Le business des faillites : les "vautours" des restructurations et liquidations
Près de 180 entreprises font faillite chaque jour, bouleversant la vie de milliers de salariés. Cyprien Boganda publie une enquête édifiante sur les « vautours » des restructurations et des liquidations.
La suite à lire ici (pour les abonnés) :
Extrait, introduction : « Les faillites d’entreprises sont si nombreuses aujourd’hui en France (en moyenne 180 par jour) qu’elles constituent de fait un véritable secteur économique. Un secteur qui a émergé dans les années 1970 : Bernard Arnault, François Pinault ou encore Vincent Bolloré pourraient en témoigner, eux qui ont bâti leur empire sur les décombres de groupes français contraints de déposer le bilan et de licencier des dizaines ou milliers de salariés. (...) »
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Sur le site des éditions La Découverte :
En France, près de 180 entreprises font faillite… chaque jour ! Depuis le début de la crise de 2008, plus de 300 000 d’entre elles ont déposé le bilan, bouleversant la vie d’un million de salariés. Mais le malheur des uns fait les affaires d’une poignée d’autres. Les entreprises en difficulté attirent une faune hétéroclite, où se croisent fonds d’investissement, cabinets d’experts, managers de crise ou mandataires judiciaires. Aujourd’hui, quelques milliers de personnes « vivent » en France de la crise des entreprises. Et elles en vivent plutôt bien.
Ce « business » ne date pas d’hier. Dès les années 1980, des grands noms du capitalisme hexagonal tels que Bernard Arnault, François Pinault ou Vincent Bolloré ont bâti leur fortune en rachetant, sous l’œil bienveillant des pouvoirs publics, des canards boiteux, qu’ils revendaient au prix fort après restructuration.
Depuis dix ans, la multiplication des plans sociaux a engendré une véritable industrie de la faillite. Dressant un portrait édifiant des acteurs de ce secteur en croissance et revenant sur les affaires qui ont défrayé la chronique ces dernières années (Danone, Doux, Heuliez, PSA, Samsonite, Florange, etc.), l’enquête de Cyprien Boganda révèle les dessous de cette machine qui prospère sur les ruines de l’économie française.
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Le cas de François Pinault est fort bien traité dans le livre d’Olivier Toscer Argent public, fortunes privées :
Extrait d’un article publié sur acrimed.org en 2003 : « (...) Argent public, fortunes privées (Denoël). C’est une enquête sur le favoritisme d’Etat, ce système insidieux qui consiste en France à nationaliser les pertes et privatiser les profits. Forcément, le bouquin s’écarte un peu du catéchisme des affaires selon Saint Minc.
Cash Investigation a également suivi jusqu’aux États-Unis les ex-salariés de Samsonite de Hénin-Beaumont (Nord-Pas-de-Calais), laissés sur le carreau après justement une opération de… "rationalisation". Ils se battent aujourd’hui avec leur avocat pour faire reconnaître leurs droits. Et quand des enseignantes de l’Ontario à la retraite découvrent ce que leur fonds de pension a fait avec leur argent, leur émotion est sincère. Elles incarnent alors l’actionnaire anonyme au nom de qui ces dégâts humains ont été commis... (...) »
Voir la vidéo et l’article ("Quand les actionnaires s’en prennent à nos emplois") sur le site francetvinfo.fr
Le plus révoltant : quand l’argent de vos impôts sert à enrichir les liquidateurs qui suppriment vos emplois...
Ces pratique révoltantes ont également beaucoup à voir avec Le scandale de l’impunité du capitalisme criminel (Jean-François Gayraud) et Les rois de l’évasion fiscale (Myret Zaki), ainsi que Les entreprises transnationales contre les démocraties (Susan George) et aussi Comment on a rendu l’économie folle (Alain Deneault - La moitié du stock mondial d’argent transit par les paradis fiscaux. Le problème est politique. Les puissants qui ne veulent pas être soumis à la loi peuvent simplement s’en soustraire et deviennent tellement puissants qu’on les courtise à la fin, d’illustres investisseurs en face desquels on déroule des tapis rouges. Que faire ? Apprendre à nommer les problèmes plutôt qu’à se laisser ventriloquer par une presse qui souvent appartient à ceux qui profitent de la hiérarchie.)