jeudi 8 février 2018 - par Donatien

"Là où les putains n’existent pas", le documentaire choc d’Ovidie

La tragédie d'Eva-Marree, privée de ses enfants pour prostitution puis tuée par leur père. Dans un réquisitoire convaincant, la réalisatrice Ovidie dénonce les abus de pouvoir commis par un État suédois prétendument protecteur.

Le 11 juillet 2013, Eva-Marree, alias Jasmine Petite, 27 ans, est tuée par le père de ses deux enfants de trente-deux coups de couteau, dans les bureaux des services sociaux suédois.

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Ce crime est l'aboutissement d'un cauchemar qui a commencé trois ans plus tôt, après que la jeune femme, ayant quitté son compagnon pour violences conjugales répétées, et ne sachant comment subvenir aux besoins de la famille, a confié à une proche avoir travaillé comme escort-girl. Sur simple dénonciation, Eva-Marree se voit retirer sa fille et son fils, alors âgés de 1 et 2 ans, sans discussion ni enquête préalables, les services sociaux en attribuant la garde exclusive à leur père, un homme dont ils avaient pourtant eux-mêmes diagnostiqué la violence.

Après l'échec de plusieurs recours en justice, la jeune femme devient l'un des porte-parole du syndicat suédois des travailleurs du sexe, dénonçant les lois en vigueur et les abus de pouvoir des services sociaux, qui privent les prostitué(e)s de leurs droits élémentaires en prétendant les protéger. Ayant finalement obtenu un droit de visite auprès de ses enfants, puis encore bataillé pour que les services sociaux obligent le père à s'y soumettre, elle est assassinée lors du premier rendez-vous fixé avec ce dernier et leur fils.

Aucune sanction n'est prise au sein du service concerné, même si la directrice en est discrètement mutée. Les parents d'Eva-Marree réclament toujours en vain le droit de voir leurs petits-enfants, dont ils ignorent jusqu'au lieu de placement, alors que le père meurtrier, bien que condamné à une longue peine d'incarcération, conserve son autorité parentale. Car, en Suède, dénoncent les interlocuteurs d'Ovidie (la mère d'Eva-Marree, Zenitha, son avocat, la responsable de son syndicat…), une "putain" ne saurait être une bonne mère.

Si, comme cette jeune femme courageuse, qui témoigne dans un entretien d'archives avec une retenue et un charisme remarquables, elle ose refuser le statut de victime et d'irresponsable qu'on lui assigne, elle devient aussi une ennemie de la société. En un réquisitoire convaincant contre un État "providence" dont aucun représentant n'a souhaité s'exprimer, la réalisatrice expose en détail l'hallucinant déni de justice qui a frappé Eva-Marree et ses enfants.

Nombre de pays membres de l'Union européenne, dont la France, rappelle-t-elle aussi, ont adopté la législation suédoise criminalisant les clients de prostitué(e)s, l'autre volet selon elle d'une vision puritaine et répressive qui fragilise les travailleurs du sexe tout en affirmant les aider.

source : Arte



5 réactions


  • cogite 9 février 2018 21:45

    oui le sexe est aussi un affrontement, le domestiquer s appelle un mariage, l amour etant une possibilte voir une illusion, belle a cultiver,
    bon la Suede ce sont des malades mentaux en la matiere il faut avant tout proteger les prostitues aussi financierement, notre modèle social est de proteger le revenu des travailleurs et travailleuses


    • V_Parlier V_Parlier 12 février 2018 18:18

      @cogite
      Quand je lis des trucs pareils je me demande dans quel pays je suis.


  • Croa Croa 9 février 2018 22:32

    Merde alors moi qui pensait qu’en suède il n’y avait pas de putes ! Ce pays sexuellement libéré n’a pas besoin de ça... Enfin c’est ce que tout le monde croit.


  • njama njama 12 février 2018 11:50

    Merci Donatien
    Excellent documentaire ...

    Eva-Marree a été tuée deux fois, une par son mari, la seconde par les se(r)vices sociaux suédois.

    Et dire que ce "modèle social" s’exporte à l’étranger, ça craint ! la réalité rejoint la science-fiction.

    Le puritanisme athée_laïque rejoint le puritanisme religieux et ne vaut pas mieux. 


    • njama njama 12 février 2018 15:39

      @Zatara
      non ce n’est pas dit, exprès peut-être (?) pour ne pas mettre en avant un élément qui pourrait réveiller peut-être un préjugé discriminatoire qui parasiterait simplement l’inventaire des faits (?)

      On parle d’un homme "très possessif", on en trouve dans toutes les cultures il me semble.

      En même temps le récit qui en est fait laisse penser qu’il n’avait pas prémédité de la tuer, il n’était pas venu armé, ce n’est que parce qu’il fut isolé dans une cuisine suite à une altercation violente avec son ex qu’il s’empara du couteau ...

      d’où peut-être une certaine "modération" dans le jugement du tribunal puisqu’il s’est pris 18 ans de prison, on aurait envie de dire, seulement !

      Quand à la garde de ses enfants, on a envie dire, d’ici à ce qu’il sorte de taule, ils seront majeurs et pas sûr qu’ils auraient envie de revoir le meurtrier de leur mère


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