Le bâillement contagieux, du conformisme social ?

Tout le monde a un jour expérimenté ce curieux phénomène : une personne baille autour de vous, et soudain une irrésistible envie d’écarter les mâchoires vous prend. On dit qu’un bon bâilleur en fait bailler sept.

Le bâillement apparaît principalement en cas de fatigue, de faim, de vigilance mais aussi d’ennui ou en situation de désir sexuel, surtout chez les femmes. Ce geste manifeste donc un état physique particulier perçu par les individus alentour.

Du point de vue physiologique, un bâillement se décompose en trois étapes : une longue inspiration suivie d’une courte apnée de plus ou moins une seconde, durant laquelle parfois on entend moins bien à cause de la contraction des muscles, qui se termine par une expiration très rapide qui peut stimuler les glandes lacrymales. Ce qui reste par contre un mystère, c’est ce qui cause le bâillement lui-même. Il existe plusieurs hypothèses (thermorégulation cérébrale nécessitée par la bipédie, oxygénation cérébrale etc.) mais l’origine du bâillement reste une énigme en l’état actuel des connaissances.

Laissons de coté l’aspect physiologique du bâillement pour nous focaliser sur son aspect social !

Les bâillements contagieux ont des caractéristiques particulières et ne concernent que certains mammifères à forte sociabilité.

Surtout, ils n’apparaissent, contrairement aux bâillements spontanés, que vers 4 ou 5 ans. Ces caractéristiques laissent penser qu’il s’agit d’un comportement avant tout social.

La simple évocation du bâillement peut suffire à le provoquer. Pourtant, devant sa contagion, nous ne sommes pas tous égaux : près d’une personne sur quatre ne répond pas ou peu à quelqu’un qui bâille.

Une étude réalisée en 2007 sur des enfants autistes a démontré que ceux-ci sont beaucoup moins réceptifs à la contagion des bâillements que les autres.

Une autre étude a démontré que les personnes les moins sensibles à la contagion du bâillement étaient aussi celles qui avaient le plus de mal à se mettre à la place des autres, les schizophrènes par exemple, qui manquent d’empathie selon les critères psychiatriques.

 Le bâillement est contagieux également chez les aveugles, la contagion ne se fait donc pas que visuellement.

D’un point de vue social, la communication du bâillement relèverait donc plutôt d’une forte capacité d’empathie.

D’un point de vue neurologique, ce comportement mimétique serait principalement dû aux neurones miroirs, des cellules nerveuses qui s’activent aussi bien lors de l’exécution d’une tâche que dans l’observation d’un autre individu effectuant le même geste.

L’intimité avec le bâilleur influe sur l’impact de la contagion : plus la proximité est importante, plus les probabilités d’imitation sont fortes.

Selon certains chercheurs, le bâillement contagieux a évolué pour permettre au groupe de synchroniser ses phases d’attention.

Voici une petite vidéo qui illustre ce phénomène :

Sources : http://www.youtube.com/user/RomanAtwood?feature=watch

 http://www.slate.fr/life/68583/pourquoi-baillement

 http://www.levif.be/info/actualite/sciences/pourquoi-le-baillement-est-il-contagieux/article-4000008069166.htm

 http://www.futura-sciences.com/magazines/sante/infos/qr/d/sommeil-baillement-il-contagieux-3633/

 http://www.francetvinfo.fr/decouverte/bizarre/pourquoi-les-baillements-sont-contagieux-et-autres-reflexes-bizarres_285687.html