vendredi 14 juin 2019 - par Stupeur

Laurent Testot (Cataclysmes) : la nature humaine est-elle de détruire la nature ?

Une histoire globale des interactions humain-nature qui raconte comment nous avons modifié notre milieu et comment celui-ci nous a transformés en retour.

Et demain ?

Continuerons-nous de subir les effets pervers de nos modes de vie, comme les Aamjiwnaang du Canada qui enfantent deux fois moins de garçons que de filles à cause des rejets toxiques des usines voisines ? Nous métamorphoserons-nous en dieux ou en mutants ? Ou nous efforcerons-nous de penser une économie et une écologie durables, comme les Bishnoïs plantant inlassablement des arbres pour lutter contre l’érosion ?

 

La nature humaine est-elle de... détruire la nature ?

Vidéo ajoutée le 26 mars 2019 sur la chaîne AltrimentiVideo - durée 1:07:47

etika, ATTAC Luxembourg, avec le soutien de Altrimenti

Présentent la conférence "La nature humaine est-elle de… détruire la nature ?" de Laurent Testot

Lundi 18 mars 2019 à 12h15

Les relations entre l’homme et la nature ont fait l’objet de nombreux ouvrages : on peut citer par exemple « La contamination du monde » (voir la vidéo ci-dessous -> "Pour aller plus loin") que le co-auteur Thomas Le Roux nous avait présenté l’année passée et qui montrait clairement comment les débuts de la civilisation industrielle et marqué en même temps la naissance de l’anthropocène.

Laurent Testot commence quand à lui son étude depuis les tout débuts de l’humanité, et nous apprend plein de faits très dérangeants sur le comportement de l’espèce humaine envers son environnement.

Saviez-vous que par exemple que bien avant la coupe en règle de l’Amazonie, les Aborigènes privèrent il y a 50 000 ans l’Australie de ses forêts en exterminant les grands herbivores qui les entretenaient ?

Que bien avant les OGM, nos ancêtres altérèrent voici 13 000 ans la génétique du blé pour en collecter toujours davantage ?

Il va cependant plus loin qu’un réquisitoire sans espoir de l’humanité qui nous condamnerait irrémédiablement à la guerre et l’effondrement, et montre que si l’homme est « une machine à tuer », il est aussi capable de coopération, qualité qu’il est plus que temps de mettre en oeuvre.

Présentation de l’orateur : 

Laurent Testot est un journaliste indépendant, travaillant notamment pour le magazine Sciences Humaines. Spécialisé en histoire, géopolitique et religion, il exerce également comme formateur et guide conférencier. Il anime également le blog Histoire Mondiale. Il a dirigé une douzaine de hors-séries et livres pour Sciences Humaines, notamment : « Histoire globale, un nouveau regard sur le monde » (2008, réddité en 2015) ; « Une autre histoire des religions » (2010) ; « La Guerre » (avec Jean-Vincent Holeindre, 2012, rééd. 2014) ; « Vers un nouveau monde » (2013) ; « La nouvelle Histoire du Monde » (2014).

Son ouvrage Cataclysmes (voir ci-dessous -> "Pour aller plus loin") - Prix Léon de Rosen 2018 de l’Académie française - a été salué par la critique :

« Rendons grâce à la publication de Cataclysmes en format poche. Elle offre au critique l’occasion de se racheter et de parler d’un livre injustement passé sous silence dans ces colonnes à sa sortie en 2018. Car c’est un livre passionnant (couronné par l’Académie française), érudit mais fluide, ambitieux mais solidement étayé… » Reporterre 

« Ce livre multiforme, nourri par une érudition étonnante, est un cri d’alarme salutaire qui, à la fois, récuse le catastrophisme d’un Jared Diamond (Effondrements) et complète (tout en le nuançant) Sapiens de Yuval Noah Harari. » Alternatives économiques

« un livre utile, parce qu’il est important que la recherche en histoire environnementale, menée depuis désormais plus de quatre décennies, soit rapidement diffusée. » Non fiction

 

 

 - - - - - - - - - - - - - - - > Pour aller plus loin < - - - - - - - - - - - - - - - 

 

La contamination du monde

Vidéo ajoutée le 28 janvier 2018 sur la chaîne AltrimentiVideo - durée 1:22:40

Thomas Le Roux dans cette conférence sur l’évolution de la contamination dans le monde nous entraîne dans une fresque historique captivante ou nous pouvons comprendre quel a été le rôle de l’homme dans la propagation de la pollution à travers les âges tant dans son mode de diffusion que dans son impact sur l’environnement et sur l’homme.

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Cataclysmes
Une histoire environnementale de l'humanité

Laurent Testot

Histoire Payot : 

En 1796, alors qu’il s’efforçait de résoudre l’énigme des colossales molaires d’un animal inconnu ramenées d’une expédition française en Amérique, le naturaliste Georges Cuvier découvrit qu’il existait non pas une mais quatre espèces d’éléphants… et que celles-ci pouvaient disparaître. Bien avant la coupe en règle de l’Amazonie, les Aborigènes privèrent il y a 50 000 ans l’Australie de ses forêts en exterminant les grands herbivores qui les entretenaient. Bien avant les OGM, nos ancêtres altérèrent voici 13 000 ans la génétique du blé pour en collecter toujours davantage. Et juste avant le début du réchauffement global il y a deux siècles, l’éruption spectaculaire du volcan Tambora en Indonésie projeta dans l’atmosphère des aérosols corrosifs qui modifièrent le climat planétaire pendant trois longues années.

Ambitieuse, passionnante, parfois effrayante, voici retracée l’épopée de l’humanité sur trois millions d’années, une histoire globale des interactions humain-nature qui raconte comment nous avons modifié notre milieu et comment celui-ci nous a transformés en retour. Et demain ? Continuerons-nous de subir les effets pervers de nos modes de vie, comme les Aamjiwnaang du Canada qui enfantent deux fois moins de garçons que de filles à cause des rejets toxiques des usines voisines ? Nous métamorphoserons-nous en dieux ou en mutants ? Ou nous efforcerons-nous de penser une économie et une écologie durables, comme les Bishnoïs plantant inlassablement des arbres pour lutter contre l’érosion ? La conclusion nous appartient.

 

Laurent TESTOT - "Il ne reste probablement que quelques décennies à l'Humanité avant le chaos"

Vidéo ajoutée le 23 janvier 2019 sur la chaîne Collapso - durée 1:26:02

Nous commençons une nouvelle série de vidéos basées sur des interviews de personnalités diverses autour de l'effondrement et de la résilience. Cette semaine, j'ai eu l'honneur d'interroger Laurent TESTOT. Auteur notamment du livre "Cataclysmes", il nous raconte une histoire complète et globale des rapports entre Singe (nom donnée à l'Humanité) et le reste du vivant.

Nous avons également évoqué les livres suivants :

"Sapiens" de Harari

"Effondrement" de Diamond

"De l'inégalité parmi les sociétés" de Diamond

"Homo Canis" de Laurent Testot

Et l'article de Nicolas Casaux et Ana Minski "Non, l'humanité n'a pas toujours détruit l'environnement" https://reporterre.net/Non-l-humanite-n-a-pas-toujours-detruit-l-environnement

 

Voir le texte d’introduction de Cataclysmes. Une histoire environnementale de l’humanité, publié chez Payot en 2017, réédité et actualisé en poche en 2018.

Extrait :

(...) L’histoire est une matière malléable. À tout moment, elle aurait pu déboucher sur d’autres trajectoires. Il importe de bien le comprendre. Parce que le champ des possibles reste ouvert en matière environnementale. En 1048, si les digues du fleuve Jaune avaient été suffisamment consolidées pour résister à la crue dévastatrice qui allait emporter l’empire des Song (chapitre 7), le destin du Monde aurait peut-être été différent. En 2009, si le nouveau président des États-Unis Barack Obama avait choisi, comme l’a fait l’Islande, de faire porter la responsabilité et le dédommagement de la crise des subprimes sur les banques, nous vivrions peut-être un autre présent (9). Il ne s’agit pas de produire ici une histoire contrefactuelle (10), mais de rappeler que nous pouvons toujours influer sur notre futur. J’espère juste qu’exposer certains des éléments clés de notre longue vie commune avec Dame Nature nous permettra de réfléchir plus clairement à l’avenir que nous souhaitons. Puissions-nous faire les choix vitaux qui s’imposent.

(sur le site Histoire Globale)

 

 

 - - - - - - - - - - - - - - - > Sur le même thème 

 

Rodolphe De Koninck : « Comment et pourquoi les riches détruisent la planète et nous incitent à les imiter » & « L'agriculture mondialisée est un modèle absurde »

En effet, plus nous surexploitons notre poule aux oeufs d'or - qui est aussi notre oikos, notre domus - bref la Terre, plus celle-ci peine à se reproduire, à se reconstituer et plus nous avons besoin, donc, de remplacer ses mulptiples services par des services plus payants, payants du moins pour certains. Cela comprend le recours massif aux engrais industriels, ceux-ci permettant à qui de droit, i.e. aux multinationales, d'abord de la pétrochimie, puis de l'agriculture (Nestlé, Monsanto, Wal-Mart, etc) d'accumuler plus d'or... ! 

(voir l'article et les vidéos)

 

Effondrement vs Décroissance volontaire : décolonisons notre imaginaire

Donc pour résumer, 3 raisons de s’opposer à la croissance économique :

  • destructrice sur le plan écologique 
  • n’améliore plus le sort de la majeure partie d’entre nous
  • aliénante, nous empêche d’exercer notre liberté

(voir l'article et les vidéos)

 



20 réactions


  • Clocel Clocel 14 juin 2019 12:52

    Pas vu les vidéos, mais je mets sur l’oreille.

    L’Homme doute de tout, la seule chose dont il est absolument sûr, c’est qu’il va crever, il vit ça comme une injustice d’où la tentation d’emporter dans son trépas ce qu’il devrait avoir préservé pour sa descendance... Descendance qu’il conchie in fine...

    Ce qui vaut pour le mâle, vaut également pour sa femelle qui se comporte de la même manière partout où il lui est permis de le faire.

    L’homme s’est déspiritualisé, puis déraciné, plus de repères pépère, nous sommes dans ce que les tibétains appellent le Bardo, plus tout à fait vivants mais pas tout à fait morts.

    "Vagabond de l’entre-deux-mondes, je guette les oiseaux qui saccagent le ciel."

    Marc Alyn


    • Stupeur Stupeur 14 juin 2019 21:14

      @Clocel smiley
      Merci pour le commentaire.
      "Je vous dis que les rues regorgent d’êtres qui n’ont jamais vécu"


  • paul Muad Dib 14 juin 2019 19:14

    Salut, quelle question fermée a la con !!! réponse, oui 1 ? , non 1 ? plus con tu............


    • Stupeur Stupeur 14 juin 2019 21:04

      @paul Muad Dib
      Parfois des questions à la con peuvent servir à donner des réponses intelligentes... Comme des fausses questions permettent de faire des vraies réponses smiley


  • julien58 julien58 14 juin 2019 22:29

    Merci pour les vidéos ; je suis en train de regarder la première et en 21 minutes j’ai déjà appris des choses, comme le fait que l’homme de Cro-Magnon était plus grand que nous en moyenne ; et que la baisse de la taille aurait correspondu à la sélection des caractères infantiles à des fins de domestication.


  • crow 15 juin 2019 10:26

    Article pédagogique dont la lecture devrait être imposée aux référents des contes pour enfants, ces cultureux connaissant sur le bout des ongles les écrits affabulateurs inventés par les vainqueurs et qui, par les armes, nous imposent leurs rêves mortifères. Il serait temps que l’humanité reprenne son avenir en main plutôt que le laisser pourrir par quelques trous du cul consanguins et bas du front, ces fous ont assez fait de mal à leur propre écosystème, pause ! ... stop ! ... reset !

    Depuis l’outil transformé en atome nous avons connement et constamment basé notre modèle progressiste sur l’hypocrisie et le mensonge, sur le pillage et l’épuisement le tout, dans la souillure et la pollution, or, d’après le scientifique de la vidéo, la tendance s’inverse, ouf ! ... de rats génétiquement modifiés d’il y a 60 millions d’années, l’humanité prend crescendo conscience que son ultra-conformisme de chieur dans l’eau potable impacte de façon nauséeuse le seul abri cosmique que nous ayons, et je crois qu’il a vraiment les j’tons ! 

    Il n’est évidemment pas question de revenir à l’état de sauvages débiles à la Mad-Max, il s’agit de tenter pour le moins à associer intelligence et outils pouvant servir à équilibrer l’extensionnalité du vivant (y compris nous tant qu’à faire !), un SIM-City/Garden version réel nous attend peut-être ?


    • crow 15 juin 2019 15:39

      @crow
      Malgré deux ou trois glissières de sécurité, Laurent Testot est excellent.


  • JL 15 juin 2019 18:18

    ’’ la nature humaine est-elle de détruire la nature ? ’’

     

     Oui si le capitalisme est naturel à l’homme.


    • PumTchak PumTchak 17 juin 2019 10:11

      @JL

      il est plus facile de d’imaginer la fin de l’humanité que la fin du capitalisme
      Slavoj Zizek.

      Je remplacerais "capitalisme" par "productivisme" : l’ex URSS, comme la Chine sont des régimes communistes dans la même logique d’épuisement des ressources.

      Le régime politique "écolomique" n’a pas encore été inventé. l’autre voie, présentée en fin de conférence (très intéressante), par Laurent Teslot, des manipulations scientifiques du génome et du climat est bien présomptueuse. Reste la troisième voie, la plus évidente : la caste qui saura concentrer les ressources restantes et le "reste" du monde, à l’état de bétail s’il est docile ou à débarrasser s’il rechigne trop.


  • Fantômette contre Jean Robin Jean Robin contre Fantômette 16 juin 2019 16:23

    Les catastrophistes anti-humanistes se multiplient comme des petits pains, reflet d’une civilisation fatiguée. La nature humaine est de s’illusionner sur la réalité de son devenir, comme Adam au Paradis, est d’être finalement incapable de vivre au présent.


  • v.moyal 17 juin 2019 08:40

    L’humanité est le cancer de la planète...vivement sa disparition !


  • floyd 17 juin 2019 22:17

    L’auteur dans la vidéo dénonce la religion du néo-libéralisme, alors que lui même défend la religion écolo-catastrophisme. Ce qui ne vaut pas mieux. Les gens dans nos sociétés ne trouvent plus de raison à leur existence. Ils sentent que leur vie est éphémère et cela les consolent d’imaginer l’apocalypse. Quelle maigre consolation ! Une religion qui est basée sur la haine de l’être humain n’a pas de futur à long terme.

    En tout cas on dénonce le néo-libéralisme, mais cela n’empêche les gens de poster ses conférences sur youtube, qui est la propriété de google. Le capitalisme c’est le mal absolu, mais personne ne voit de contradiction à utiliser les outils offerts par les grands groupes multi-nationaux.


  • crab2011 18 juin 2019 09:28

    Bigarrure

    Michel Serres faisait observer que depuis la nuit des temps dans toute l’histoire de l’humanité le temps de paix comptait pour moins de 10 %, suite  :

    https://laicite-moderne.blogspot.com/2019/06/bigarrure.html


  • BA 18 juin 2019 15:57

    2050 : demain, le chaos.


    Préparez-vous au chaos.


    Deux milliards de personnes de plus sur la Terre en 2050, selon l’ONU.


    Le nombre d’habitants sur la Terre devrait passer de 7,7 milliards aujourd’hui à 9,7 milliards en 2050, et la population mondiale pourrait atteindre près de 11 milliards de personnes, selon un nouveau rapport des Nations Unies publié lundi.


    Le rapport 2019 de l’ONU sur les « Perspectives de la population dans le monde 2019 » a également confirmé que la population mondiale vieillissait en raison d’une espérance de vie croissante et de la baisse des taux de fécondité, et que le nombre de pays connaissant une réduction de la taille de la population augmentait.


    La moitié des 2 milliards de personnes supplémentaires prévues sur les 30 prochaines années viendra de neuf pays : l’Inde, le Nigéria, le Pakistan, la République démocratique du Congo, l’Éthiopie, la Tanzanie, l’Indonésie, l’Égypte et les États-Unis.


    Le rapport indique par ailleurs que l’Inde devrait dépasser la Chine en tant que pays le plus peuplé du monde aux alentours de 2027 et que la population d’Afrique subsaharienne devrait doubler d’ici 2050 (augmentation de 99%).


    https://news.un.org/fr/story/2019/06/1045681


  • maQiavel maQiavel 18 juin 2019 17:04

    J’ai toujours eu beaucoup de méfiance à l’égard des gens qui brandissent la nature humaine comme un argument pour expliquer une chose ou une autre car , lorsqu’on s’intéresse à l’anthropologie , on se rend compte que ces références à la nature humaine relèvent de croyances qui en disent plus sur l’état d’esprit de ceux qui les prononcent que sur notre nature d’homo-sapiens et il s’agit le plus souvent d’ états d’esprits mortifères et fatalistes qui ne sélectionnent que les comportements les plus négatifs qu’ils ont sous les yeux , qui se fondent sur des simplifications historiques et qui ignorent la grande diversité des communautés humaines.

    Concernant la question « La nature humaine est-elle de détruire » , voici une autre perspective : « Non, l’humanité n’a pas toujours détruit l’environnement  ». L’auteur de l’article explique entre autres que l’idéalisation du passé est un écueil à éviter mais qu’ il ne faut pas pour autant tomber dans l’excès inverse , que l’idée selon laquelle l’être humain a toujours été un destructeur est fausse , qu’un niveau de vie neutre, cela n’existe pas, ni pour les hominidés ni pour les laitues et qu’il est logique que notre espèce ait eu un impact énorme sur l’environnement et sur la faune mais que c’est une simplification que de mettre sur un même plan d’une part la destructivité de la civilisation industrielle et l’inexorable expansion de sa technosphère impulsée par le système économique capitaliste et d’autre part le mode de vie organisé autour de la cueillette , la pêche et la chasse , façonner des outils de pierre pour chasser et se vêtir ce n’a pas le même impact que d’extraire des quantités monstrueuses de pétrole pour se déplacer toujours plus et plus vite. Affirmer que l’espèce humaine a toujours été destructrice, c’est nier la complexité des relations qui existent entre les différentes communautés humaines et leur milieu , c’est nier la diversité des cultures qui ont jalonné la préhistoire et l’histoire de l’humanité , c’est ignorer les cultures humaines qui ont vécu et qui vivent encore hors de la civilisation industrielle.

     Il est par ailleurs faux d’affirmer que les chasseurs-cueilleurs auraient détruit la faune et la flore partout où ils seraient allés , beaucoup d’entre eux ayant au contraire enrichit leur milieu naturel. 50.000 ans après le premier peuplement humain de Bornéo, l’île était encore recouverte d’une forêt luxuriante. La destruction de la forêt de Bornéo a véritablement commencé au XXe siècle, avec l’exploitation induite par la civilisation industrielle. Ce n’est pas pour rien qu’aujourd’hui encore 80 % des zones les plus riches en biodiversité sont des territoires où vivent des peuples autochtones. Selon l’auteur , prétendre que l’homme a toujours détruit et exterminé son environnement est donc une mythification.


  • écologie réaliste Pierre Yves 19 juin 2019 16:48

    Lorsque leur technique permettait à nos pères d’aller jusqu’au bout des choses, ils l’ont fait sans retenue. Ils ont toujours considéré qu’ils étaient les meilleurs et les plus beaux, que même la nature devait subir leur loi.


    Ils ont commencé très fort, en exterminant les mammouths ;

    et les néandertaliens de surcroît.

    Puis les Romains ont anéanti des populations entières d’animaux sauvages d’Afrique et d’Orient, parce qu’il leur fallait du pain et du cirque (500 lions exterminés lors de l’inauguration du théâtre de Pompée à Rome).

    Puis, avec Buffalo Bill, ils ont exterminé les bisons ;

    et les Indiens de surcroît.

    Les anciens ont aussi quasi exterminé les loutres de mer, les phoques, les bébés phoques, les éléphants de mer, les éléphants de terre, les bêtes à fourrure 1… et les autres peuples et tribus aussi. On sait ce qui s’est passé après la découverte du Nouveau Monde, l’anéantissement de peuples et de cultures ; on est moins conscient que la guerre fut toujours "l’état de nature", même là où on ne s’y attendrait pas :


    « [les Tahitiens] sont presque toujours en guerre avec les habitants des îles voisines. […] La guerre se fait chez eux d’une manière cruelle. Suivant ce que nous a appris Aotourou, ils tuent les hommes et les enfants mâles pris dans les combats 2 ; ils leur lèvent la peau du menton avec la barbe, qu’ils portent comme un trophée de victoire ; ils conservent seulement les femmes et les filles, que les vainqueurs ne dédaignent pas d’admettre dans leur lit. » (Bougainville 3, l’un des premiers à visiter la Polynésie nouvellement découverte, à propos des Tahitiens)


    (On appréciera le style délicat et raffiné du XVIIIe siècle : « que les vainqueurs ne dédaignent pas d’admettre dans leur lit »… Qu’en termes galants ces choses-là sont dites… )


    Nos ancêtres n’ont pas vraiment fait preuve de sagesse, nulle part, pas seulement en Occident où ils avaient la prétendue excuse qu’en haut lieu, en très haut lieu, on leur avait donné carte blanche : ****

    « Soyez féconds et prolifiques, remplissez la terre et dominez-la, soumettez les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et toute bête qui remue sur la terre... » (Genèse 1:28).



    La réalité est que dans le bon vieux temps les hommes étaient insouciants de la nature, laissant leurs déchets à l’abandon, chassant sans retenue ; même en petit nombre ils pouvaient faire des dégâts considérables, par exemple exterminer la grande faune en certaines régions. (Voir par exemple : Sapiens, par Yuval Noah Harari - Albin Michel : "Les chasseurs-cueilleurs furent des "serial killers" écologique")

    Aujourd’hui les sensibilités ont évolué, plus attentives à l’environnement ; mais la foule des hommes est si dense maintenant que même si chacun est plus respectueux de la nature, l’impact global de cette multitude sur l’ensemble de la planète est bien plus considérable que tout ce que pouvaient faire nos ancêtres, irrespectueux mais si peu nombreux.


    Maintenant au contraire, on protège la vie sauvage, on ne va pas chasser les bisons ou les baleines on va les photographier, et de braves petits jeunes gens s’étaient mobilisés jour et nuit, prêts à se battre pour sauver, disaient-ils, le petit campagnol amphibie de Notre-Dame-des-Landes et son territoire. ****



    L’homme moderne est de plus en plus respectueux de la nature


    1 « Les aristocrates, les membres du haut clergé, les princes, les rois ou les riches marchands achètent de l’écureuil [le vair], de l’hermine, du renard, de la belette blanche, de la loutre, du castor, et font venir des forêt plus froides de l’Europe centrale des zibelines. Pour une houppelande, il faut jusqu’à 2 250 peaux d’écureuil ou 500 peaux de zibeline. Quand les princes ou les rois habillent leur "maison" [leurs familiers], ils peuvent acheter, à l’instar du roi de France, sur six mois en 1322... un million de peaux fines. » (Le Moyen Äge - Madeleine Michaud – Eyrolles)
    On peut saluer le chauffage central et les vêtements "polaires" en fibre polyester, qui permettent de se passer de fourrures.

    2 Mémoire de ces anciens temps, Teahupoo qui est aujourd’hui un haut lieu du surf mondial. Il n’est pas certain que les surfers sachent que Teahupoo signifie "mur de crâne"’ : les crânes des ennemis tués lors des batailles étaient utilisés pour construire des murs délimitant leur territoire.

    3 Qui a donné son nom au bougainvillier.


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