homosexuelle nous ouvre à un relativisme qui est un progrès. Si la famille est relative, elle pourrait aussi ne plus exister pour ne laisser place qu’à des individus isolé face à la toute puissance du marché et de l’Etat : c’est le totalitarisme de marché.

 

Que l’on ne se trompe pas : défendre la famille est un combat anticapitaliste

 

Il ne s’agit pas de revenir en arrière et de s’inscrire dans une tradition figée et sclérosée. La tradition, la transmission d’un savoir et d’une représentation du monde est indispensable. Mais la vraie tradition est critique, il s’agit en permanence de l’analyser, elle doit permettre de tirer des leçons du passé. Le passé n’est bien sûr pas un âge d’or ni un Paradis perdu cependant il peut servir d’appui pour la construction du futur, tel le rétroviseur qui permet de regarder en arrière tandis que l’on conduit, c’est-à-dire que l’on avance (cf. l’éloge du rétroviseur dans Le complexe d’Orphée de J.C Michéa).

 

Le vrai progressisme, c’ est faire évoluer la tradition, et non la détruire en faisant table rase du passé car ce serait faire le jeu de l’Etat et du marché, les deux mamelles du totalitarisme.

 

Le pouvoir enfourche très clairement cheval de « l’homme de progrès » contre le « passéisme » des « conservateurs » qui n’ont pas saisi la dimension dynamique de l’identité humaine. Est passéiste, réactionnaire, ennemi du peuple quiconque ne sait pas comprendre les éléments de la nouveauté.

 

Pour le biologiste Henri Atlan, la dynamique contemporaine, en matière de reproduction, est caractérisée par la déconnexion progressive entre sexualité et natalité. Et il annonce une nouvelle étape dans ce processus : après la pilule, l’insémination, la fécondation in vitro, voici l’ectogenèse, c’est-à-dire l’utérus artificiel. Il en tire la conclusion que le « Meilleur des Mondes » d’Huxley est tout simplement sur le point de devenir technologiquement possible. 

 

Et comme toutes les évolutions actuelles pointent vers le règne d’un totalitarisme mondial doux, ou se présentant comme tel, comme toutes ces évolutions renforcent constamment le règne du désir individualiste, l’anti-utopie d’Huxley est réellement à notre porte.

 

Espérons que le peuple de droite attaché aux traditions et conservateur comprenne qu’on ne peut pas vouloir le capital et récuser les ravages du capital. Tous ces gens qui défilent et qui voudraient un capitalisme propre se trompent et sont des alliés objectifs de phénomènes sociétaux qu’ils combattent.

Espérons que le peuple de gauche qui prétend lutter contre l’argent roi et le capitalisme pour une société meilleure comprenne que le progressisme radical hors sol est le cheval de Troie d’un néocapitalisme qui ne dit pas son nom.

Le populiste américain Chrisopher Lash (qui a inspiré Jean Claude Michéa) préconisait une refondation de l’axe d’analyse et de combat de la gauche, et l’alliance de cette gauche refondée avec toutes les résistances au déracinement et à la modernisation forcée.

 

Source : novopress

 



59 réactions


  • Éric Guéguen Éric Guéguen 6 février 2014 14:50

    Ah, c’est bien de parler enfin de Lasch. L’avez-vous lu ?


    • maQiavel maQiavel1983 6 février 2014 14:53

      Oui , Michéa m’ y a conduit. Mais juste deux bouquins.


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 6 février 2014 15:05

      Moi j’ai lu La culture du narcissisme et Culture de masse ou culture populaire ?
      J’ai La révolte des élites en attente depuis pas mal d’années.
      C’est de la grosse artillerie.

       

      Bon, j’ai écouté Lucien Cerise. C’est encore un auteur du Retour aux sources ? J’ai tenté à nouveau de les joindre, ils fonctionnent décidément en vase clos. Curieux.


    • maQiavel maQiavel1983 6 février 2014 15:08

      Trois livre de Lash en fait , exactement les trois que vous avez cité. smiley


      Concernant les éditions retour aux sources peut être faut il les joindre par mail ... je ne sais pas.


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 6 février 2014 15:10

      Eh bien c’est ce que j’ai essayé de faire, en me fiant au mail indiqué sur leur site.


    • maQiavel maQiavel1983 6 février 2014 15:11

       smiley ....



  • LadyFel 6 février 2014 15:24

    Le plus désopilant c’est que les mêmes comptent sur les parents, et même les grans-parents pour payer des études sup à leurs enfants /petits-enfants... ils croient aussi dur comme fer que les parents exerceront un chantage affectif pour garder leur progéniture en France... 

    Et bien ils se trompent : tous les bons parents encouragent leurs enfants à partir tenter leur chance ailleurs. Si ça marche pas, ils pourront toujours revenir, avec une expérience et un bilinguisme en plus...mais en général , ça marche...et ils ne reviennent pas. 


  • Sylvain Sylvain 6 février 2014 15:36
    Nous avons une divergence d’analyse, et je crois que c’est pour ça que l’oligarchie nous assène de ces sujets de merde, personnellement je n’irai donc jamais manifester pour ou contre le mariage gay. 
    Pour autant partout ou je suis allée dans le monde j’ai pu voir des sociétés différentes. Certaines où la structure familiale était très forte particulièrement dans le Sud -Est Américain où par ailleurs l’IVG et le mariage gay était interdit dans certains Etats,
     à l’inverse j’ai vu d’autres sociétés ou la famille est effectivement en train de se délabrer et de multiples lois "progressistes" sont a l’ordre du jour et l’Europe occidentale en est le parfait exemple actuellement. Il existe donc effectivement différents modèles dans le monde, mais si il y a bien une chose que j’ai vu triompher partout la ou je suis allé c’est bien le capitalisme et son ultime corollaire : le totalitarisme marchand. 

    • erQar erQar 6 février 2014 16:16

      le totalitarisme marchand.
      -
      La marchandisation a besoin du mariage gay, comme un ver dans un fruit.


    • maQiavel maQiavel1983 6 février 2014 16:19

      Bonjour sylvain, ton commentaire (je te tutoie, que tu le veuille ou pas, c’est comme ça smiley ) me permet de préciser certains choses , je vais essayer d’ être synthétique mais c’ est une de mes faiblesses :

      1.  Le capitalisme opère par saut qualitatif et quantitatif. Il n’est ni homogène, ni linéaire, il a plusieurs formes selon le temps, la localisation etc. Il est dynamique.

      2.  Il existe un capitalisme qui s’appuie sur les structures traditionnelles et familiales (cfr par exemple l’Europe du XIX ème siècle) mais ce n’est pas encore un totalitarisme de marché, ce sont des structures sociales rigides qui enchainent le prolétaire à sa machine contre des clopinettes. Malgré la violence, les prolétaires sont encore insérés dans des liens sociaux et de solidarité autre que ceux du marché et de  l’Etat.

      3.  Le totalitarisme, c’est l’Etat total. La société totalitaire procède par anéantissement de tous les fondements des structures sociales tels que la famille, les religions, les associations, etc. .L’individu supposé libre, est en réalité libre uniquement de se soumettre à une totalité qui le dépasse et sur laquelle il est sans prise.

      4.  Dans un totalitarisme, l’identité sociale des individus laisse place au sentiment d’appartenance à une masse informe, lié à une  atomisation de la société, un isolement absolu de l’individu qui se retrouve comprimé et écrasé par l’appareil d’Etat.  Émancipé de ses appartenances traditionnelles, l’individu n’est rattaché à rien, et perd tout lien social. De là, l’économie comme le fondement de la société. Ce marché consacre à la fois la disparition du lien qui relie les individus les uns aux autres et son remplacement par le lien qui unit l’individu aux totalités de substitution. L’État et le marché renvoient à une même forme de re -socialisation, celle de l’individu isolé.  

      5.  De ce point de vue, les traditions, de par leur socialisation des individus extérieurement à l’Etat et au marché sont par définition antitotalitaire et donc, un frein au totalitarisme de marché qui est un stade supérieur du capitalisme.

      6.  Je l’ai précisé dans l’article mais je mets l’accent dessus : la vraie tradition est critique, il s’agit en permanence de l’analyser, elle doit permettre de tirer des leçons du passé. La tradition fixe des principes et non des valeurs. Les valeurs expliquent comment on vit une tradition, s’évaluent et donc peuvent changer mais les principes eux ne changent pas. Par exemple, la complémentarité culturelle homme/ femme est un principe universel parce qu’il s’appuie sur la complémentarité naturelle homme / femme, il est inaliénable. Mais suivant les cultures et les temps, ce principe contient des valeurs culturelles différentes qui doivent être évalué et doivent évoluer en permanence.

       



    • maQiavel maQiavel1983 6 février 2014 16:20

      Donc en résumé :

      -  La tradition n’est pas en elle-même anticapitaliste.

      -  Mais on ne peut pas être anticapitaliste sans intégrer la tradition, qui est un frein au bon en avant du capitalisme.

      Je précise que je ne suis pas un traditionaliste mais que je trouve, dans ma recherche d’opposition au capitalisme néolibéral totalitaire, des éléments pertinents de résistance dans la tradition, des moyens d’organiser des systèmes fédérateurs humains extérieurement à l’Etat et au marché qui sont les deux mamelles du totalitarisme ).


    • l'argentin l’argentin 6 février 2014 18:11

      Passionnant article, passionnante conversation, Machaivel1983 toujours au top ; merci !
      En terme de tradition et de refus du totalitarisme marchand l’ exemple Cubain est tout de même une expérience assez intéressante à étudier. Je dis cela car je suis en pleine documentation sur la société Cubaine en ce moment et je dois dire que je trouve beaucoup de points communs entre la gestion qui est opérée là-bas et les analyses qui sont abordées ici. Bien sûr c’est loin d’être parfait mais on trouve dans ce modèle tout de même un espèce d’équilibre entre tradition et modernisation (un peu par la force des choses) qui laisse encore une belle part à l’être humain ; préservé de la publicité et de toutes les perversions capitalistes (de moins en moins malheureusement), sans tomber dans l’isolement total et fermé que l’on peut trouver en Corée du nord.


    • Haze Haze 6 février 2014 18:58

      Le problème de la Corée du Nord, c’est que son voisin et frère, à son Sud, est l’antipode de sa société.
      Il faut rappeler que la Corée du Sud est a majorité chrétienne ( unique cas en Asie non ? ), et Séoul est un peu une caricature de cette société totalement occidentalisée. Je ne saurais dire si il reste une " culture coréenne " encore présente dans ce pays ( dans les métropoles bien entendu, la campagne reste différente ).
      Le dernier exemple en date est la K-POP, girls band coréens comme on en a vu des dizaines au USA quelques années avant. Cette musique est une égérie au mode de vie occidental ( américain ).
      Sur le domaine du jeux vidéo, ils sont aussi très en avance, peut être plus que leur voisin japonais, avec une véritable passion collective pour le sport électronique à haut niveau, dont les grandes compétions sont du niveau de " l’entertainment à l’amércaine : grand show, culte du fan ...
      Devant cet apanage, que peut faire la Corée du Nord pour préserver sa culture ? Une simple ouverture, aussi minime soit-elle, et ils cèderaient devant tous les atouts, devant la puissance de cette société marchande !


    • Haze Haze 6 février 2014 19:00

      Je crois d’ailleurs que le plus grand succès commercial de K POP était à l’origine une chanson dénonçant cela. ( désolé je me souviens plus du nom du mec )


    • Sylvain Sylvain 6 février 2014 19:15

      Bonsoir Machiavel, 

      Je comprend bien ce que tu veux dire, mais mon point de désaccord concerne notre notion du totalitarisme marchand, je considère que la mondialisation libérale est par essence totalitaire, c’est à dire que les "structures traditionnelles et familiales" d’une société ont beau être fortes comme dans certains Etats US ou dans l’Angleterre de Thatcher par exemple les individus n’en sont selon moi ni plus libre, ni plus heureux. L’articulation entre le progressisme sociétale et le capitalisme me semble pas aller de soi, et les choses me semblent bien plus complexe...

    • maQiavel maQiavel1983 6 février 2014 19:28

      -les "structures traditionnelles et familiales" d’une société ont beau être fortes comme dans certains Etats US ou dans l’Angleterre de Thatcher par exemple les individus n’en sont selon moi ni plus libre, ni plus heureux.

      R / Le cas de Thatcher et de Reagan sont des cas très particulier, il faut savoir que leur mandat correspondait exactement à l’émergence d’un nouvel individualisme (je compte publier un article dessus).

      Les structures traditionnelles ne sont pas antagonistes au capitalisme, mais elles deviennent un frein à la dynamique en empêchant le capital de prendre possession de l’individu à part entière. Il faut donc les faire sauter.

      C’est ce que Marx faisait remarquer dans le manifeste : Partout où elle a conquis le pouvoir, elle a foulé aux pieds les relations féodales, patriarcales et idylliques. Tous les liens complexes et variés qui unissent l’homme féodal à ses "supérieurs naturels", elle les a brisés sans pitié pour ne laisser subsister d’autre lien, entre l’homme et l’homme, que le froid intérêt, les dures exigences du "paiement au comptant .Elle a noyé les frissons sacrés de l’extase religieuse, de l’enthousiasme chevaleresque, de la sentimentalité dans les eaux glacées du calcul égoïste ".

      Une société d’ individu ne pourra jamais se débarrasser du capitalisme, c’est un fait.


    • maQiavel maQiavel1983 6 février 2014 19:33

      -les individus n’en sont selon moi ni plus libre, ni plus heureux.

      R/ L’esclavage qui croit rendre l’esclave libre et heureux est le pire de tous.


  • klendatu 6 février 2014 15:46

    Sujet très intéressant, MaQiavel car tu as visé là une question centrale. Cette notion d’ingénierie sociale qui transforme les gens en cobayes pour enfin les rétrograder au rang ontologique d’objets semble correspondre a une version (implicite ou non) actualisé du concept de Théorie générale des systèmes :
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Ludwig_von_Bertalanffy

    L’application de cela a pour effet de neutraliser l’efficacité des processus cognitifs chez le public cible quitte, effectivement, a en faire des psychotiques par désoedipianisation. C’est précisément a cette horreur que l’on assiste actuellement.

    A ce titre, un réenracinement dans une tradition conçue comme lettre vivante est effectivement du plus grand secours. Cela peut même, semble-t-il, aider a se souvenir que l’on a une âme.


  • erQar erQar 6 février 2014 16:09

    "Le but de la morale laïque est de permettre à chaque élève de s’émanciper, car le point de départ de la laïcité c’est le respect absolu de la liberté de conscience. Pour donner la liberté du choix, il faut être capable d’arracher l’élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel, pour après faire un choix  ».
    -
    Pas mieux... Du temps de cerveau disponible comme disait l’autre...afin de pouvoir le remplir à sa guise.
    -


    • maQiavel maQiavel1983 6 février 2014 16:23

      Tout à fait derrière l’ émancipation aux déterminismes , il y’ a un autre déterminisme qui se cache, celui du marché.

      Mais je ne dis pas que Peillon planifie tout ça à l’ avance , je crois qu’ il pense ce qu’ il dit et qu’ il ne voit pas ou mène sa logique. 

    • erQar erQar 6 février 2014 16:55

      Un idiot utile en fait ? smiley


    • Haze Haze 6 février 2014 17:55

      Tu penses qu’il ne sait pas ou cela mène ?
      De mon point de vue, a peu près toute personne peut faire le lien entre cette phrase et " le meilleur des mondes " sans trop de difficulté. ( encore faut-il l’avoir lu mais c’est un classique )


    • maQiavel maQiavel1983 6 février 2014 19:18

      Franchement, je suis peut être naïf mais je pense que lui-même ne sait pas ce qu’il incarne mais peut être que je me trompe.

      Je pense que c’est un Franc -maçon qui croit réellement en un idéal , celui de l’ individu libéré de tout déterminisme.Je connais des gens comme ça ...


    • Qamarad Qamarad 6 février 2014 19:26

      Posons-nous une question simple pour tenter de se faire un avis :
      Qui est-il ?


    • LadyFel 6 février 2014 20:01

      Il porte un nom de Sud, tout juif alsacien qu’il est, et le voilà bombardé tête de liste du PS aux élections européennes .. dans le Sud-ESt... comme on dit, tout fait ventre... 


    • erQar erQar 6 février 2014 20:32

      maQ, je crois qu’il n’est pas si idiot que çà :
      -

      Qu’entendez-vous par "morale laïque" ?
      La morale laïque c’est comprendre ce qui est juste, distinguer le bien du mal, c’est aussi des devoirs autant que des droits, des vertus, et surtout des valeurs. Je souhaite pour l’école française un enseignement qui inculquerait aux élèves des notions de morale universelle, fondée sur les idées d’humanité et de raison. La république porte une exigence de raison et de justice. La capacité de raisonner, de critiquer, de douter, tout cela doit s’apprendre à l’école. Le redressement de la France doit être un redressement matériel mais aussi intellectuel et moral.
      -
      la dernière phrase montre bien la notion matériel et marchande de sa pensée.
      -
      Il est très ambitieux et donne des gages à ses maîtres


    • LadyFel 6 février 2014 21:18

      Non, ça c’est la morale naturelle... si on les croyait, les laïcards ont inventé l’eau chaude...ha,ha,ha.. 


  • Qamarad Qamarad 6 février 2014 19:10

    En un mot : Parfait !


  • Schweizer.ch 6 février 2014 20:11
    "Pour le biologiste Henri Atlan, la dynamique contemporaine, en matière de reproduction, est caractérisée par la déconnexion progressive entre sexualité et natalité."

    Rappelons aussi, de Jacques Attali "Vers l’humanité unisexe". Extrait :

    "..., nous allons lentement vers une humanité unisexe, où les hommes et les femmes seront égaux sur tous les plans, y compris celui de la procréation, qui ne sera plus le privilège, ou le fardeau, des femmes."


  • micnet 6 février 2014 22:01

    Bonsoir Machiavel,


    D’avance, je m’excuse de venir jouer les trouble-fêtes au milieu de ce concert d’approbation de votre article mais auparavant, je tiens à vous féliciter pour la qualité de celui-ci car particulièrement documenté et passionnant au demeurant. Comme je l’ai exprimé sur un autre fil, j’imagine qu’il vous a, quelque peu, été inspiré par nos échanges sur Gustave Le Bon et sa "psychologie des foules" smiley

    Donc, j’en viens maintenant à mes remarques en citant à nouveau Bernays :

    "Si l’on parvenait à comprendre les mécanismes et les ressorts de la mentalité collective, ne pourrait-on pas contrôler les masses et les mobiliser à volonté sans qu’elles s’en rendent compte ? "

    et en vous citant vous : "il est logique que ce pouvoir dans l’impasse soit tenté de créer des diversions et des écrans de fumée. Ce serait la raison pour laquelle est lancée la polémique sur la théorie du genre qui n’existe pas, après le mariage pour tous, ce ne serait qu’ une énième diversion sociétale."

    Alors je vais être un peu direct, ne m’en veuillez pas, mais je pense que votre article tape complètement à côté de la cible (tout en étant d’une grande qualité, je le répète) et ce pour une raison toute simple : ce gouvernement qui cherche à faire diversion, via entre autres la théorie du genre, est totalement à la ramasse ! Franchement si ce gouvernement comprend quoi que ce soit aux "mécanismes et aux ressorts de la mentalité collective" française, comment expliquez-vous qu’il batte tous les records d’impopularité ? J’ai vu que Hollande avait de nouveau chuté dans les sondages (apparemment, c’est encore possible) et la polémique sur cette "théorie du genre" n’y est certainement pas pour rien...

    En fait, je pense tout l’inverse de vous sur ce sujet : je ne reproche pas à ce gouvernement de chercher à manipuler les foules, je lui reproche précisément de ne pas en être capable ! Un grand homme est nécessairement un grand connaisseur de la mentalité collective, je pense que nous serons d’accord là-dessus, or, malgré tous les conseillers en communication, les instituts de sondage à n’en plus finir,etc... ces messieurs-dames (théorie du genre oblige) qui nous gouvernent ont réussi à créer des clivages comme jamais dans la société. La "manif pour tous" de l’année dernière est un record historique depuis 1945. Alors à moins qu’il n’y ait une stratégie au 15è degré de la part de Hollande qui pour le moment m’échappe, j’ai envie de vous dire que vous adressez un incroyable compliment à ce "pouvoir qui est dans l’impasse" en le faisant passer pour ce qu’il n’est pas. Si ce pouvoir cherche à créer des "écrans de fumée", il faut croire que la fumée lui revient à chaque fois en pleine tronche car il n’arrête pas de tousser...

    Pour tout vous dire, je pense que, comme ce gouvernement, vous avez une bonne trentaine d’années de retard, d’une part car cette théorie du genre aurait dû être combattue férocement dès les années 70 mais, de manière plus générale, vous êtes en retard car vous n’avez pas saisi, d’après moi, les véritables mécanismes de manipulation d’aujourd’hui, qui eux sont d’une efficacité redoutable car ils sont mondiaux ! Je veux parler de cette technologie qui nous phagocytent tous, tout en nous donnant l’illusion de la liberté : en un mot, je veux parler d’internet !

    Pour terminer, je vais vous soumettre une réflexion de quelqu’un que vous détestez mais qui, à mon avis, a parfaitement résumé la situation actuelle. Il s’agit de Marc-Edouard Nabe qui a énoncé chez Taddéi : "Aujourd’hui c’est Dieudonné qui a le véritable pouvoir, pas Valls. Valls a l’autorité, ce qui est complètement différent"
    Posez-vous ensuite la question de savoir qui sont les personnes les plus populaires d’internet et vous commencerez peut-être à envisager les choses sous un tout autre aspect. (Si Le Bon avait connu internet, je vous parie qu’il dirait, à peu de choses près, ce que j’explique ici)

    A méditer smiley

    • ffi 6 février 2014 22:30

      Je ne crois pas que le gouvernement fasse diversion. En effet, vu comme cette diversion le fait se marginaliser dans l’opinion, s’il ne s’agissait que d’une diversion, il en changerait pour en employer une plus efficace.

       

      Donc non, je ne crois pas qu’il fasse diversion sur ce point. La diversion qu’il fait sur ce point, c’est quand il revêt toute critique de l’habit d’extrême-droite...

       

      Le gouvernement agit guidé par une foi.

       

      Le PS se réclame du Saint-Simonisme (je l’ai lu il y a peu dans le journal des militants en 2010 de mémoire). Or le Saint-Simonisme a développé une doctrine de l’ingénierie sociale, et a même préconisé une "religion laïque" (basé sur... "la loi de la gravitation de Newton"... c’était la période scientiste). Étudiez cette doctrine, la filiation est très claire avec les mesures prises par le PS aujourd’hui.

       

      Bref, le PS est la secte des Saint-Simoniens.

      Il agit, guidé par une foi Saint-Simonienne.

      Nous voilà avec un gouvernement sortit tout droit du XIXème siècle.


    • micnet 6 février 2014 22:40
      @ffi

      "Le gouvernement agit guidé par une foi."

      ---> Tout à fait mais cette foi "saint-simonienne" n’est pas partagée par le peuple, c’est le moins que l’on puisse dire...

    • klendatu 6 février 2014 22:45

      C’est d’ailleurs a ce point peu partagé par le peuple qu’il n’y a pas lieu a mon avis de faire le difficile lorsqu’il est question de se rendre a la manif pour tous. Ceci dit, ce n’est que mon avis. :)


    • erQar erQar 6 février 2014 23:03

      Il y a une multitude de raison qui pousse le PS a adopter le mariage pour tous.
      -
      Mais la raison principale est, qu’il est animé par la marchandisation.
      -
      Et pour cela, le système a besoin d’étendre son champs sans entrave morale qui l’a freine.
      -
      Il suffit de voir que même à droite personne n’osera revenir en arrière.
      -
      Mais si nous pouvons faire une constatation, c’est que l’islam est sorti du débat. Dommage pour vous micnet, mais gageons que cela reviendra parce que ce système de valeur est en confrontation avec le système dominant.


    • micnet 6 février 2014 23:10
      @erQar

      "Mais si nous pouvons faire une constatation, c’est que l’islam est sorti du débat. Dommage pour vous micnet, mais gageons que cela reviendra parce que ce système de valeur est en confrontation avec le système dominant."

      ---> Pouvez-vous m’expliquer ce que l’islam vient faire dans cette discussion ???

    • erQar erQar 6 février 2014 23:15

      micnet
      -
      Vous parliez d’écran de fumé ou si vous préférez de sujet de société qui occupe l’esprit. Je ne nie pas que c’est important mais largement moins important que la marchandisation de notre système.


    • ffi 7 février 2014 00:09

      erQar :
      Nous parlions du Saint-Simonisme, un mouvement qui fut très puissant au XIXe siècle en France, qui porta d’ailleurs tant la colonisation que la création de l’école publique.
       
      Le Saint-Simonisme est une doctrine scientiste, mais à vocation religieuse : l’homme n’y a pas d’âme.
       
      Le Saint-Simonisme est revivifié et porté aujourd’hui par des hommes parmi les plus puissants en matière économique en France (en général issu de la Banque et des assurances). Or, le Parti socialiste s’en réclamait en 2010 dans son périodique à destination des militants.
       
      Une foi Saint-Simonienne guidant le gouvernement expliquerait parfaitement ses choix.
       
      Personnellement, je ne crois pas que le système de valeur musulman soit adapté à la France, ceci pour des raisons historiques. Cela dit, la théorie de la complémentarité de L’Islam et du Christianisme, telle qu’exposée par Farida Belghoul, à savoir que Dieu aurait à dessein donné deux voies d’accès à la foi est intéressante, une voie plutôt intellectuelle, le christianisme, mais faiblissant quelque peu sur le plan de la volonté, et une voie plutôt volontariste, mais faiblissant quelque peu sur le plan intellectuel.
       
      D’ailleurs, il est vrai qu’il y a eu dans l’histoire de la monarchie chrétienne de longs rapports entre les rois de France et les Sultans Ottomans, tout chrétien d’orient étant considéré comme sujet du Roi de France et protégé à ce titre.
       
      Une France chrétienne serait donc bien plus pertinente à mon avis, cela correspond mieux à son patrimoine culturel, l’acceptation de la pratique de la foi musulmane en son sein étant acceptée sous réserve de réciprocité dans les pays musulmans à l’égard des chrétiens.


    • erQar erQar 7 février 2014 00:26

      @ffi,
      -
      Le Saint-Simonisme est une doctrine scientiste, mais à vocation religieuse : l’homme n’y a pas d’âme.
      -
      C’est horrible, mais vu les con(s)citoyens que l’on a... je comprends leur démarche.
      -
      Pour ce qui est d’une France plus chrétienne, je suis complètement d’accord.
      -
      Après dire que les chrétiens sont plus intelligents que les musulmans, je reste dubitatif. Il y a de l’intelligence dans ces pays, la preuve que même sarovsky parlait d’immigration choisie.Comment avoir une tête bien formé pour moitié prix ...la marchandisation toujours et encore...


    • maQiavel maQiavel1983 7 février 2014 12:08

      @micnet 

      Voir réponse plus bas.

    • ffi 7 février 2014 13:50

      erQar, notez que je spécule un peu.
       
      Cela dit, je n’ai pas dit que les musulmans étaient moins intelligents,
      J’ai dit que la doctrine pouvait faiblir sur le plan intellectuel.

      Mais pardonnez-moi si je vous ai choqué.
      Je pensais d’ailleurs plutôt à l’inventivité mais je peinais à trouver ce terme hier soir, d’où la formulation que j’ai adopté.
       
      Après, cela reste de la spéculation de ma part et mieux vaut donc en rester sur l’idée de complémentarité sans lui donner de contenu explicite pour le moment.


  • ffi 6 février 2014 22:10

    Tu as tapé dans le mil’ Mac.
     
    Le PS se réclame explicitement de Saint-Simon
    (Journal du Militant, Aubry, 2010).
     
    Les Saint-Simoniens se sont toujours vécus comme des ingénieurs sociaux.


  • Aldo Berman Aldo Berman 6 février 2014 22:50

    Ce qui est amusant, c’est que l’élite est elle, par contre, très attachée à sa propre lignée de sang ! Des rois aux présidents, des magnats de la finance aux grands industriels, le mariage n’est certainement pas pour tous. ;)


    • maQiavel maQiavel1983 7 février 2014 12:12

      Ça fait partie d’ un tout. Pour déstructurer le peuple et le contrôler, il faut soit même conserver sa structure.

      "Assurer la cohésion de son propre camp tout en ruinant celle du camp opposé" , c’ est l’ art de la guerre. 

  • ffi 6 février 2014 23:13

    Précision : le saint-simonisme est resté très présent dans les hautes sphères de l’administration Française durant tout le XXe siècle.
     
    Sur wikipedia est cité un groupe "X-Crise", une assemblée de polytechniciens qui aurait était assez actif pendant les années 1930.
     
    L’intéressant est qu’il y a un groupe de polytechniciens fondé en 2005 qui se réclame de l’héritage du groupe "X-crise", donc du Saint-Simonisme. Ce groupe s’appelle "X-sursaut", mais semble avoir une orientation plus libérale.
     
    Il y a un lien ici qui parle de X-sursaut.
    Parrains : Claude Bébéar (ex Axa), Bernard d’Esambert (ex-banque Edmond de Rothschild), Gérard Worms (ex-Indosuez), Jean Peyrelevade (ex-Crédit Lyonnais).
     
    Il y a une page de présentation ici.
    Le groupe se réclame en effet du Saint-Simonisme.
     
    ça devient donc très clair.
    Saint-Simon, en voulant fonder la morale sur "la loi de la gravitation de Newton", montre qu’il conçoit l’Homme sans esprit : l’homme n’est pour lui qu’un corps, qui sécrète la pensée. Les lois de la physique suffisent donc à la politique.
     
    Saint-Simon est scientiste. Mais cette position ne tient pas. La physique ne traite que d’objets inertes, qui agissent sous la nécessité des causes externes à eux-mêmes. Or l’Homme, comme tout animal, s’il subit en effet les causes physiques externes par son corps, a en plus la capacité de se générer en interne ses propres causes d’agir : l’homme est un sujet, il a une cause finale, une fin, une volonté, ce qui fait qu’il faut le distinguer de l’objet physique qui est inerte, sans volonté propre.
     
    C’est cette distinction nécessaire entre sujet - qui a des droits et ne peut être objet de possession, et objet - qui n’a pas de droit, mais peut être objet de possession, qui justifie que les sciences morales et politiques ne peuvent pas être considérés selon le modèle de la science physique. D’où l’erreur de Saint-Simon.
     
    Pour les Saint-Simoniens, l’homme n’est pas propriétaire de ses propres pensées, celles-ci sont conçu comme une sorte de sécrétion corporelle. La variation des pensées entre les hommes ne s’explique pas par un Esprit propre à chacun, mais par une histoire propre à chacun, qui oriente les sécrétions intellectuelles dans une certaine direction. En conséquence de quoi, il suffit de changer l’histoire de chacun pour changer l’Homme. Or, puisque chacun naît dans une famille, c’est donc dans la famille que se fait le début de l’histoire de chacun, et ce début a une conséquence considérable.
     
    Donc, il faut retirer les enfants aux familles, afin de leur transmettre au plus tôt les vérités de foi Saint-Simonienne.
     
    Nous sommes donc face à un gouvernement qui se dit laïque, mais qui est en vérité parfaitement religieux, et cette religion, c’est le Saint-Simonisme.


    • klendatu 7 février 2014 07:39

      Oui, et, quoi que l’on en dise, la manif pour tous constitue un pôle de résistance actif a cela, et a tout ce qui s’ensuit en termes d’intégration au totalitarisme marchand. C’est l’analyse que j’en fais.


  • l'argentin l’argentin 7 février 2014 00:31

    Il est fort ce wizman, quelle grosse crotte pour rester polie. Mais à un moment il dit tout ce qu’il pense en fait "bah vous avez qu’à bosser comme nous les mecs au lieu de vous plaindre" (je résume) smiley


    • l'argentin l’argentin 7 février 2014 00:48

      Oh bordel faut vraiment que je me couche, je me trompe même plus de ligne mais d’article maintenant, pardon machiavel1983 d’avoir pollué ton post smiley


  • maQiavel maQiavel1983 7 février 2014 12:06

    @micnet

    Merci pour votre compliment et vos critiques.

    Mais je dois vous répondre sur une chose :

    -je pense que votre article tape complètement à côté de la cible et ce pour une raison toute simple : ce gouvernement qui cherche à faire diversion, via entre autres la théorie du genre, est totalement à la ramasse ! Franchement si ce gouvernement comprend quoi que ce soit aux "mécanismes et aux ressorts de la mentalité collective"

    R / Non ce n’est pas du gouvernement dont il s’agit, mais des ingénieurs sociaux. Le gouvernement n’est que la face visible du pouvoir (alors qu’il n’en a quasiment pas).

    Je parle du projet de l’Etat profond en réalité.


    • maQiavel maQiavel1983 7 février 2014 12:17

      P.S : Plus que Gustave Le Bon, c’est ma série d’article sur « histoire des relations publiques au cours du XX ème siècle : partie 1 , partie 2, partie 3  qui m’a inspiré.


    • ffi 7 février 2014 13:40

      Je répond à ceci :
      Le gouvernement n’est que la face visible du pouvoir (alors qu’il n’en a quasiment pas).
      Je parle du projet de l’Etat profond en réalité.
       
      Le gouvernement a beaucoup de pouvoir.
      Il dirige l’organe le plus puissant de la société, l’État.
      Mais il faut voir ce pouvoir comme effectif à moyen terme, voire à long terme.
       
      De fait, en dirigeant l’éducation nationale, la plus grande administration du monde en nombre de fonctionnaire, l’État obtient une influence notable sur les mentalités. Et c’est bien la raison avouée de la création de l’école publique par Jules Ferry, la transformation des mentalités des nouvelles générations, pour permettre des évolutions sociales au-delà de la génération actuelle.
       
      Le microcosme est assez facile à délimiter en France. Ceux qui ont les pouvoirs économiques ou politiques sortent tous plus ou moins des mêmes grandes écoles.
       
      Or, il se trouve que ces grandes écoles ont tôt fait dans l’histoire d’organiser leurs anciens diplômés en réseaux d’influence politico-économique. Ces réseaux d’influence ont une histoire, et ils présentent donc une certaine continuité et certaines constantes.
       
      Pour cette raison, je vous invite à être plus attentif à ces choses qui sont spécifiques à la France. Quelqu’un comme Bernays appartient plutôt à l’histoire américaine et n’a eu que peu d’influence ici. Même si on peut trouver des ponts, il n’y a pas de réseau "Bernays" en France.
       
      Le réseau puissant aujourd’hui en France, c’est celui des Saint-Simonien. Ils furent très actifs au XIXe siècle, avant de perdre en crédibilité peu à peu à cause de leur sectarisme.
       
      J’ai montré qu’en 2005 un nouveau cercle Saint-Simonien avait été créé chez les anciens de Polytechnique, avec des parrains considérablement puissants (l’ancien patron d’Axa, un ex de chez Rothschild, des ex-patrons d’indosuez et du crédit Lyonnais). J’ai rapporté encore que le PS s’est réclamé explicitement du Saint-Simonisme dans son journal des militants, quelque peu avant l’élection présidentielle.
       
      Tout ceci montre combien Hollande a pu s’appuyer sur ces réseaux Saint-Simonien pour parvenir au pouvoir. Cela permet de comprendre de qui Hollande est le client.
       
      De plus, quand on analyse la doctrine Saint-Simonienne, à travers toutes ses variantes bien-sûr car elle n’a pas de contenu très précis, on constate une constance de la volonté à créer une sorte de religion Républicaine dont les clercs seraient les savants, les artistes, les artisans et les industriels.
       
      Ces constatations mises en face des divers discours de Vincent Peillon montre une proximité manifeste...
       
      De sorte que :
      - puisque une bonne partie de l’élite financière, intellectuelle et industrielle se réclame de Saint-Simon.
      - puisque le parti socialiste est au pouvoir et se réclame lui-même de Saint-Simon.
      - puisque certains écrits du ministre de l’éducation Nationale sont un copié-collé des doctrines saint-simonienne (et je pourrais même citer le ministre de la recherche Fioraso qui a plaidé récemment pour instruire à l’entreprenariat dès la maternelle, ce qui est du Saint-Simonisme pur jus).
       
      l’on peut dire que :
      l’État profond est saint-simonien comme l’État visible est saint-simonien.

      Bref, la France est sous le joug totalitaire du Saint-simonisme.


    • maQiavel maQiavel1983 7 février 2014 14:18

      Bonjour ffi

      -Le gouvernement a beaucoup de pouvoir. Il dirige l’organe le plus puissant de la société, l’État.

      R / Ça c’est la théorie. En réalité les choses ne sont pas aussi simple , ce n’ est pas le gouvernement qui contrôle l’ Etat dans les faits mais ce qu’ on appelle l’ Etat profond qui est un ensemble des réseaux dont l’ influence sur l’ appareil d’ Etat ne dépend d’ aucun mandat électoral et constitué de  cercle de contacts de haut niveau contrôlant les grands capitaux privés ( donc les grands détenteurs du capital privé ) et le capital Étatique ( donc les bureaucrates ).

      Et pour percevoir cet Etat profond dans toute sa profondeur, il faut intégrer les réseaux transnationaux.

      -De fait, en dirigeant l’éducation nationale, la plus grande administration du monde en nombre de fonctionnaire

      Par exemple, je ne crois pas que ce gouvernement dirige réellement l’éducation nationale. A entendre Zemmour, même De Gaule en était incapable. Il y’ a des bureaucrates en son sein sont les véritables maîtres de cet administration et le gouvernement ne peut se risquer à les toucher au risque de faire face à des réseaux très puissants.

       -Quelqu’un comme Bernays appartient plutôt à l’histoire américaine et n’a eu que peu d’influence ici. Même si on peut trouver des ponts, il n’y a pas de réseau "Bernays" en France.

      R / Il faut savoir qu’en général la classe dirigeante Française suit les américains. Et puis il faut prendre en compte l’internationalisation des réseaux .Les réseaux Bernays sont trans -nationaux et touchent l’occident (et pas que) dans son intégralité. La question est de savoir quels sont les relais nationaux de ces réseaux (souvent communautaire) ?

      Peut être comme vous dites, il y’ a les saints simonien (merci pour l’information sur la proximité idéologique) mais il n’ y’ a pas que ça. On sait par exemple que les élites Française sont complètement verrouillées par les réseaux atlanto -sionistes. 


    • ffi 7 février 2014 15:27

      Quand tu parles d’État profond, tu fais appel à des tournures de phrases directement issues des contestataires américains qui visent en gros le complexe militaro-industriel.
       
      Il y a certainement des correspondances entre la situation des États-unis et de la situation en France, cependant tu ne peux appliquer l’analyse politique des contestataires américains à la France, qui a une situation politique spécifique, sans prendre un minimum de précautions...
       
      Admettons qu’il y ait une organisation informelle et non gouvernementale qui parviennent à influencer toute une série d’État, par exemples les États-unis et la France. Les contestataires des deux pays pourront observer des correspondances et des analogies dans les finalités poursuivies par leurs états respectifs.
       
      Cependant il faut regarder que les moyens de cette influence ne viennent que par l’entremise des structures spécifiques de l’État visé, à savoir principalement dans les organes d’instruction de ses élites, où c’est la doctrine de l’organisation informelle et non gouvernementale qui doit être enseignée. Or, les structures spécifiques de l’État ont déjà leur propre histoire et donc une grande inertie, d’où que la meilleure stratégie pour une organisation informelle et non gouvernementale est reprendre ce qui existe déjà, pour profiter de sa force de frappe, mais tout en le déviant discrètement pour le faire aller dans son sens.
       
      Or, si tu veux combattre cette influence, il faut en saper les réseaux.
      Mais ceci n’est possible qu’en connaissant les réseaux qui existent en France factuellement. Tu ne peux pas agir sur la situation politique particulière en France en regardant uniquement les États-Unis. Sauf bien entendu à vouloir en rester à des généralités.


    • ffi 7 février 2014 15:53

      Pour ce qui est de l’idée que le gouvernement a du mal à diriger l’État...
       
      Il ne t’aura pas échappé que la France reste un État de droit.
      Le président n’est pas un dictateur, il ne décide pas de tout, mais il délègue, sur la base du droit, des décisions à des fonctionnaires.
       
      Parmi les fonctionnaires, certains sont directement sous commandement hiérarchique, comme par exemple les préfets : cette partie de l’état est dirigée directement par le gouvernement.
       
      D’autres fonctionnaires ont une certaine liberté d’appréciation, et c’est vrai en particulier pour les enseignants ou les juges, donc en effet, le gouvernement ne dirige pas ce genre de fonctionnaire, tout ce qu’il peut faire, c’est d’essayer d’encadrer leurs pratiques par des lois.
       
      C’est la raison pour laquelle je parlais d’influence à moyen et long terme, à cause de cette seconde catégorie de fonctionnaire, dont l’action ne peut être dirigée que par un encadrement législatif via les lois ou des directives et par un encadrement idéologique via l’instruction dispensée pendant leurs années de formation.
       
      Le Saint-Simonisme polytechnicien est un bel exemple de cette manière d’orienter l’idéologie des futures élites, afin qu’aucune loi ne soit nécessaire pour faire en sorte que des fonctionnaires qui se croient libres agissent pourtant dans un sens qui soit en vérité la répercussion de la volonté d’un gouvernement du passé.
       
      De Gaule je crois affirmait d’ailleurs "les hommes passent mais les institutions restent", remarquant ainsi que les sociétés étaient travaillées par une transcendance institutionnelle.


    • maQiavel maQiavel1983 7 février 2014 16:43

      @ffi

      -Il y a certainement des correspondances entre la situation des États-unis et de la situation en France, cependant tu ne peux appliquer l’analyse politique des contestataires américains à la France, qui a une situation politique spécifique, sans prendre un minimum de précautions...

      R / Bien sur qu’il y’ a des spécificités mais la mondialisation a provoqué l’éclosion d’une super structure cohérente (mais qui a aussi ses divergences et ses contradictions) en occident.

      Par ailleurs, même au-delà de l’occident, on sait qu’il existe aussi un Etat profond en Chine par exemple, c’est un mode de gouvernement des sociétés modernes, les élites ont compris depuis longtemps qu’il est bien plus efficace de gouverner de façon officieuse et cela est valable pour la France.

      -Admettons qu’il y ait une organisation informelle et non gouvernementale qui parviennent à influencer toute une série d’État, par exemples les États-unis et la France. Les contestataires des deux pays pourront observer des correspondances et des analogies dans les finalités poursuivies par leurs états respectifs.

      R /Exactement.

      -Cependant il faut regarder que les moyens de cette influence ne viennent que par l’entremise des structures spécifiques de l’État visé, à savoir principalement dans les organes d’instruction de ses élites, où c’est la doctrine de l’organisation informelle et non gouvernementale qui doit être enseignée. 

      R / Pas seulement mais c’est un point extrêmement  important.

      Or, les structures spécifiques de l’État ont déjà leur propre histoire et donc une grande inertie, d’où que la meilleure stratégie pour une organisation informelle et non gouvernementale est reprendre ce qui existe déjà, pour profiter de sa force de frappe, mais tout en le déviant discrètement pour le faire aller dans son sens.

      R / Rien à redire.


    • maQiavel maQiavel1983 7 février 2014 16:43

      -Concernant les fonctionnaires sous commandement hiérarchique, en théorie, ils le sont tous, en réalité, certains fonctionnaires sont plus puissants que les membres du gouvernement. Ils ont une influence considérable.

      Ces bureaucrates sont très puissant comme l’explique Yvan Blot ici jusqu’ à 5 :00

      Alors évidemment de par leur fonction officiellement, ils sont aux ordres du gouvernement. Mais officieusement, ils sont plus que leur simple fonction, ce sont des gens qui sont insérés dans des réseaux financiers, qui ont des contacts avec la commission Européenne, dans les médias etc. et qui ont le pouvoir de contraindre les ministres. Il n’ ya qu’à voir le nombre d’inspecteurs des finances.

      Donc ce n’est pas une question de postes officiels, c’est une question de réseaux, le droit, ça se contourne.

      En gros je suis d’ accord avec toi sur l’influence à moyen et long terme via les instructions des élites mais il n’y a pas que ça, tout est fait pour que ceux qui sont officiellement au pouvoir en aie le moins possible en réalité. Pour ça, pas besoin du droit, juste des rapports de force avec des réseaux à l’appui. Les gouvernements Français successifs sont dans le creux de la main de certaines élites depuis longtemps. C’est une ingénierie de domination très efficace.


    • maQiavel maQiavel1983 7 février 2014 16:50

       Si le réseau Françafrique déliquescent a un pouvoir de décision sur le choix des ministres, je n’imagine même pas ce que pourraient faire les réseaux qui sont eux actuellement les plus puissants au monde. 


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